Retraites : accélérer la fin des régimes spéciaux « mettrait beaucoup d’huile sur le feu », alerte François Patriat

Retraites : accélérer la fin des régimes spéciaux « mettrait beaucoup d’huile sur le feu », alerte François Patriat

Invité jeudi de la matinale de Public Sénat, François Patriat, le chef de file des macronistes au Palais du Luxembourg, a adressé un avertissement aux LR, qui souhaitent durcir la copie du gouvernement sur la fin des régimes spéciaux. Pour le sénateur de la Côte-d’Or cette proposition, qui risque de crisper encore un peu plus l’opinion autour de la réforme des retraites, sera retoquée.
Romain David

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La droite sénatoriale est déterminée à liquider les régimes spéciaux. Alors que l’examen en séance publique de la réforme des retraites débute ce jeudi 2 mars au Sénat, les élus LR veulent aller plus vite que le gouvernement sur la convergence vers un régime général, notamment en faisant sauter la clause dite « du grand-père », qui permet aux salariés entrés sous un certain régime de continuer à en bénéficier jusqu’à la fin de leur carrière, même si celui-ci a été aboli en court de temps pour les nouveaux entrants. Si le gouvernement a accordé de nombreuses concessions à la droite dans l’espoir de dégager une majorité sur ce texte, notamment sur les carrières longues et la revalorisation des petites pensions, l’exécutif se montre, pour l’heure, peu enclin à aller aussi loin. « Je ne souscris pas à cette accélération et je ne pense pas que nous la voterons. Il y a un moment où il faut que la parole d’Etat soit respectée », a indiqué François Patriat, le président du groupe RDPI, qui rassemble les soutiens d’Emmanuel Macron au sein de la Chambre Haute, dans la matinale de Public Sénat.

« Nous l’avons fait pour la SNCF, où nous avons changé le système pour les nouveaux entrants. […] Mais pour ceux qui ont déjà signé pour pouvoir partir plus tôt à la retraite, revenir sur cette parole me semble mettre beaucoup d’huile sur le feu aujourd’hui », explique le sénateur de la Côte-d’Or. « Je veux bien être plus blanc que blanc mais malgré tout, ce gouvernement est le premier qui va mettre fin aux régimes spéciaux, et ceux qui n’ont pas su le faire quand ils étaient au pouvoir voudraient qu’on aille plus loin aujourd’hui ? », tacle-t-il.

« Changer la donne en cours de route n’est pas possible »

Conscient du rejet suscité par la réforme des retraites dans l’opinion publique, François Patriat redoute qu’une fin précipitée des régimes spéciaux ne vienne crisper un peu plus les opposants au texte. Un argument qu’avait également invoqué sur notre antenne, mercredi, Hervé Marseille, le chef de file des centristes du Sénat, marquant ainsi sa différence avec ses alliés LR. « J’entends la colère populaire importante, les manifestations du 7, le risque de blocage du pays… Gardons l’esprit de responsabilité, d’équilibre et de justice qu’il y a dans cette loi », poursuit François Patriat. Et de répéter : « Pour moi, c’est une question de principe. Quelqu’un rentre sous certaines conditions [dans un métier], changer la donne en cours de route n’est pas possible. »

« Que les LR veuillent s’approprier la réforme ne me gêne pas »

« Le texte qui sortira ne sera pas celui du gouvernement, mais celui du Sénat », a prévenu Gérard Larcher, le président LR du Sénat, dans un entretien au Figaro publié mercredi soir. L’opposition de gauche, de son côté, redoute que la majorité sénatoriale de droite et du centre, en particulier les LR, déborde l’exécutif en durcissant plusieurs dispositions au fil des débats. « Il est normal aujourd’hui que le Sénat veuille s’approprier une loi qu’il a portée, c’est la raison pour laquelle, in fine, les LR seront amenés à la voter », estime François Patriat, rappelant que les LR, depuis plusieurs années, profitent des discussions budgétaires de fin d’année pour proposer un report de l’âge légal de départ à la retraite. La réforme paramétrique du gouvernement rejoint la proposition des Républicains, qu’ils veuillent se l’approprier ne me gêne pas… ce que je souhaite, au bout du compte, pour la majorité et le pays, c’est qu’elle soit votée. »

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