Retailleau, Moscovici, Darmanin… Quels ministres dans le futur gouvernement de François Bayrou ?
Le nouveau Premier ministre poursuit ses consultations ce mercredi 18 décembre en vue de la formation de son gouvernement. François Bayrou rencontre à nouveau Emmanuel Macron cet après-midi. Il souhaite fournir une liste cette semaine, composée de « personnalités » de droite, de gauche et du centre.
Les échanges sont « très avancés » jure Marc Fresneau, patron des députés MoDem et proche de François Bayrou sur TF1, ce mercredi 18 décembre. Le nouveau Premier ministre espère former son équipe rapidement et donner une liste cette semaine. Quitte à compléter cette première salve plus tard. Un gouvernement « resserré », composé de « personnalités » qui ne dépasserait pas 25 ministres est évoqué. Loin des 41 ministres et secrétaires d’Etat du gouvernement de Michel Barnier.
Selon des informations de BFMTV, François Bayrou souhaiterait un équilibre par « tiers ». Avec un tiers issu de la droite, un tiers issu du centre et un tiers de la gauche. Objectif : composer un gouvernement qui ne soit pas censuré à l’Assemblée nationale et donner un budget à la France au premier trimestre de 2025. Emmanuel Macron va justement recevoir une nouvelle fois François Bayrou cet après-midi pour avancer dans cette voie.
Ceux qui pourraient rester
Plusieurs ministres démissionnaires pourraient rester. A commencer par Bruno Retailleau à l’Intérieur. Premier membre de l’exécutif à être reçu par François Bayrou vendredi 13 décembre, le soir même de sa nomination, l’ancien patron des sénateurs LR a de nouveau été accueilli à Matignon ce mercredi 18 décembre. En première ligne à Mayotte après le passage meurtrier du cyclone Chido, il est vilipendé par les forces de gauche pour avoir écrit sur X « qu’on ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire ».
Bruno Retailleau est une « ligne rouge » pour certains socialistes, écologistes et communistes, qui menacent de censurer le gouvernement de François Bayrou s’il reste place Beauvau. Invité de la matinale de BFMTV et RMC ce mercredi 18 décembre, le Vendéen indique « souhaiter rester au gouvernement », mais seulement « si on me donne les moyens ». Sur la question d’une nouvelle loi immigration, annoncée par le gouvernement Barnier pour 2025 – autre « ligne rouge » de la gauche – Bruno Retailleau déclare « ne pas être fétichiste » sur le sujet et pouvoir régler « le problème migratoire » autrement.
Crédits photo : Bruno Retailleau a été le Premier membre de l’exécutif à être reçu par François Bayrou vendredi. 13 décembre, le soir même de sa nomination, l’ancien patron des sénateurs LR a de nouveau été accueilli à Matignon ce mercredi 18 décembre.
Le nom de Rachida Dati est également évoqué pour rester ministre de la Culture. La maire du 7e arrondissement bénéficierait du soutien d’Emmanuel Macron. « Elle entretient aussi de bonnes relations avec François Bayrou, cela ne devrait pas poser de problème », assure un membre de l’entourage du Président de la République à l’Opinion.
Jean-Noël Barrot, vice-président du MoDem, parti fondé par François Bayrou, pourrait aussi être reconduit au Quai d’Orsay ou à un autre poste. Sébastien Lecornu tiendrait également la corde pour poursuivre son travail au ministère des armées. Pressenti pour Matignon il y a quelques jours, le maire de Pau avait fait de sa nomination un casus belli. Son ministère fait partie du « domaine réservé » du Président de la République, qui pourrait alors forcer la main au Premier ministre pour que son proche reste en poste.
Catherine Vautrin pourrait aussi être reconduite. Elle aussi est une proche d’Emmanuel Macron. Il avait envisagé de la nommer à Matignon pour remplacer Jean Castex en 2022. Mais le Président avait finalement choisi Élisabeth Borne après une levée de boucliers des élus du bloc central, fustigeant l’engagement de Catherine Vautrin contre le Mariage pour tous.
Crédits photo : Catherine Vautrin pourrait être reconduite. Emmanuel Macron avait envisagé de la nommer à Matignon pour remplacer Jean Castex en 2022.
Ceux qui pourraient entrer
D’autres noms sont évoqués pour rentrer au gouvernement. Notamment Gérald Darmanin, qui ferait campagne pour devenir ministre des Affaires étrangères. Poste qu’il convoitait déjà il y a quelques mois. « La seule chose qui aurait un sens, ce serait d’aller au Quai d’Orsay », avait-il confié, mi-septembre, au Parisien, alors que Michel Barnier composait son gouvernement.
Issu de la gauche, l’ancien ministre du Travail de François Hollande et ex-maire de Dijon, François Rebsamen a récemment échangé avec François Bayrou. Interrogé par Bien Public, il ne ferme pas la porte : « S’il y a une possibilité de participer à un effort pour notre pays qui en a besoin, je le ferai là où je pourrai être utile ». Cependant, il aurait des réserves sur la politique que le futur gouvernement choisirait en matière d’immigration.
Autre personnalité de gauche, le nom de Pierre Moscovici circule. Son mandat de premier président de la Cour des comptes se termine prochainement. L’ancien ministre de l’Economie et des Finances (2012 à 2014), a été reçu à Matignon le week-end dernier. « Le Premier ministre m’a demandé de venir, je suis venu », a-t-il sobrement commenté.
Crédits photo : Pierre Moscovici a été reçu à Matignon le week-end dernier.
Xavier Bertrand pourrait aussi faire son retour aux affaires. Le président du conseil régional des Hauts-de-France aurait échangé avec François Bayrou ces derniers jours et convoiterait un ministère social. Cependant, sa nomination aurait pour conséquence de créer des tensions avec le Rassemblement national. Le membre des Républicains s’est largement opposé au RN ces dernières années. Il y a quelques semaines, son nom circulait pour devenir Premier ministre. Marine Le Pen avait alors promis de censurer un gouvernement dirigé par Xavier Bertrand.
Les sénateurs passeront au vote sur le budget ce jeudi après-midi. Malgré plusieurs concessions faites par le gouvernement aux socialistes, le groupe PS au Sénat s’opposera au texte. « À un moment, il faut être responsable : (...) notre pays a besoin d'un budget », regrette le nouveau président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Paul Christophe. Invité ce jeudi de la matinale de Public Sénat, le député du Nord estime qu’« énormément d’avancées » ont déjà été apportées à la gauche sur le budget.
Ce mercredi, la commission des lois du Sénat a adopté la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic. Les élus ont également adopté la proposition de loi organique visant à créer le futur parquet national anticriminalité (Pnaco). Les deux textes seront examinés en séance publique à partir du 28 janvier.
Le Sénat a rejeté à la quasi-unanimité un amendement du gouvernement qui prévoyait près d’un milliard d’euros de réduction du budget du logement, principalement sur les crédits de MaPrimeRénov’ et des Aides personnalisées au logement (APL).
François Bayrou a laissé entendre mardi qu’il comptait scinder le projet de loi sur la fin de vie en deux volets : l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide légale à mourir. Invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi, le député RN Laurent Jacobelli ne voit pas cette proposition du Premier ministre d’un mauvais œil. « Le bon signal est que le Premier ministre a identifié qu'il y a un vrai problème sur les soins palliatifs », a-t-il souligné.
