Alors qu’il a accepté de revenir sur l’idée de l’âge pivot, censé garantir l’équilibre financier du système, Édouard Philippe a en outre envoyé une lettre aux partenaires sociaux pour « encadrer » leurs propositions. Et il a posé ses conditions : ni baisse des pensions, ni hausse du coût du travail.
« La lettre du 1er Ministre me laisse abasourdi » déclare Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière. « Il y a une incompréhension même de ce qu'est le syndicaliste, du rôle de la protection sociale. […] Les syndicats négocient rarement la baisse du coût du travail » ironise-t-il.
Yves Veyrier accuse également le gouvernement de ne pas mener sérieusement les négociations avec les partenaires sociaux, et d’accélérer le calendrier sur une réforme encore très floue.
« On venait de recevoir le texte du projet de loi dans la nuit. Jusqu'à maintenant nous n'avions que des grandes formules, sur un système plus simple, plus juste, etc. Nous demandions à ce qu'au moins il y ait une pause dans le processus d'adoption du projet de loi. On ne nous l'a pas accordée » déplore-t-il.
« Une erreur historique »
« Ce projet de régime unique par point est une erreur historique » poursuit-il. Et le secrétaire général de FO compte bien faire entendre sa voix lors de la conférence de financement, saluée par la CFDT, pour faire entendre son mécontentement.
« Quand je vois cet amateurisme des uns et des autres, plus que jamais, je vais y aller. [...] Nous ne sommes pas dupes. Nous nous opposerons à ce qu'on aille puiser dans les réserves des régimes de retraites existants. Le fonds de réserve des retraites n'a jamais été mis en place pour venir combler des choix de politiques budgétaires de l'État. »
Il affirme « ne pas comprendre » les syndicats réformistes, prêts à mener les travaux sur le remplacement de l’âge pivot. « Je leur rappelle, à la CFDT en particulier, le très mauvais film que nous avons vécu sur l'assurance chômage. »