En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Retraite, immigration, dette : les propositions de Michel Barnier lorsqu’il visait la présidentielle de 2022
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Sur le perron de Matignon, le nouveau chef du gouvernement a promis des « changements et des ruptures ». Il faudra attendre encore quelques jours, voire quelques semaines, pour que Michel Barnier détaille ses grandes priorités, dans le discours de politique générale au Parlement. Il pourrait aussi en toucher quelques mots ce soir, au 20 heures de TF1. La primaire de la droite de l’automne 2021, à laquelle il avait participé, donne déjà quelques aperçus des positions du successeur de Gabriel Attal. Son programme, décliné au cours d’un scrutin interne où le débat s’est fortement droitisé, n’augure pas nécessairement la feuille de retour du Premier ministre. Il donne néanmoins un tableau de ses convictions.
Un moratoire sur l’immigration
Dans les grands axes de son projet présidentiel, Michel Barnier a notamment mis l’accent sur l’immigration. Il insistait sur la nécessité de la « limiter » et de la « maîtriser », notamment en stoppant les « régularisations massives ». Son idée phare : la mise en place d’un moratoire de trois à cinq ans, un « préalable à la reprise en main de notre politique migratoire ». Michel Barnier souhaitait également ouvrir des négociations avec « nos partenaires européens sur nos frontières, qui sont de véritables passoires, pour remettre à plat tout ce qui ne fonctionne pas ». Il plaidait en parallèle pour diminuer de moitié le nombre d’étudiants d’étrangers et conditionner « le regroupement familial à l’apprentissage du français et à la garantie de ressources supplémentaires ».
Pour Michel Barnier, la mise en place d’un moratoire aurait été indissociable d’un référendum et d’un « bouclier constitutionnel », consistant à assurer la primauté du droit national sur le droit européen. À plusieurs reprises, il a tancé les instances judiciaires européennes. Cette proposition avait fortement désarçonné le camp présidentiel un septembre 2021, au regard du parcours pro-européen du candidat LR. Cette position lui avait permis d’élargir le nombre de ses soutiens parmi les parlementaires de sa famille.
Sur l’Europe, un discours nourri par le départ des Britanniques
Sur l’Union européenne justement, l’ancien négociateur du Brexit a tiré quelques enseignements de sa mission. Il recommandait de se pencher sur les raisons de la montée de l’euroscepticisme, en particulier la perte de « protection » mais aussi de l’industrie et des services publics. « C’est un sentiment populaire que je recommande d’écouter », avait-il insisté lors d’une audition au Sénat en février 2021, en dénonçant « une forme d’ultralibéralisme qui a consisté à déréguler ». L’ancien commissaire européen avait plaidé pour de nouvelles formes de coopération, sur la défense ou la santé.
Sa vision reposait aussi sur le principe d’une « une préférence européenne » sur les produits consommés, qui serait allée de pair avec une taxe carbone aux frontières de l’Union.
Une « maîtrise de la dette »
Le Premier ministre devra d’ailleurs rapidement prendre contact avec la Commission européenne, dans le cadre de la procédure pour déficit excessif (lire notre article). La France doit présenter sa feuille de route à Bruxelles le 20 septembre. Michel Barnier s’est affiché comme un partisan de l’orthodoxie budgétaire. Il y a trois ans, il s’était engagé sur une « stricte trajectoire d’économies » pour le budget de l’Etat et une « maîtrise de la dette ». En juin 2021, invité de la matinale de Public Sénat, il s’était d’ailleurs montré clair sur les voies et moyens d’y parvenir : « En France, on est trop taxé. Pour rembourser la dette, il ne faut pas augmenter les impôts, il faut bien gérer les finances publiques et faire repartir notre pays. » À l’époque, l’ancien commissaire européen faisait le pari d’une adaptation de « la règle de l’Union européenne des 3% de déficit ». Les règles ont, entretemps, été réformées.
