« Cette réforme, c’est notre réforme. En réalité, c’est le gouvernement de Mme Élisabeth Borne qui propose à sa propre majorité de voter la réforme que nous avons ici rédigée puis votée depuis au moins quatre ans. » Depuis le début de la semaine, Bruno Retailleau ne se prive pas de rappeler la paternité de l’essentiel du contenu de la réforme des retraites, présentée la veille par le gouvernement. Chaque automne, au moment de l’examen du budget de la Sécurité sociale, la majorité sénatoriale de droite et du centre poussait pour un recul de l’âge légal de départ.
Malgré ces ressemblances évidentes entre la copie de Matignon et celle du Palais du Luxembourg, soulignées par la Première ministre elle-même lors de la conférence de presse, Bruno Retailleau demeure prudent ce 11 janvier, à quelques jours de la présentation du texte en Conseil des ministres. « C’est quelque chose de lourd, de technique, souvent le diable est dans les détails, et donc on va porter notre attention pour vérifier si ce qu’a dit Mme la Première ministre, est bien appliqué, bien réel, si ça va toucher beaucoup de Français ». Et d’ajouter : « C’est sur des points très précis qu’on va être très exigeants. »
« Pour l’instant, le mécanisme de revalorisation, ça n’est pas du tout acté »
En premier lieu, la question de la revalorisation à 1 200 euros des minimums de pension pour les carrières complètes mérite, selon le sénateur de Vendée, un « point d’éclaircissement ». Concernera-t-elle seulement les futurs pensionnés ou les personnes déjà en retraite ? Près de deux millions de retraités sont dans ce cas de figure. « Rien n’a été confirmé sur les petites retraites de celles et ceux qui sont déjà à la retraite […] Cet après-midi, elle n’a pas encore pris l’engagement », insiste-t-il.
Hier, Élisabeth Borne a pourtant donné un gage sur ce sujet, s’adressant aussi bien aux parlementaires de la majorité qu’aux élus LR. « Avec le Président de la République, nous avons décidé d’intégrer dans notre projet la revalorisation des pensions des retraités actuels, pour tous ceux qui ont une carrière complète au niveau du Smic », a-t-elle promis. Elle a cependant précisé qu’il fallait travailler sur ce dispositif dans les jours à venir, pour « pouvoir l’intégrer au projet de loi qui sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier ».
À cette heure, Bruno Retailleau préfère maintenir la pression, faisant de cette question une ligne rouge pour la suite. « Pour l’instant, le mécanisme de revalorisation, ça n’est pas du tout acté. » Le président du groupe LR promet également d’être vigilant sur le sort des retraites des femmes, et sur la valorisation des congés parentaux dans le calcul des droits.