Retraites : Aurélien Pradié (LR) « prêt à essuyer le mépris et la condescendance » de sa famille politique en s’opposant à la réforme
Invité de notre matinale, Aurélien Pradié a réaffirmé son opposition à la réforme des retraites du gouvernement en l’état. Sans mesure pour éviter que ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans ne cotisent plus longtemps que les autres, le député du Lot restera donc opposé au reste des LR, quitte à assumer un désaccord avec sa famille politique.

Retraites : Aurélien Pradié (LR) « prêt à essuyer le mépris et la condescendance » de sa famille politique en s’opposant à la réforme

Invité de notre matinale, Aurélien Pradié a réaffirmé son opposition à la réforme des retraites du gouvernement en l’état. Sans mesure pour éviter que ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans ne cotisent plus longtemps que les autres, le député du Lot restera donc opposé au reste des LR, quitte à assumer un désaccord avec sa famille politique.
Louis Mollier-Sabet

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Alors que l’examen du projet de loi de réforme des retraites a débuté ce lundi, la position du groupe LR sur le texte n’est pas encore arrêtée, d’après Aurélien Pradié. Sur la division du groupe Les Républicains entre ceux qui considèrent que le texte doit encore être amélioré et ceux qui l’acceptent en l’état, le député du Lot estime en effet que « l’on n’est pas loin de ce qui relève de la moitié des uns et des autres. »

Pour sa part, en tout cas, il estime avoir une « position qui n’a pas varié » et anticipe « qu’il va essuyer pendant plusieurs semaines le mépris et la condescendance de ceux qui mettent la pression pour que nous cédions au gouvernement parce que l’on a obtenu suffisamment de choses. »

« Je ne résiste pas pour le plaisir de faire le malin »

Aurélien Pradié assure ne pas penser à Éric Ciotti, qui a négocié un compromis avec Élisabeth Borne qui ne satisfait pas le député du Lot : « La ligne rouge que j’ai posée il y a quelques semaines. C’est que ceux qui ont commencé à 21 ans ne peuvent pas être pénalisés. Élisabeth Borne propose d'étendre un dispositif très spécifique des carrières longues, or il faut avoir cotisé 5 trimestres avant 21 ans. Aujourd’hui, la moitié des Français qui ont commencé à travailler avant 21 ans ne sont pas éligibles au dispositif, c’est très sélectif. Ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans cotiseront 44 annuités, alors que ceux qui commencent à 30 ans cotiseront 43 annuités. » Le député du Lot explique que c’est la raison pour laquelle il « résiste encore », « pas pour le plaisir de faire le malin. »

Aurélien Pradié s’était opposé au report de l’âge légal pendant la campagne interne à LR, privilégiant l’allongement de la durée de cotisation, et estime n’avoir, depuis, cessé de « chercher des compromis. » Pour autant, « qui peut aujourd’hui dire aux Français que l’on va chercher de l’argent pour le système de retraite en tapant sur ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans, 17 ans, 18 ans. Qui peut assumer ça ? », assène le vice-président exécutif de LR, refusant de « taper » sur ceux qui ont commencé à travailler tôt. « Je refuse que ceux ont commencé à travailler à moins de 21 ans soient les dindons de la farce », martèle-t-il

Report de l’âge légal : « J’ai toujours été mal à l’aise avec cette mesure »

Mais alors, comment composer avec le reste des Républicains, qui vote par exemple tous les ans depuis quatre ans le report de l’âge légal à 64 ans au Sénat ? « Une réforme est toujours améliorable, mais aujourd’hui, je ne sais pas si certains visent l’amélioration ou la démolition. Soit on est pour, soit on est contre ! », a lâché Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, et finaliste face à Éric Ciotti de l’élection du président du parti en décembre dernier, à publicsenat.fr.

« Je suis convaincu que nous devons tenir bon sur cette position-là, après je ne claque pas de porte. Seulement j’ai des convictions, j’essaie de les défendre. […] Je ne suis pas sénateur et si je l’avais été, je n’aurais pas voté cette mesure. Voilà deux élections présidentielles que nous échouons durement. Quel est le responsable politique qui se dit : nous allons continuer de la même manière ? J’ai toujours été mal à l’aise avec cette mesure. Si la droite veut se reconstruire, il faut qu’elle apprenne de ses erreurs », répond Aurélien Pradié.

« Élisabeth Borne n’est pas ma pote »

Face aux procès en indiscipline, le député du Lot récuse : « Vous avez le souvenir que Charles Pasqua, Philippe Seguin, étaient extrêmement disciplinés au RPR ? Je ne suis pas un pot que l’on pose sur une table. Chacun doit comprendre que même dans une famille politique, on peut avoir des convictions et ça se respecte. Le fait de ne pas être d’accord, ce n’est pas dramatique. » Jusqu’à pousser le désaccord un peu loin, notamment avec Bruno Retailleau : « On peut être courageux en étant juste avec nos concitoyens. Je dis à Bruno Retailleau comme à mes autres amis, le courage politique ce n’est pas de vouloir faire du mal aux Français, c’est de les respecter. »

Aurélien Pradié voit aussi dans ces « divergences » le signe d’un « débat politique » : « Est-ce que les Français nous feront confiance si l’on ressemble à Emmanuel Macron ? Je ne le pense pas. Ils nous feront confiance si on reparle au peuple, et c’est celui qui est le plus pénalisé par la réforme en l’état. » D’après lui, LR doit signifier sa différence avec la majorité présidentielle sur le sujet : « Élisabeth Borne n’est pas ma complice, elle n’est pas ma pote, ce n’est pas elle à qui je veux faire plaisir. Je veux défendre nos concitoyens, pas le gouvernement. Mes amis politiques peuvent comprendre que l’on doit passer plus d’énergie à défendre les Français que le gouvernement. »

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