Retraites : Aurélien Pradié rappelé à l’ordre par Éric Ciotti et les sénateurs LR

Retraites : Aurélien Pradié rappelé à l’ordre par Éric Ciotti et les sénateurs LR

Depuis des jours, Aurélien Pradié ne cesse de clamer son opposition à la réforme des retraites quitte à égratigner son propre camp. Présent au Sénat ce mardi, Éric Ciotti a dénoncé « toutes les attitudes contraires à l’unité ». 
Simon Barbarit

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« Je n’ai pas envie de parler d’Aurélien Pradié, ça va me couper l’appétit », lâche une sénatrice à la sortie de la réunion de groupe, ce mardi. Il faut dire que les dernières déclarations du député du Lot ce matin dans la matinale de Public Sénat ne sont pas passées inaperçues du côté du Palais du Luxembourg où la droite est majoritaire.

Le numéro 2 du parti qui refuse tout compromis avec le gouvernement sur la réforme des retraites tant que son amendement visant à permettre aux personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans de partir à la retraite à 63 ans, ne sera pas adopté. Une position à contrecourant de celle de la droite sénatoriale qui depuis des années vote en faveur d’un report de l’âge légal à 64 ans et qui a obtenu dimanche quelques concessions de la part de la Première ministre (voir notre article) avant le débat parlementaire. « Je ne sais pas si certains visent l’amélioration ou la démolition. Soit on est pour, soit on est contre ! », avait tancé Bruno Retailleau, le patron de la droite sénatoriale, lundi sur Public Sénat.

« La réforme est difficile, mais c’est la réforme qui nécessite du courage »

« Je dis à Bruno Retailleau comme à mes autres amis, le courage politique ce n’est pas de vouloir faire du mal aux Français, c’est de les respecter », lui a répondu Aurélien Pradié, ce matin avant de se dire prêt « à essuyer le mépris et la condescendance » de sa famille politique.

Quelques heures plus tard, le président du parti, Éric Ciotti, qui était présent à la réunion de groupe LR du Sénat, a sifflé la fin de la partie. « Je dénonce toutes les attitudes qui sont contraires à l’unité et au rassemblement de notre famille politique. Nous sommes dans un moment difficile pour les Français et cela nécessite de mesurer à chaque fois ses prises de parole. La réforme est difficile, mais c’est la réforme qui nécessite du courage ».

« Ce qui fait mal aux Français, c’est la démagogie »

Bruno Retailleau qui n’a pas souhaité réagir à notre micro, ne s’en est pas privé sur Twitter. « Ce qui fait mal aux Français, c’est la démagogie de ceux qui leur ont fait croire qu’on pouvait gagner plus en travaillant moins. Ce sont toujours les plus fragiles qui paient la note. La fuite en avant n’est pas du courage, c’est du suicide. Je n’y participerai pas », a-t-il rétorqué.

« La réforme oui, la chienlit interne non », a complété le sénateur Stéphane Le Rudulier, ancien porte-parole de Bruno Retailleau lors de la campagne pour la présidence du parti.

Ce n’est pas la première fois que les deux anciens candidats à la tête de LR s’écharpent en public. En octobre dernier, le camp du sénateur avait demandé la mise en retrait d’Aurélien Pradié de son poste de secrétaire général du parti après que ce dernier avait qualifié de « n’importe quoi » les propositions de Bruno Retailleau sur l’immigration.

« Une nouvelle direction est en place, il doit y avoir de la cohésion entre les dirigeants du parti », regrette Marc-Philippe Daubresse qui assure qu’au Sénat « il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre Bruno Retailleau et les sénateurs LR ».

Les députés sont plus partagés sur la position à tenir vis-à-vis du gouvernement. Sur Public Sénat, Aurélien Pradié a même estimé la division du groupe Les Républicains à l’Assemblée, entre ceux qui considèrent que le texte doit encore être amélioré, et ceux qui l’acceptent en l’état, à « la moitié des uns et des autres. ».

« Il ne peut pas être contre le gouvernement et contre sa famille »

« Il parle de qui ? De son groupe de 3 », ironise une sénatrice. « Ils sont 12 sur 62, ce n’est pas vraiment la moitié » corrige le sénateur LR de l’Oise Jérôme Bascher, proche de Xavier Bertrand. S’il ne cache pas ses critiques au projet du gouvernement, le secrétaire de la commission des finances ne peut pas non plus cautionner l’attitude d’Aurélien Pradié. « Il ne peut pas être contre le gouvernement et contre sa famille. Je suis d’accord sur le fait qu’il faut aller vers plus de justice sociale dans cette réforme mais ce n’est pas son amendement à 10 milliards qui va régler le problème. Je comprends la volonté d’Aurélien Pradié d’exister dans ce débat car on sait que les députés n’auront probablement pas le temps d’examiner le texte en entier. Mais on ne peut pas être plus populiste que les populistes ».

 

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