La sénatrice LR du Morbihan, Muriel Jourda a été élue candidate à la présidence de la commission de lois suite à un vote interne au groupe. Grande favorite pour succéder à François-Noël Buffet, Muriel Jourda incarne une ligne dure sur l’immigration et était opposée à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. De quoi faire douter les élus centristes et de gauche de sa capacité à susciter le consensus au sein de la commission.
Retraite : les avertissements des acteurs des précédentes réformes
Par Public Sénat
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Tout remettre à plat ? Le gouvernement, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, se lance dans une réforme « systémique » du régime des retraites. Un pari risqué, comme l’ont souligné les 3 invités de la table ronde réunie, ce jeudi matin au Sénat, dans le cadre du colloque « Réforme des retraites : équité, équilibre, simplification. » Marisol Touraine, ex-ministre des Affaires sociales et de la Santé, est revenue sur la réforme de 2013, tandis que Raymond Soubie, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a évoqué celle de 2010. Enfin, l’ancien leader de la CGT, Bernard Thibault, a pu apporter son avis sur les dernières lois.
Marisol Touraine : « On ne peut pas considérer qu’une réforme des retraites, c’est uniquement un enjeu financier »
Elle n’a pas « d’opposition de principe » sur l’idée d’une réforme des retraites, mais l’ancienne ministre des Affaires sociales et de la Santé de François Hollande a glissé un certain nombre d’avertissements en direction de l’actuel gouvernement. Celle qui avait mené une réforme en 2013 sur les retraites a notamment conseillé de ne pas présenter le futur texte « comme une réforme rendue nécessaire pour des raisons financières », indiquant que les régimes étaient « globalement à l’équilibre ».
Marisol Touraine a entendu l’argument de simplification proposé par le gouvernement, tout en émettant quelques réserves. « Je crois que sur le principe, il n’est pas écrit que l’uniformité, c’est mieux en soi », a-t-elle affirmé. « Il se trouve que les Français ont le sentiment de ne pas s’y retrouver, que ce n’est pas clair, qu’on leur cache des choses. Vu sous cet angle-là, le principe d’une réforme peut être intéressant », selon elle. « Tout va être dans la manière de définir les conditions de la réforme ».
Raymond Soubie : « Il n’y a pas de sujet plus conflictuel et plus périlleux »
De son côté, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qui a piloté la réforme de 2010, a aussi tenu à mettre en garde l’exécutif. « C’est un travail colossal. Je ne m’y serai jamais affronté car je ne suis pas de taille » a-t-il souligné. « Une réforme de ce type demande beaucoup de temps au temps. Elle doit se déployer dans des temps très longs, avec des étapes assez longues » martèle-t-il. « Dans les sondages, on voir que la majorité des personnes de moins de 30 ans est contre les réformes. Dire que les jeunes sont embarqués parce que cela leur sera favorable, je n’en suis pas convaincu. »
« Il n’y a pas de sujet plus conflictuel et plus périlleux » a poursuivi Raymond Soubie qui précise qu’on ne peut pas tout abolir « d’un trait de plume ». Il plaide notamment pour le maintien de régimes spéciaux. « Il faut que le régime ne soit pas totalement uniforme, qu’il y ait des particularités qui subsistent, des régimes spéciaux qui subsistent parce que s’attaquer aux régimes spéciaux, au nom de l’uniformité, c’est s’attaquer à l’identité des salariés. »
Bernard Thibault : « Ca ne peut pas être accompagné d’une posture autoritaire »
Pour l’ancien leader de la CGT, il faut prendre conscience de l’ampleur du projet. « La grosse différence avec tout ce qu’il s’est fait jusqu’à présent (…) c’est que l’on pose la question du système » explique-t-il. « C’est la première fois depuis 1945 qu’on pose publiquement un débat sur le changement de système de retraite en France. Il faut faire attention à ne pas considérer qu’il s’agit d’une énième réforme dans le droit fil des précédentes. »
« Ca ne peut pas être accompagné d’une posture autoritaire ou qui laisserait entendre que les choses sont déjà arrêtées » affirme-t-il. « Il s’agit des cotisations sociales et de leur utilisation. Il est donc légitime que les ‘propriétaires des cotisations’ aient leur mot à dire. »