Emmanuel Macron fait les frais de la réforme des retraites. La cote de popularité du chef de l’Etat, qui était encore à 36 % d’opinions favorables en février, s’est effondrée de 6 points ce mois-ci, d’après le baromètre politique d’Odoxa, réalisé pour Public Sénat et la presse quotidienne régionale. Selon cette enquête réalisée les 22 et 23 mars, c’est-à-dire après le recours au 49.3 sur le projet de loi et après son interview à la télévision, les Français sont désormais 70 % à dire qu’Emmanuel Macron est un mauvais président de la République, soit 11 points de plus depuis que la réforme a été lancée en décembre. C’est son plus bas niveau depuis la fin du grand débat national qui avait suivi le mouvement des Gilets Jaunes au printemps 2019.
Son intervention télévisée a manifestement accentué le fossé entre lui et les sympathisants de gauche. Il recueille désormais 64 % de jugements négatifs parmi les personnes proches du Parti socialiste (+14 points), 72 % auprès des écologistes (+12 points) et 90 % auprès des Insoumis (+6 points). Sa popularité recule également de trois points auprès des sympathisants Renaissance, à 89 %. Il progresse en revanche de 12 points auprès des sympathisants LR, pour atteindre 51 % de jugements positifs.
Edouard Philippe, numéro 1 du palmarès de l’adhésion, talonné par Marine Le Pen
La cote de popularité de sa Première ministre Élisabeth Borne diminue également, mais dans des proportions moins importantes. Avec un recul d’un point en mars, son niveau atteint un nouveau plus bas à 28 % d’opinions favorables. Aucun chef de gouvernement sous Emmanuel Macron n’était tombé aussi bas. Dans l’histoire du baromètre Odoxa, il faut remonter à juin 2016, à l’époque de la contestation contre la loi Travail. Le Premier ministre socialiste Manuel Valls était tombé à 24 % à cette période.
La popularité des ministres les plus médiatiques recule également, notamment Bruno Le Maire (21 % d’opinions favorables, -7 points), Olivier Véran (20 %, -5 points) et Gérald Darmanin (19 %, -5 points). Le ministre du Travail Olivier Dussopt, très exposé durant cette séquence, recueille seulement 9 % d’opinions favorables (-1 point). Relativement discret depuis cet hiver, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe n’échappe au mouvement. Sa popularité recule de sept points, à 34 %. Il reste en tête du palmarès des 24 personnalités politiques testées par Odoxa, mais Marine Le Pen se rapproche sensiblement de la première place avec 32 % d’adhésion (-3 points). A droite, Éric Ciotti est également sanctionné, avec un recul de 3 points : sa cote tombe à 10 %. Parmi les personnalités de gauche, peu de gains notables. Jean-Luc Mélenchon se stabilise à 22 % d’adhésion.
71 % des Français espèrent un référendum pour annuler le report de l’âge légal à la retraite
Quelle sortie pour cette crise politique ? L’institut Odoxa a interrogé les Français. Ils sont 61 % à souhaiter la dissolution de l’Assemblée nationale pour provoquer de nouvelles élections législatives (38 % ne le souhaitent pas et 1 % ne se prononce pas).
Autre enseignement du baromètre : les Français soutiennent massivement le projet de référendum d’initiative partagée, lancé par les parlementaires de gauche pour revenir sur le report de l’âge légal de départ à la retraite au-delà de 62 ans. Le Conseil constitutionnel est actuellement en train d’étudier si cette demande est recevable au non. Ainsi, parmi les personnes interrogées, 71 % espèrent que ce référendum aura lieu et 75 % se disent même prêtes à y participer.
Pour rappel, pour que le référendum puisse se tenir, si la proposition de loi est validée par les Sages, il devra recueillir les signatures d’un dixième des électeurs, soit 4,87 millions de signatures, dans un délai de neuf mois. Si le référendum est organisé en bout de course, 67 % des personnes interrogées par Odoxa envisagent de voter pour l’annulation du report de l’âge légal. Le projet de référendum est soutenu massivement chez les partisans de gauche comme du Rassemblement national. Il est en revanche plus faible chez les sympathisants LR (54 %) et minoritaire chez les soutiens de Renaissance (30 %).
Méthodologie : l’enquête a été réalisée le 22 et 23 mars 2023, sur Internet, auprès d’un échantillon de 1 004 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé. Par exemple, dans un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage observé est de 20 %, la marge d’erreur est égale à 2,5 points : le pourcentage réel est donc compris entre 17,5 % et 22,5 %.