Retraites: de Pietraszewski à Mélenchon… Les acteurs de la bataille à l’Assemblée

Retraites: de Pietraszewski à Mélenchon… Les acteurs de la bataille à l’Assemblée

Deux ministres novices, une batterie de rapporteurs, la majorité et son aile gauche parfois remuante, face à des opposants ultra déterminés:...
Public Sénat

Par Adrien DE CALAN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Deux ministres novices, une batterie de rapporteurs, la majorité et son aile gauche parfois remuante, face à des opposants ultra déterminés: coup de projecteur sur les acteurs de la grande explication sur les retraites à l'Assemblée.

Le baptême du feu de Véran et Pietraszewski

Deux ministres novices ont la lourde tâche de porter la réforme la plus difficile du quinquennat à peine arrivés dans leurs fonctions.

Le secrétaire d'Etat aux retraites et ex-député du Nord Laurent Pietraszewski est en poste depuis fin décembre, après le départ de l'ancien haut commissaire Jean-Paul Delevoye. Et le député Olivier Véran vient d'être nommé ministre de la Santé dimanche soir, en remplacement d'Agnès Buzyn, candidate LREM à Paris.

Réputé bon connaisseur des questions sociales, Laurent Pietraszewski s'était fait connaître dès le début de la législature en tant que rapporteur de la réforme controversée du Code du travail.

Auparavant, le secrétaire d'Etat de 53 ans au crâne dégarni, parfois adepte du jargon managérial et des boutades, a fait carrière chez Auchan, notamment dans les ressources humaines.

En commission spéciale retraites, "Pietra" comme le surnomment les marcheurs, a d'abord été critiqué par l'opposition pour son "mutisme", avant de prendre plus d'assurance au fil des débats.

Olivier Véran, neurologue, est lui propulsé ministre de la santé à 39 ans, un poste que l'ancien socialiste convoitait depuis plusieurs années y compris sous le précédent quinquennat.

L'ex-député LREM de l'Isère était jusqu'à présent rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée et rapporteur du volet organique de la réforme des retraites.

Gage de l'aile gauche, il connaît bien le sujet retraites et goûtait volontiers jusqu'ici aux formules chocs et aux piques contre les oppositions.

Un "marcheur" ex-PS chef d'équipe

Chez les députés, le texte est porté par une batterie de rapporteurs, avec l'élu LREM et ex-PS Guillaume Gouffier-Cha en chef d'équipe.

Ancien conseiller de Jean-Yves Le Drian à la Défense lors du quinquennat Hollande, M. Gouffier-Cha a été choisi pour sa "loyauté" et parce qu'il est un "habile négociateur", selon une source parlementaire. Il a été relativement discret en commission.

Olivier Véran, neurologue de 39 ans, a été nommé dimanche soir ministre de la Santé pour succéder à Agnès Buzyn
Olivier Véran, neurologue de 39 ans, a été nommé dimanche soir ministre de la Santé pour succéder à Agnès Buzyn
AFP/Archives

Sur le volet ordinaire, le co-rapporteur MoDem Nicolas Turquois s'est retrouvé en première ligne en commission, entre remarques ironiques sur l'obstruction des insoumis ou argumentaire sur les agriculteurs, sa profession d'origine.

Autres rapporteurs, Jacques Maire, fils de l'ancien dirigeant de la CFDT Edmond Maire, ainsi que Corinne Vignon et Carole Grandjean (LREM) étaient des "ambassadeurs" retraites pour le groupe politique LREM. Le député Agir Paul Christophe complète le casting.

Des meneurs dans les oppositions

Pour cette bataille cruciale, tous les groupes ont mobilisé leurs troupes.

Le chef de file des insoumis Jean-Luc Mélenchon fait tout pour endosser le rôle de premier opposant à cette réforme. Il a assumé l'"obstruction" et prévenu que ça va "chauffer tout le long". Clémentine Autain ou Adrien Quatennens ont multiplié les interventions en commission pour rejeter en bloc le projet de loi.

Chez les communistes, outre le chef du groupe André Chassaigne, ce sont surtout Pierre Dharréville et Sébastien Jumel, deux élus aux formules chocs, qui sont à la manoeuvre.

Le PS, lui, s'en remet à sa chef de file Valérie Rabault et au porte-parole du parti Boris Vallaud. L'ancien conseiller de François Hollande à l'Elysée, aux formules ciselées, n'a de cesse de fustiger "l'amateurisme" du gouvernement.

Côté LR, le président de groupe Damien Abad martèle à l'Assemblée que son parti veut incarner une "troisième voie". Le président de la commission des finances et ex-ministre du budget Eric Woerth intervient aussi régulièrement sur "l'absence" du volet financement dans le projet de loi.

Au RN, Sébastien Chenu n'est pratiquement pas venu à la commission spéciale dont il était membre, ce qui lui a valu des sarcasmes de LFI. "Nous défendrons nos amendements comme nous le faisons à chaque fois, en plénière", avait répliqué à distance Marine Le Pen.

Chez les "marcheurs", outre le gros des troupes, une aile gauche parfois remuante - avec notamment Martine Wonner ou Jean-François Cesarini - a bien l'intention de se faire entendre sur la pénibilité. Ou pour proposer des alternatives à l'âge pivot de 64 ans.

Dans la même thématique

Paris: Senat Michel Barnier declaration politique generale
9min

Politique

Budget : entre les divisions du bloc central et l’absence de majorité, le 49.3 paraît inévitable

Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.

Le

Emmanuel Macron speech at Place des Cocotiers – Noumea
7min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Ne pas convoquer le Congrès est un signe d’apaisement, mais cela suscite aussi beaucoup d’interrogations »

Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.

Le

Karoutchi
2min

Politique

Tribune de sénateurs LR en soutien à Bruno Retailleau : « L’Etat de droit n’est pas immuable. Il évolue avec les lois que l’on vote », justifie Roger Karoutchi

Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».

Le

Retraites: de Pietraszewski à Mélenchon… Les acteurs de la bataille à l’Assemblée
2min

Politique

Taxation exceptionnelle sur les grandes entreprises : « Que de temps perdu », regrette la gauche du Sénat

Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».  

Le