Retraites: grande réunion à Matignon au 15e jour de grève, trêve incertaine
La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuivait jeudi et l'incertitude régnait sur un éventuel compromis du gouvernement, qui...
Par Cyril TOUAUX, Marie-Pierre FEREY, les bureaux régionaux de l'AFP
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La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuivait jeudi et l'incertitude régnait sur un éventuel compromis du gouvernement, qui recevait le bloc des partenaires sociaux, avant la période de Noël qui restera perturbée par la grève dans les transports.
Après avoir reçu les organisations syndicales et patronales les unes après les autres mercredi, le Premier ministre les a réunies jeudi après-midi pour tenter de trouver une issue au conflit et devait prendre la parole à l'issue de cette rencontre.
Avant cette réunion, Emmanuel Macron et Édouard Philippe "se sont rencontrés durant une heure à l'Élysée" et "se sont accordés sur les orientations prises", a indiqué l'Elysée.
Édouard Philippe est en première ligne, au côté de Laurent Pietraszewski, le nouveau "M. retraites". Un "simulateur" permettant à chacun de savoir s'il sera concerné ou pas par le futur système a été mis en ligne jeudi par le gouvernement.
Emmanuel Macron, pour sa part, a fait savoir qu'il était "disposé" à "améliorer" le projet, qui doit être transmis au Conseil d'État avant Noël et présenté en Conseil des ministres le 22 janvier. Le chef de l'État s'est fixé pour "objectif d'obtenir une pause du mouvement social pendant les fêtes", selon l'Élysée.
La CFDT fait toujours de l'"âge d'équilibre", dont Édouard Philippe a proposé qu'il soit fixé à 64 ans, un casus belli. "On est très, très loin d'un accord", avait prévenu mercredi soir le patron du syndicat réformiste, Laurent Berger.
Globalement favorable à la réforme mais toujours opposé à cet âge d'équilibre assorti d'un bonus-malus dès 2022 pour inciter à travailler plus longtemps et équilibrer les comptes, il a prévenu jeudi qu'"en janvier, s'il n'y a pas d'avancée, la CFDT continuera(it) de se mobiliser".
Queue pour le tramway le 19 décembre 2019 à Paris
AFP
Au 15e jour d'une grève illimitée, malgré un léger mieux, les difficultés continuaient pour les usagers de la RATP et de la SNCF, qui a dévoilé son plan de circulation pour les 23 et 24 décembre: elle va supprimer 59% des TGV, et 48% des voyageurs ayant réservé devront échanger leur billet. Les trains circulant les 25 et 26 décembre seront annoncés vendredi.
En attendant, pour la journée de vendredi, 16e jour de grève, la situation dans les transports devrait s'améliorer par rapport aux jours précédents avec la moitié des TGV et un Transilien sur quatre "en moyenne" en circulation. Petit mieux aussi pour les usagers de la RATP avec 6 lignes de métro fermées mais une "amélioration globale", a annoncé la direction de la régie.
Jeudi, la SNCF enregistrait une baisse du taux de grévistes, descendu à 11,7% contre 13,6% la veille, et 60,5% des conducteurs après 65,6% mercredi.
- "pas de trêve !" -
Affluence garde de l'Est à Paris le 19 décembre 2019
AFP
Le Premier ministre a prévu de recevoir dans la soirée les patrons de la SNCF Jean-Pierre Farandou et de la RATP Catherine Guillouard.
La CGT, Force ouvrière, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU, qui réclament le retrait pur et simple du projet de système universel de retraite à points, ont appelé à des actions locales jusqu'à fin décembre. A mesure que "les jours passent", a prévenu le leader de la CGT, Philippe Martinez, "la colère peut se transformer en plus de colère".
Plusieurs cortèges ont à nouveau été organisés jeudi dans toute la France. A Rouen, 1.100 personnes selon la police, 3.000 pour la CGT ont défilé. "On ne veut pas être esclave. On ne négociera pas sur le poids des chaînes et du boulet. Il n'y aura pas de trêve ! On lâchera rien !", a déclaré Fabrice Lerestif, secrétaire FO 35, au départ de la manifestation rennaise, qui a réuni 1.300 à 2.000 personnes selon les sources. Un millier de personnes ont défilé à Marseille, selon la préfecture de police.
Détail du système de calcul de retraites en fonction de la génération
AFP
A Paris, plusieurs centaines de personnes ont défilé dans le calme entre la gare de Lyon et la gare de l'Est, a constaté un journaliste de l'AFP. "On rentre dans le dur de la mobilisation juste avant les fêtes. Il faut montrer qu'on ne lâchera pas", expliquait Sophie, professeur. Parmi les pancartes: "quand est-ce que tu vas mettre des paillettes dans nos retraites, Manu?".
La journée a aussi été marquée par des coupures d'électricité en série. Le gestionnaire du réseau de distribution Enedis a dénoncé des "actes de malveillance", qui ont affecté jusqu'à 18.000 foyers dans les Pyrénées-Orientales et l'Aude. D'autres coupures d'électricité ont été relevées, notamment dans le centre commercial de Plan de Campagne, près de Marseille. Ce type d'action s'est multiplié ces derniers jours, et certaines ont été revendiquées par la CGT.
A Val-de-Reuil (Eure), la CGT a bloqué une plateforme Coliposte avec des grévistes de Solidaires et des "gilets jaunes". Le port du Havre restait sans activité en raison d'une grève des remorqueurs.
Dans les raffineries, la grève qui paralyse les expéditions de carburant de la raffinerie Total de la Mède depuis le 5 décembre se poursuivait, selon un représentant syndical.
Certains secteurs d'activités commençaient à souffrir de la grève, notamment le commerce parisien avec des baisses de chiffre d'affaire de 25% à 30% la semaine dernière, selon Procos, la fédération du commerce spécialisé.
Plus de six Français sur dix (61%) n'approuvent pas la création d'un âge d'équilibre à 64 ans, selon un sondage Ifop pour CNews et Sud Radio publié jeudi.
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