Retraites: Berger, Martinez, Veyrier et Hommeril, les visages de la mobilisation

Retraites: Berger, Martinez, Veyrier et Hommeril, les visages de la mobilisation

Ils sont au centre du conflit sur la réforme des retraites, mais jouent chacun une partition différente. Portraits des dirigeants des quatre...
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Par Bertille OSSEY-WOISARD

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Ils sont au centre du conflit sur la réforme des retraites, mais jouent chacun une partition différente. Portraits des dirigeants des quatre premières confédérations syndicales, reçus ce mercredi à Matignon.

Berger, le soutien critique

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT depuis 2012, soutient cette réforme, visant à instaurer un régime universel par points en lieu et place des 42 existants.

"C'est une façon de lutter contre les inégalités insupportables qui minent notre système de retraite, profondément injuste", répète ce quinqua (51 ans depuis le 27 octobre) natif de Guérande (Loire-Atlantique). En particulier pour les femmes, les carrières hachées ou les polypensionnés. Préférant de loin la négociation à la mobilisation, ce grand timide qui se revendique "réformiste" peut aussi descendre dans la rue quand il a "les nerfs". C'est ce qu'il a fait mardi pour réclamer l'abandon de l'âge pivot. Et il n'hésitera pas à le refaire en janvier.

Mais la partie est loin d'être gagnée pour le premier syndicat français depuis fin 2018: contrairement au précédent quinquennat, M. Berger n'a plus l'oreille du président, Emmanuel Macron préférant voir les syndicats "à la bonne place": dans l'entreprise. Sa proposition d'augmenter les cotisations pour équilibrer le système a ainsi été rapidement balayée par des membres du gouvernement.

Martinez, le premier opposant

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites le 10 décembre 2019 à Paris
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites le 10 décembre 2019 à Paris
AFP

Fermement opposé à la réforme voulue par le gouvernement, le secrétaire général de la CGT estime que "tout le monde y perdra, public comme privé".

Dirigeant depuis 2015 le désormais deuxième syndicat français, Philippe Martinez se dit "réformiste contestataire".

Ce quasi sexagénaire a sorti son arme favorite pour réclamer le retrait du projet: les appels interprofessionnels à grèves et manifestations. Comme en 2016 et 2017 contre les lois travail, ou en 2018 contre la réforme du statut de la SNCF, où ils ont montré leur limite.

Né à Suresnes (Hauts-de-Seine), premier dirigeant cégétiste à ne pas avoir de carte au Parti communiste, il a une hantise: que la CGT soit réduite au rôle de la confédération qui dit "toujours non". "La CGT fait des propositions", martèle ce technicien chez Renault Boulogne-Billancourt, qui n'hésite pourtant pas à pratiquer la "chaise vide" et milite pour une semaine de 32 heures et un Smic à 1.800 euros brut.

Et pour les retraites? "Améliorer le système actuel, le meilleur au monde" avec une retraite à 60 ans et la prise en compte des 10 meilleures années.

Veyrier, le nouvel intransigeant

Le secrétaire général de Force ouvrière Yves Veyrier (G) à Matignon, le 25 novembre 2019 à Paris
Le secrétaire général de Force ouvrière Yves Veyrier (G) à Matignon, le 25 novembre 2019 à Paris
AFP/Archives

Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, réclame le maintien des 42 régimes et refuse tout recul de l'âge de départ. "Il faut que le président mette sa très mauvaise idée de côté, on a un système qui fonctionne", insiste ce fin connaisseur des dossiers sociaux.

Elu en novembre 2018 à la tête du troisième syndicat en pleine tourmente après la révélation d'un fichier controversé tenu par l'ex-numéro un, Pascal Pavageau, Yves Veyrier était plutôt discret depuis un an, occupé à ressouder les troupes traumatisées par le scandale.

La réforme des retraites est l'occasion pour cet ingénieur qui a fait presque tout sa carrière au sein de la confédération de faire taire ses détracteurs qui le qualifiaient il y a un an en interne de "Macron compatible".

Après avoir organisé un défilé de FO seule en septembre, une initiative critiquée par les troupes réclamant une "convergence", il finit par s'allier à partir du 5 décembre à la CGT, la soeur ennemie.

Hommeril, l'anti-réformiste

Le président de la CFE-CGC François Hommeril, le 6 septembre 2019 à Paris
Le président de la CFE-CGC François Hommeril, le 6 septembre 2019 à Paris
AFP/Archives

Arrivé à la présidence de la CFE-CGC en 2016, en pleine fronde anti loi travail, François Hommeril a immédiatement donné le ton: "Je n'ai pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes".

Cet ingénieur chimiste, né il y a 58 ans à Cherbourg, a tenu sa promesse et la réforme des retraites ne fait pas exception. "Tout le monde y perdra", en particulier les carrières incomplètes et les cadres, que défend sa confédération.

Sceptique quant à la volonté de concertation d'Emmanuel Macron ("Avec lui, c'est +cause toujours+"), il n'a pas de mots assez durs contre les réformes du Code du travail, de la formation professionnelle ou de l'assurance chômage... mais ne mobilise pas dans la rue.

Sauf avec la réforme des retraites: il a rejoint depuis le 5 décembre dans les manifestations l'intersyndicale menée par la CGT et FO, actant ainsi le divorce avec les "réformistes" de la CFDT.

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