Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Retraites: derniers face-à-face au sommet avant la grève du 5 décembre
Par Paul AUBRIAT, Gabriel BOUROVITCH
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Syndicats et patronat se sont succédé à Matignon lundi pour discuter de la réforme des retraites, d'autres entretiens devant suivre mardi, sans grand espoir de compromis avant la grève du 5 décembre, tandis que le gouvernement est convoqué en séminaire dimanche pour préparer l'épreuve de force.
A dix jours de la date fatidique, Matignon voulait "faire un point sur l'ensemble de la réforme" avec les partenaires sociaux et montrer que "le dialogue social continue".
Mais depuis quelques jours, l'exécutif a durci le ton en ciblant les régimes spéciaux, fers de lance d'une grève interprofessionnelle qui s'annonce très suivie dans les services publics.
Des statuts "d'une autre époque", a jugé Emmanuel Macron, quand la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, a pointé "des revendications très corporatistes", et que le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a dénoncé "une mobilisation pour conserver des inégalités".
Une posture de fermeté qu'a peu apprécié la CFDT, seule grande centrale syndicale favorable au "système universel" promis par le chef de l'Etat pour remplacer les 42 régimes existants.
"Il est de la responsabilité du gouvernement de ne pas créer l'affrontement", a mis en garde son secrétaire général, Laurent Berger, déplorant d'avoir "perdu beaucoup de temps" à cause des "tergiversations" du pouvoir.
Un reproche également formulé par l'Unsa, qui aurait préféré que des décisions soient "posées pendant le mois de novembre, (ce) qui aurait permis de rassurer les secteurs les plus inquiets", où "la colère est en train de s'enkyster", a déclaré son secrétaire général, Laurent Escure.
Prêt à négocier "jusqu'au bout", il a espéré "que des arbitrages seraient rendus le plus vite possible", estimant que "si c'est après le 5, on sera dans un zone de danger".
L'entourage du Premier ministre, Edouard Philippe, a fait savoir à l'AFP que l'ensemble du gouvernement participerait dimanche à une réunion sur le dossier des retraites, afin de "caler la feuille de route".
"Le Premier ministre veut rappeler le sens de la réforme", mais aussi "fixer le calendrier au-delà du 5 décembre" et "revoir le plan pour limiter au maximum l'impact de la grève pour les Français", a expliqué cette source.
- "le jour d'après" -
Un ordre du jour qui répond en partie aux demandes des syndicats, mais aussi du patronat. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a en effet enjoint au gouvernement de "clarifier les choses" avant une mobilisation potentiellement massive et durable.
Son homologue de la CPME, François Asselin, a affirmé que "pendant une journée, on peut s'organiser", mais a dit redouter "le jour d'après".
La crainte n'est pas infondée: lancé par les syndicats de la RATP et de la SNCF, l'appel à une grève reconductible contre la réforme des retraite a été rejoint par la CGT, FO, FSU et Solidaires, puis par des organisations d'Air France, d'EDF, d'avocats, de magistrats...
Même la CFDT a laissé sa fédération cheminote déposer un préavis, avec l'espoir d'obtenir l'application de la "clause du grand-père", qui réserverait la réforme aux seuls futurs embauchés de la SNCF.
Fait rare, les cadres de la CFE-CGC ont appelé à manifester, et la CFTC a laissé ses syndicats libres de rallier le mouvement, bien que son secrétaire général Cyril Chabanier "privilégie toujours le dialogue par rapport à la grève".
"Ils vont essayer au maximum de désamorcer une mobilisation que nous sentons prendre de manière forte", a prédit Yves Veyrier. Le numéro un de Force ouvrière, qui conteste "le bienfondé de la réforme elle-même", a affirmé que "la sagesse voudrait qu'on revienne au point de départ" pour "améliorer" le système actuel "qui n'est pas inéquitable et pas si complexe que ça".
Les discussions doivent reprendre mardi matin avec la CGT, dont le leader Philippe Martinez a déjà prédit une mobilisation "très massive", espérant qu'elle aille "bien au-delà des régimes spéciaux" et dure "jusqu'à ce qu'on retire ce mauvais projet".
Les petits patrons de l'U2P et la CFE-CGC fermeront le ban. Dans la foulée, M. Philippe, Mme Buzyn et le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, iront "débriefer les réactions des corps intermédiaires" et faire la "pédagogie" de la réforme des retraites auprès des députés de la majorité (LREM et MoDem).