Il n’a pas la maîtrise de l’ordre du jour parlementaire, mais s’il l’avait, il ne serait « pas favorable » à un report de l’examen de la réforme des retraites au Parlement. À la veille de nouvelles manifestations contre le projet, qu’il anticipe plus fournies que les précédentes, le député (LREM) Gilles Le Gendre ne veut pas dévier du calendrier prévu. « Je suis très favorable à ce qu'on vote cette loi rapidement –avant les municipales – en première lecture à l'Assemblée nationale », a insisté le président du groupe majoritaire, dans l’émission Audition publique, ajoutant qu’il y aurait un temps d’examen « normal ».
Alors que la CFDT appelle désormais à battre le pavé, le député de Paris est convaincu que « le rapport de force ne tiendra pas au nombre de personnes dans la rue ». Mais plutôt aux négociations avec les partenaires sociaux. Selon lui, les deux séries de rencontres prévues à Matignon mercredi et jeudi ne devraient pas déboucher sur des accords, les sujets « compliqués » étant encore nombreux (âge d’équilibre, prise en compte de la pénibilité et des carrières longues). « Rien ne sera conclu dans la semaine […] Le vrai sujet, c’est de restaurer la confiance », espère-t-il. Il a prétendu que l’essentiel des manifestants étaient portés par des revendications catégorielles. « D'où vient aujourd'hui le fait qu'il y a des gens dans la rue ? C'est essentiellement les régimes spéciaux », a-t-il assené.
« Les Français ne comprendraient pas qu'on ne respecte pas cette trêve [de Noël] »
Gilles Le Gendre a d’ailleurs noté que cette réforme suscitait « l’approbation » de trois centrales syndicales (CFDT, Unsa et CFTC) sur « 90-95 % de son contenu ». Mais depuis la présentation du projet par Édouard Philippe, les relations se sont dégradées avec les syndicats, à cause de la notion d’âge pivot à 64 ans, avec son système de bonus et de malus qui crispe le dialogue. Le président du groupe LREM a averti la CFDT, à qui il a tendu la main une nouvelle fois. « Nous ne sortirons gagnants, les uns et les autres, de cette négociation que si nous sortons du seul sujet binaire malus-bonus ou pas malus-bonus. On ne peut pas sortir d’une zone comme ça quand on se concentre de façon obsessionnelle sur un seul sujet. »
Ces échanges bilatéraux et multilatéraux avec les partenaires sociaux seront sans doute l’occasion d’éviter une poursuite du mouvement social dans les transports en pleines fêtes de Noël. Du moins Gilles Le Gendre l’espère-t-il. « Les Français ne comprendraient pas qu'on ne respecte pas cette trêve qui est multiséculaire », selon lui.