Retraites: grève toujours forte dans les transports mais cortèges moins fournis
Les opposants à la réforme des retraites se sont moins mobilisés mardi après la démonstration de force du 5 décembre, même si la grève est...

Retraites: grève toujours forte dans les transports mais cortèges moins fournis

Les opposants à la réforme des retraites se sont moins mobilisés mardi après la démonstration de force du 5 décembre, même si la grève est...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE, Fabrice RANDOUX, avec les bureaux de l'AFP en régions

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Les opposants à la réforme des retraites se sont moins mobilisés mardi après la démonstration de force du 5 décembre, même si la grève est restée importante dans les transports, à la veille d'annonces cruciales du gouvernement.

Quelque 339.000 personnes ont manifesté dans toute la France, dont 31.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, qui avait dénombré 806.000 manifestants le 5 décembre, dont 65.000 dans la capitale.

La CGT a revendiqué un million de manifestants dont 180.000 dans la capitale (contre 1,5 million et 250.000 le 5 décembre), alors que le cabinet Occurrence, mandaté par un collectif de médias, en a compté 27.000 à Paris.

Principaux rassemblements contre la réforme des retraites le 10 décembre, nombre de manifestants
Principaux rassemblements contre la réforme des retraites le 10 décembre, nombre de manifestants
AFP

En régions, les chiffres des préfectures montraient une mobilisation au moins moitié moindre par rapport à jeudi: 12.000 personnes à Marseille et Toulouse contre 25.000 et 33.000 la semaine dernière, 9.500 à Lyon contre 18.000, 9.000 à Bordeaux et Nantes contre 20.000 et 19.000...

Si la mobilisation dans la rue est en repli, "le mécontentement reste aussi haut", a fait valoir Philippe Martinez pendant la manifestation. "Aujourd'hui on est dans l'installation d'un mouvement", a jugé Yves Veyrier, numéro un de FO.

Semblant cependant prendre acte de ce retrait de participation mardi, l'intersyndicale (FO-CGT-FSU-Solidaires et quatre organisations de jeunesse) demandant le retrait de la réforme des retraites a renoncé dans la soirée à appeler à une journée de manifestations dès jeudi, misant sur des "actions locales le 12" et surtout une grande journée de mobilisation interprofessionnelle le 17.

"Le 17 ce doit être l'irruption", a plaidé Eric Beynel (Solidaires).

Manifestants à Saint-Denis de la Réunion, le 10 décembre 2019
Manifestants à Saint-Denis de la Réunion, le 10 décembre 2019
AFP

L'enjeu pour les opposants: que le gouvernement renonce à mettre en place un "système universel" par points censé remplacer les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) et être "plus juste". Eux redoutent une "précarisation" des pensionnés.

Édouard Philippe doit annoncer mercredi à 12H00 "l'architecture" de la réforme puis l'expliquer au 20 Heures de TF1.

"Ce n'est pas parce que je fais un discours (mercredi midi) que les manifestations vont cesser", a averti le chef du gouvernement lors d'une réunion à huis clos avec le groupe LREM à l'Assemblée mardi, selon plusieurs participants.

Manifestation contre la réforme des retraites, le 10 décembre 2019 à Paris
Manifestation contre la réforme des retraites, le 10 décembre 2019 à Paris
AFP

"Il n'y a pas d'annonces magiques", a-t-il insisté. Le Premier ministre est particulièrement attendu sur certains sujets comme les périodes de transition pour les régimes spéciaux, une éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, ou encore la question de la pénibilité et des droits familiaux.

Au petit déjeuner de la majorité, Édouard Philippe a aussi évoqué la possibilité d'un décalage de l'application de la réforme à la génération née en 1975, au lieu de 1963, a indiqué un participant à l'AFP. L'enjeu pour le gouvernement est d'obtenir le soutien des syndicats qui ne rejettent pas le système à points, comme la CFDT ou l'Unsa, influente à la RATP, à la SNCF et dans l'Éducation.

- "La semaine est morte" -

Des jeunes à la manifestation contre la réforme des retraites, le 10 décembre 2019 à Paris
Des jeunes à la manifestation contre la réforme des retraites, le 10 décembre 2019 à Paris
AFP

Dans les cortèges mardi, encore beaucoup d'enseignants et de personnels de l'Éducation nationale mais aussi des cheminots, des fonctionnaires, des avocats, des retraités, des étudiants...

Rencontré à Tours, Anthony Moreau, responsable pompier syndiqué à la CFTC, expliquait: "La réforme des retraites, c'est la goutte d'eau. On n'a aucune garantie du maintien de nos acquis sociaux, notamment sur les années de bonifications acquises tout au long de la carrière pour pouvoir bénéficier d'un départ anticipé".

Comme jeudi, les transports publics ont été très perturbés, notamment en région parisienne, au sixième jour de grève, avec neuf lignes de métro fermées à Paris, un RER A sur deux et un RER B sur trois. La poursuite de la grève a été votée au moins jusqu'à mercredi, parfois jusqu'à vendredi. "La semaine est morte", a résumé Thierry Babec, de l'Unsa RATP, premier syndicat de la régie. De fait, la RATP prévoit mercredi un trafic similaire à mardi, avec 10 lignes de métro sur seize fermées.

A la SNCF, où l'on comptait 20% des TGV et des Transilien, ce sera "difficile jusqu'à la fin de la semaine", a prédit le directeur général de SNCF Transilien, Alain Krakovitch. Plus de trois quarts des conducteurs étaient en grève mardi, selon la direction. La compagnie ferroviaire n'annonce qu'une légère amélioration mercredi sur les TGV et Intercités (un sur quatre).

Dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait demandé aux compagnies de réduire leur programme. Air France a annulé 25% des vols intérieurs et 10% des moyens courriers. EasyJet a supprimé 92 vols.

Sept des huit raffineries françaises ont été touchées par la grève, selon la CGT. Des dockers ont organisé des blocages à Marseille et Rouen.

L'accueil des enfants dans les écoles et les crèches a été également perturbé, avec un taux de grévistes de 12,41% dans le primaire et 19,41% dans le secondaire, selon le ministère (respectivement 30% et 62% selon les syndicats).

Bercy a annoncé 10,2% de grévistes dans la fonction publique d'État, EDF 21,8%. A Lyon, la CGT a revendiqué le basculement par les électriciens et gaziers de 80.000 particuliers en heures creuses.

burs-cel-lum-far/cam

Partager cet article

Dans la même thématique

Retraites: grève toujours forte dans les transports mais cortèges moins fournis
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Retraites: grève toujours forte dans les transports mais cortèges moins fournis
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le