Retour en classe : « Ce sera de l’accueil, pas de l’enseignement »
Après l’annonce d’Emmanuel Macron sur la « rouverture progressive » des classes à partir du 11 mai, Jean-Michel Blanquer a évoqué, ce matin, les modalités envisagées : petits groupes d’élèves, port de masques... Pas de quoi rassurer les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves.

Retour en classe : « Ce sera de l’accueil, pas de l’enseignement »

Après l’annonce d’Emmanuel Macron sur la « rouverture progressive » des classes à partir du 11 mai, Jean-Michel Blanquer a évoqué, ce matin, les modalités envisagées : petits groupes d’élèves, port de masques... Pas de quoi rassurer les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves.
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Depuis le début de l’épidémie, Jean-Michel Blanquer avait, à plusieurs reprises, indiqué la date du 4 mai comme « hypothèse » de rouverture des établissements scolaires, ce sera finalement le 11. Lundi soir, dans son allocution télévisée, le chef de l’État a annoncé la rouverture progressive à partir de cette date des « crèches, écoles, collèges et lycées. « Trop d'enfants, notamment dans les quartiers populaires, dans nos campagnes, sont privés d'école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents, c'est pourquoi nos enfants doivent pouvoir retrouver le chemin des classes » a-t-il justifié.

Cette annonce, plutôt vague, a suscité immédiatement de nombreuses interrogations voire des inquiétudes, d’autant qu’Emmanuel Macron a indiqué dans le même temps que le 11 mai, « les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées resteront en revanche fermés ».

Port de masques ? « C’est fort possible »

Dans quelles conditions sanitaires les établissements vont-ils pouvoir ouvrir de nouveau, alors qu’une deuxième vague d’épidémie de coronavirus ne peut être écartée ? Interrogé sur France 2, le ministre de l’Éducation nationale, a confirmé, qu’à ce stade, aucun plan n’était encore défini. « Est-ce que tous les élèves et les enseignants disposeront de masques ? « C’est fort possible. Mais ça fait partie des choses que l’on va définir les deux prochaines semaines en lien avec les autorités sanitaires » a répondu Jean-Michel Blanquer.

« Il ne pourra pas y avoir de grands groupes »

Le ministre a également précisé la parole présidentielle, affirmant que « l’école ne serait pas « obligatoire » le 11 mai puisqu’il s’agissait « d’un retour progressif ». « Il est hors de question d’avoir des classes bondées dans cette situation (…) il ne pourra pas y avoir de grands groupes » dans les classes, » a-t-il ajouté.

« Test sérologique pour les élèves et le personnel »

Alors que commencent dès ce mardi les consultations avec les syndicats d’enseignants, du côté du SNES-FSU, on pose déjà les conditions d’un retour en classe. « Ce qui nous semble incontournable, ce sont les garanties pour la sécurité et la santé des élèves et des personnels qui doivent subir un test sérologique avant la rouverture des établissements » demande Sophie Venetitay, secrétaire générale adjointe du syndicat. « Nous demandons également une réflexion sur les effectifs. Il faudra diminuer de moitié le nombre d’élèves dans les établissements. On sait à quoi ressemble une classe de 35 élèves. On sait à quoi ressemble un collège de 500 élèves ou un lycée de 1 500. Il faut dédoubler les classes et organiser une rotation par jour ou par semaine » préconise-t-elle.

En ce qui concerne les conditions sanitaires, le SNALC (Syndicat national des lycées et collèges) demande, lui, « un avis écrit du conseil scientifique » avant toute reprise des cours.

« Plan de rénovation des toilettes et du bâti »

« L’une des conditions du retour en classe sera le respect des gestes barrières. Mais il doit s’accompagner d’un plan de rénovation des toilettes et du bâti. On sait très bien que dans certains établissements scolaires, de la maternelle au lycée, l’hygiène est loin d’être irréprochable » s’alarme Rodrigo Arenas co-président de la FCPE (Fédérations des conseils de parents d’élèves).

« Quoiqu’on arrive à mettre en place, l’année scolaire est terminée »

« Le premier critère (de retour en classe), il est d'abord social ». « Il faut sauver les élèves qui pourraient partir à la dérive du fait du confinement » a justifié, ce matin, Jean-Michel Blanquer. « L’école publique est un service public. Faire venir des élèves par petits groupes, un jour sur deux ou sur trois, selon certains critères… C’est de l’accueil. Ce n’est pas de l’enseignement » estime le président du SNALC, Jean-Remi Girard avant d’ajouter : « Il ne faut pas se le cacher, la rouverture des classes est motivée par des raisons économiques. Mais à ce moment-là, il faut le dire : pour relancer l’économie, nous avons besoin d’élargir l’accueil des élèves au-delà des personnels soignants. Mais quoiqu’on arrive à mettre en place, l’année scolaire est terminée ».

« Le troisième trimestre sera celui de la reconstruction du lien avec les élèves »

Le 3 avril dernier, Jean-Michel Blanquer annonçait la prise en compte des notes du troisième trimestre dans le contrôle continu qui validera cette année le bac et le brevet. « L'assiduité des candidats, c'est un point sur lequel je veux insister tout particulièrement. Le fait de rester jusqu'au 4 juillet est une condition sine qua non pour obtenir le diplôme » prévenait-il. « Il faut arrêter de harceler les élèves et les parents. Certains ont connu un deuil. C’est irresponsable de mettre une telle pression » lui répond aujourd’hui Rodrigo Arenas. « Nous n’allons pas reprendre le programme tel que nous l’avons laissé en mars. Le troisième trimestre sera celui de la reconstruction du lien avec les élèves. Beaucoup devront rattraper le retard accumulé pendant le confinement. Il n’est vraiment pas souhaitable de noter le troisième trimestre » abonde Sophie Venetitay.

Dans un communiqué, l’UNSA éducation rappelle qu’il « faudra tenir compte des conséquences de la pandémie sur le moral des équipes, possiblement affectés par des décès de proches ou confrontés à des situations difficiles (…) Le moment de cette reprise ne pourra pas être comme un simple retour en classe après une période de vacances (…) Ce temps devra être alors mis à profit pour retrouver un lien éducatif, pour renouer avec les élèves qui se seront le plus éloignés de l’École pendant cette période, pour reprendre contact avec les apprentissages ».

 

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