Retraite à 60 ans : Marine Le Pen corrige sa copie
La candidate à la présidentielle du RN a présenté ce jeudi 17 février les contours d’un système progressif réservant la retraite à 60 ans aux personnes entrées dans la vie active entre 17 et 20 ans. Une proposition éloignée de ses précédents programmes à la présidentielle défendant une retraite à 60 ans pour tous.
Par Louis Dubar
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C’est un sujet sur lequel la candidate se sait attendue. La dernière fois que Marine Le Pen s’est exprimée sur cette thématique, la députée du Pas-de-Calais promettait de rétablir une retraite pour tous à taux plein à partir de 60 ans. Jugée irréaliste d’un point de vue budgétaire par de nombreux observateurs, cette mesure phare avait fait grincer les dents d’une partie de ses partisans et des membres du RN aux idées économiques d’inspiration libérale. La candidate d’extrême-droite rejette l’idée d’un possible rétropédalage et explique cette redéfinition de promesse comme une nécessité au vu de la situation budgétaire, «nous héritons de 600 milliards d’euros de dette», a expliqué la candidate du RN. Interrogé le 16 février sur les raisons de ce renoncement de cet indicateur fort dans la matinale de France Inter, le président par intérim du RN Jordan Bardella a défendu les choix faits par sa famille politique. «Ce n’est pas un revirement, nous sommes pragmatiques […] et prenons en compte la situation économique du pays », avait-il alors déclaré.
Un système progressif de départ à la retraite, «c’est simple et pourtant si révolutionnaire»
La candidate promet désormais l’instauration d’un système progressif de départ à la retraite «dès son élection.» Marine Le Pen envisage toujours une retraite à 60 ans avec 40 annuités mais plus pour tout le monde. L’âge légal de départ dépendrait de la date d’entrée dans la vie active. «Travailler plus tôt, c’est travailler plus dur et donc partir à la retraite plus tôt», a-t-elle expliqué. Les principaux bénéficiaires de ce système progressif seraient ceux qui ont commencé une carrière professionnelle entre 17 et 20 ans. Ces derniers bénéficieraient d’une retraite à taux plein à 60 ans s’ils ont cotisé quarante ans (160 trimestres). « Plus l’âge d’entrée dans l’emploi sera bas, plus le nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier du taux plein le sera aussi», a résumé la candidate. Pour les personnes entrées dans la vie active entre 20 et 24, la candidate envisage une retraite à taux plein entre 160 et 168 trimestres de cotisation. Selon la candidate, cette réforme permettrait de stimuler l’activité des jeunes en les encourageant «à privilégier l’activité, la création de valeur à la poursuite d’études ne leur garantissant pas toujours un emploi.» Pour les personnes entrant dans la vie active à partir de 25 ans, le projet prévoit qu’ils devront cotiser au minimum 42 annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein sans décote.
La candidate rappelle que cette proposition de réforme des retraites occupe une place «centrale» dans son projet présidentiel. Marine Le Pen propose également plusieurs mesures pour améliorer la vie des retraités en revalorisant le minimum vieillesse à 1000 euros par mois et en indexant les pensions sur l’inflation.
«Mes adversaires veulent encore limiter le droit à prendre une retraite digne pour financer leur mauvaise gestion»
Au coude-à-coude avec Valérie Pécresse, Marine Le Pen a critiqué l’incohérence du programme sur les retraites de la présidente de région, «ça a déjà changé trois fois». «Pour une ‘Mozart’de l’économie, j’ai du mal à comprendre la mélodie.» L’ancienne ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy fixe un départ à 65 ans. La candidate RN s’en est également prise à l’autre candidat d’extrême-droite, Éric Zemmour. L’ex-polémiste a récemment proposé un allongement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et a proposé lors de son meeting à Lille la possibilité d’accorder une prime annuelle sans taxe salariale ou patronale aux employés pour un montant supérieur à «trois mois de salaire net» par an. «C’est la pire des propositions, une philosophie de trader appliquée aux salariés du privé», selon Marine Le Pen. Pour la députée du Pas-de-Calais, ses deux adversaires partagent la même ambition: « Ils sont tous les deux favorables à un report de l’âge légal de la retraite ce qui signifie une augmentation du nombre d’annuité pour obtenir un taux plein, comment feront les salariés pour travailler à un âge avancé?».
Interrogée sur son âge de départ à la retraite dans le cadre de sa réforme, la candidate avoue ne pas s’être interrogée sur ce point.«J’ai commencé à travailler à 23 ans et quelques, ça veut dire que je partirai à la retraite à 65 ans», explique-t-elle.
Départ de Nicolas Bay, de mauvaises manières
Interrogée sur les propos de son ex-porte-parole de campagne Nicolas Bay, jugeant le Rassemblement National, «plus proche d’une secte que d’un parti mature», Marin Le Pen regrette de mauvaises manières, «ça en dit plus sur eux que sur nous.» La candidate rappelle que depuis qu’elle a pris la présidence de son parti en 2011, son rassemblement a enregistré de nombreux ralliements: Thierry Mariani, Jean-Philippe Tanguy, Alexandre Loubet, Jean-Paul Garraud… «Ils se sont tous bien tenus avec la formation qu’ils ont quittée ou le dirigeant avec lequel ils ont combattu politiquement, parce que ce sont des gens bien et que c’était une condition qui était posée pour leur ralliement.»
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.