En matière d’économie, Michel Barnier s’est montré très proche de ce qui est défendu par Emmanuel Macron et ses ministres. La « clé de la croissance », c’est le « retour du travail et de l’activité », martelait-il durant sa campagne. Il fallait, selon lui, « remettre le travail, le mérite au centre de notre société », « au détriment de l’assistanat », un marqueur de la droite. Comme l’ancienne majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, Michel Barnier recommandait d’abaisser les impôts de production, pour un montant de 10 milliards d’euros.
Allègements de cotisations pour les salaires intermédiaires
Sur le front des rémunérations, celui qui se présente comme un « gaulliste social » avait aussi pour projet d’abaisser les cotisations patronales sur les salaires intermédiaires (entre 1,6 et 2,5 Smic). En cas d’accession au pouvoir, il imaginait par ailleurs une conférence sociale pour que les partenaires sociaux répartissent cette diminution des cotisations entre l’emploi, l’investissement et l’augmentation des salaires.
Ce discours sur les allègements de charges en fait un autre point commun avec Gabriel Attal. Dans son discours de politique générale en début d’année, ce dernier avait mis avant en son chantier de « désmicardisation », pour répondre aux enjeux de pouvoir d’achat. Avant le passage de relais, Matignon disposait d’éléments pour mettre en œuvre une réforme des exonérations de cotisations en un système unique dégressif jusqu’à 3 Smic, souligne ce vendredi Les Échos. Michel Barnier comptait également supprimer les « charges pour les premiers emplois des jeunes pendant 3 ans ». De façon plus large, il se disait « beaucoup plus soucieux » du dialogue social qu’Emmanuel Macron.
Passage à la retraite à 65 ans
En matière de réduction de la dépense publique, Michel Barnier s’est proclamé adepte des « réformes courageuses », défendant en 2021 un report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. L’ancien candidat à la primaire de la droite faisait aussi de la lutte contre la fraude sociale l’un de ses mantras, en préconisant d’introduire des cartes biométriques, c’est l’un des chevaux de bataille de la majorité sénatoriale de droite et du centre. Quant à la réforme de l’État et des collectivités locales, il suggérait de lutter contre les « doublons administratifs ».
Contrairement à ses quatre concurrents de la primaire de la droite, Michel Barnier ne s’est engagé sur aucun chiffre de diminution du nombre de fonctionnaires. « Tous ceux qui ne s’engagent pas à supprimer des postes ne le feront pas. On ne peut pas être le parti de la démagogie », avait-il justifié lors du premier télévisé, le 8 novembre 2021.
« Tripler » le nombre de comparutions immédiates
Au chapitre de la sécurité, Michel Barnier s’est engagé dans un objectif plus ambitieux que celui fixé lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron : construire 20 000 places supplémentaires de prison, c’est plus que les 15 000 programmées d’ici 2027.
Il souhaitait également « tripler » le nombre de procédures en comparution immédiate. « C’est facile, sans moyens supplémentaires, en donnant la mission à un seul juge au lieu de trois, de prononcer un jugement en comparution immédiate », argumentait-il.
Relance du nucléaire et désintérêt pour l’éolien
Concernant l’énergie, autre dossier important dans un moment où la France doit se fixer une nouvelle programmation, Michel Barnier voulait « relancer » l’énergie nucléaire, tout en investissant dans les énergies renouvelables. Il privilégiait surtout le photovoltaïque, considérant qu’il ne fallait pas s’engager sur l’éolien, « s’il n’y a pas d’accord local ».
Sa position sur l’environnement pourrait se résumer à un grand principe : « On réduira la pollution agricole avec les agriculteurs, pas contre eux. On décarbonera l’économie avec les entreprises, pas contre elles. » Lors de la primaire, il s’était déclaré favorable à un « grand plan national d’isolation des logements ».
Reste le sujet de l’école, dont il assuré hier à Gabriel Attal qu’elle resterait « la priorité » de son équipe. En 2021, Michel Barnier souhaitait en faire « la grande cause nationale du prochain quinquennat », en concentrant les efforts sur la maîtrise des savoirs fondamentaux au primaire.
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