L’exécutif au chevet de la grogne déclenchée par sa réforme des retraites. C’est le message que tentent de faire passer les membres de la majorité présidentielle - alors que la mobilisation de jeudi a réuni dans les rues entre 1 et 2 millions d’opposants au projet de report de l’âge légal de départ à la retraite –, arguant du souci du gouvernement d’accompagner le versant comptable du texte d’une série de mesures de justice sociale. « Derrière les manifestations, il faut entendre les revendications qui vont au-delà de la réforme, sur des points que nous devons pouvoir traiter », a ainsi reconnu la députée Renaissance Prisca Thevenot, qui était invitée ce vendredi de « Parlement Hebdo » sur Public Sénat et LCP.
« Il y a un sujet sur l’équité, sur un sentiment d’injustice très présent. Il y a aussi un sujet sur le rapport au travail qui a changé. Aujourd’hui, on ne considère plus que réussir sa vie c’est réussir sa carrière, et je dois dire que c’est très bien ».
« Le rapport au dialogue social doit se réinventer »
Elle assure que le gouvernement a toujours été à l’écoute des préoccupations des opposants à la réforme, et réfute les accusations sur une absence de dialogue social et la volonté d’un passage en force. « Le rapport au dialogue social doit se réinventer. Aujourd’hui, on a l’impression qu’il n’a eu lieu que dans le cadre de ces manifestations. C 'est faux », s’agace Prisca Thevenot. « Cette mobilisation est une expression légitime de revendications, mais si elles se sont exprimées ce jeudi dans la rue, elles ont aussi pu être entendues et portées à d’autres moments : pendant la présidentielle, les élections législatives, au cours des consultations menées par le gouvernement, et elles vont se poursuivre à l’Assemblée nationale, en commission et dans l’hémicycle », fait valoir la députée des Hauts-de-Seine.
« Je ne crains pas un blocage du pays, mais un blocage du débat sur les retraites », poursuit notre invitée. Il faut dire que les oppositions de gauche apparaissent chauffées à blanc et prêtes à en découdre durant l’examen parlementaire, LFI envisagerait ainsi le dépôt de 1 000 amendements par élu. « Je pense qu’au-delà de la colère, il faut entendre les demandes légitimes, qui peuvent être du ressort de l’angoisse, de la peur car on parle de quelque chose d’important. Mais attention à ne pas résumer ce débat de société au bruit de certains politiques. Ecoutons les Français ! »