Retraites : « C’est impossible d’en parler sereinement dans notre pays, comme aux Etats-Unis avec les armes à feu », estime Laurent Marcangeli

Retraites : « C’est impossible d’en parler sereinement dans notre pays, comme aux Etats-Unis avec les armes à feu », estime Laurent Marcangeli

Invité de notre matinale, Laurent Marcangeli a insisté sur la nécessité de « passer à autre chose », alors que la contestation de la réforme des retraites s’enlise. Le président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale a par ailleurs jugé que « les violences » étaient du côté des manifestants, et que, si l’on pouvait « toujours faire mieux », la stratégie de maintien de l’ordre actuelle n’était pas problématique.
Louis Mollier-Sabet

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Embourbée dans la contestation de la réforme des retraites, la majorité présidentielle a visiblement envie de tourner la page. « Si on se focalise uniquement sur les retraites, il y a un désaccord. Mais il serait bon pour le pays, les partenaires sociaux et tout le monde, à un moment, de passer à autre chose, d’envisager d’autres réformes. La Première ministre fait un pas en demandant aux syndicats de venir, ils doivent aussi peut-être avoir une autre manière de construire les choses », estime Laurent Marcangeli, alors qu’Élisabeth Borne reçoit les partenaires sociaux à Matignon ce mercredi.

Retraites « Il serait sain pour le débat démocratique de passer à autre chose »

Le président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale regrette en effet la « focalisation » du débat autour du report de l’âge légal de départ à la retraite : « Dans cette réforme, il y a 7 milliards d’euros qui ont été mis sur la table pour corriger des inégalités, des petites voire de grandes injustices, dans le système existant. Personne n’en a parlé, on s’est focalisés sur les mesures d’âge. Personne n’a voulu voir autre chose que l’âge de départ, et maintenant, on est enfermé là-dedans. »

Laurent Marcangeli estime ainsi qu’il serait « sain pour le débat démocratique » de « passer à autre chose », surtout « quand la loi devient légalement applicable », c’est-à-dire après l’avis du Conseil constitutionnel qui sera rendu le 14 avril prochain. D’après le député de la majorité présidentielle, la contestation actuelle n’est pas vraiment liée à l’attitude du gouvernement, mais à un sujet par nature « clivant » : « Je ne connais pas de gouvernement qui s’en est sorti sans balafres lorsqu’il a mis le sujet des retraites sur la table. C’est impossible de travailler sereinement sur la question dans notre pays, c’est comme aux Etats-Unis quand vous parlez des armes à feu. »

« Dans un pays où il y a beaucoup de manifestations, il n’y a pas de mort tous les jours »

Alors qu’une journée de mobilisation s’annonce ce jeudi, Laurent Marcangeli confie « n’avoir jamais craint les manifestations massives », qui se passent « dans des conditions tout à fait respectables », mais « craint toujours les violences et l’usage que certains en font pour mettre en cause les forces de l’ordre, ce qui est inacceptable. » Le président du groupe Horizons à l’Assemblée avertit : « Pour celles et ceux qui seraient tentés de manifester pour casser des biens publics et privés ou s’affronter avec les policiers, j’espère que la réponse sera à la hauteur du respect de la démocratie, et donc de la légalité républicaine. »

L’Assemblée nationale devrait d’ailleurs lancer « début mai » une commission d’enquête sur les violences qui ont émaillé des manifestations contre les méga bassines à Sainte-Soline. « C’est à mon avis nécessaire », juge Laurent Marcangeli. « Parce qu’il ne faut pas faire passer des vessies pour des lanternes. J’entends certains qui essaient de dévier le débat sur ce que l’on appelle ‘les violences policières’. Non, les violences c’est la participation à des manifestations illégales parce que non autorisées. Les violences, c’est être armé et entraîné pour tuer et blesser les forces de l’ordre et détruire des biens privés ou publics. Les violences c’est ça. »

Alors qu’un manifestant est encore actuellement dans le coma, Laurent Marcangeli estime que « si l’on peut toujours mieux faire », la stratégie de maintien de l’ordre actuelle ne pose pas de problème en France : « dans un pays où il y a beaucoup de manifestations, il n’y a pas de mort tous les jours, ce n’est pas le cas dans toutes les démocraties. Le maintien de l’ordre est assuré dans ce pays de manière à faire en sorte que l’on respecte le droit de manifester, sans pour autant respecter ce que certains font, c’est-à-dire casser, tenter de tuer, tenter de blesser. »

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