Retraites : Clémentine Autain se dit « abasourdie de voir le débat tourner autour d’un allongement à 64 ou 65 ans »
Invitée ce jeudi de la matinale de Public Sénat, la députée LFI Clémentine Autain annonce la mobilisation prochaine des parlementaires de gauche contre l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite, alors que Matignon entame un cycle de consultations auprès des syndicats.

Retraites : Clémentine Autain se dit « abasourdie de voir le débat tourner autour d’un allongement à 64 ou 65 ans »

Invitée ce jeudi de la matinale de Public Sénat, la députée LFI Clémentine Autain annonce la mobilisation prochaine des parlementaires de gauche contre l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite, alors que Matignon entame un cycle de consultations auprès des syndicats.
Romain David

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Le calendrier de la réforme des retraites se met en place. Au lendemain d’une réunion de la majorité autour d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne sur ce sujet, la Première ministre reçoit ce jeudi plusieurs leaders syndicaux, dont Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, et Laurent Berger, celui de la CFDT. La semaine prochaine, ce sont les présidents des groupes politiques à l’Assemblée nationale et au Sénat qui seront reçus à Matignon, avant une présentation du texte de la réforme en début d’année. Le président de la République avait évoqué pendant sa campagne de réélection un report de l’âge légal de 62 à 65 ans, ces derniers mois l’hypothèse d’un recul à 64 ans, couplé à une augmentation de la durée de cotisation, a également été posée sur la table.

« Je suis abasourdie de voir que le débat tourne aujourd’hui autour d’un allongement à 64 ou 65 ans. Une écrasante majorité de Français est opposée à travailler plus longtemps. Il n’y a aucune raison de briser un système par répartition qui n’est pas en péril », a commenté la députée LFI Clémentine Autain, invitée ce jeudi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat. « Nous estimons qu’il n’y a pas péril en la demeure. L’argument financier est un faux argument, il est totalement mensonger. Il n’y a pas besoin urgemment de mettre à bas notre système, d’autant que dans les projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), le système revient à l’équilibre en 2040 », relève l’élue.

« Dans la vraie vie, vous allez plutôt partir autour de 67 ou 68 ans »

Ce même conseil, mis en place en 2000 pour apprécier la viabilité financière du régime des retraites, prévoit dans son dernier rapport un excédent pour l’année 2022, suivi d’une dégradation sur les 25 prochaines années. « On parle d’un déficit de 10 milliards sur 340 milliards de prestations annuelles. Combien de dividendes reversés cette année ? 70 milliards ! Que l’on prenne la mesure des choses », s’agace Clémentine Autain.

« Si l’on fixe un âge de départ à 64 ans, dans la vraie vie, suivant le moment où vous avez commencé et le caractère plus ou moins haché de votre carrière, vous allez plutôt partir autour de 67 ou 68 ans. Vous vous rendez compte de ce que cela veut dire pour des millions de gens ? Aujourd’hui, un million de personnes, pendant plus de 20 heures par semaine, font des gestes répétés de façon cadencée. Il y a plus de 2 millions de personnes qui portent des charges lourdes 10 heures par mois. Et vous allez leur demander de travailler jusqu’à 65 ans ? », dénonce la députée.

La gauche et les syndicats vent debout contre la réforme, mais chacun dans son couloir

Du côté de l’opposition, la mobilisation contre la réforme commence aussi à s’organiser. Des représentants de l’ensemble des groupes de gauche au Parlement donneront une conférence de presse commune la semaine prochaine, pour marquer leur refus d’un allongement de l’âge de départ. « Nous réaffirmerons notre horizon d’un départ à 60 ans avec 40 annuités », précise Clémentine Autain. En revanche, à ce stade, aucune action commune avec les syndicats n’est envisagée. « Je suis très heureuse de voir que les syndicats se sont organisés en intersyndicale et ont décidé d’en découdre », relève toutefois notre invitée. « Ils vont sans doute appeler à une première journée de mobilisation. Nous y serons très attentifs. »

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