Retraites : « Je suis pour que l’on accélère les débats », affirme Bruno Retailleau qui accuse l’opposition d’obstruction

Retraites : « Je suis pour que l’on accélère les débats », affirme Bruno Retailleau qui accuse l’opposition d’obstruction

La réunion du groupe Les Républicains du Sénat s’est tenue ce mardi matin, jour du débat sur l’article 7 de la réforme des retraites qui vise à reporter l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans. Les sénateurs LR veulent examiner le texte dans son ensemble avant dimanche soir, quitte à utiliser le règlement pour accélérer les débats et réduire le temps de parole de l’opposition.
Stephane Duguet

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C’est dans un palais du Luxembourg encadré par des dizaines de camions de gendarmerie mobilisés pour la sixième journée de manifestation contre la réforme des retraites que s’est tenue ce mardi matin la réunion hebdomadaire des sénateurs Les Républicains (LR). Une réunion au-dessus de laquelle planait cette même réforme des retraites examinée en ce moment dans l’hémicycle. L’article 7 sur le report de l’âge légal minimum pour partir en retraite de 62 à 64 ans devrait être discuté aujourd’hui.

 

Obstruction cordiale

 

« Le débat sera long, peut-être difficile, mais il aura lieu dans des conditions parlementaires normales et c’est l’essentiel », souligne le sénateur Les Républicains Jean-Noël Buffet, président de la commission des lois. Son groupe, par la voix de René-Paul Savary, vote depuis 4 ans un report de l’âge minimum de départ en retraite. « Nous estimons que le report de l’âge légal est indispensable pour sauver le système par répartition », expose Max Brisson, sénateur des Pyrénées-Atlantiques. « Nous sommes enfin arrivés à un point essentiel et symbolique du texte de loi. Même si tout le texte ne se résume pas autour de cet article-là », rappelle son collègue Philippe Mouiller, vice-président de la commission des affaires sociales.

 

Tous fustigent la stratégie de l’opposition sénatoriale. « Face à nous, la gauche multiplie toutes les formes d’obstruction, certes pas dans la forme très désagréable, indigne de la démocratie parlementaire que la France Insoumise a fait peser sur l’Assemblée nationale, mais obstruction quand même », regrette Max Brisson. Les sénateurs de droite rejettent l’accusation formulée par leur collègue écologiste Thomas Dossus lors de la séance de la nuit de lundi à mardi. Il les a taxés de « sénateurs Playmobil » s’unissant avec « le macronisme ». Ce à quoi René-Paul Savary, rapporteur du texte de la réforme des retraites répond que « c'est le gouvernement qui est venu sur nos propositions ».



 

« L’opposition n’est pas maître des horloges »

 

« Il n’est pas question qu’on se laisse prendre en otage d’une volonté d’obstruction de l’opposition », dit de son côté le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau.  « Les sénateurs et sénatrices d’opposition aimeraient que l’on rentre dans leur jeu, mais nous n’avons pas à le faire, ils ne sont pas les maîtres des horloges », renchérit Max Brisson, également vice-président de la commission culture.

 

Les horloges contraintes par le calendrier gouvernemental sont scrutées attentivement par les sénateurs Les Républicains qui veulent absolument voter le texte de loi avant dimanche soir, jour de la fin des débats. « On va continuer à l’examiner jusqu’au bout », promet Jean-Raymond Hugonet, sénateur LR de l’Essonne. Chacun est attentif aux grèves et aux manifestations organisées le 7 mars en France. « On ne peut pas gérer le débat parlementaire par rapport à ce qui se passe dans la rue. Nous avons un calendrier qui est fixé par le gouvernement, nous ne l’avons pas choisi et donc c’est le rôle du Sénat de débattre », explique le sénateur Philippe Mouiller. Et pour arriver au bout du texte, avant la date fixée par l’exécutif, les LR espèrent que des amendements de l’opposition seront retirés. Ils ne sont pas vraiment optimistes à ce sujet même si, dans la nuit, Jean-Noël Buffet a observé que « la gauche avait retiré un certain nombre d’amendements et avait facilité le travail. Chacun est convaincu qu’il faut aller au bout du texte, c’est le rôle du parlement ».

 

« Le Sénat doit voter la loi »

 

Si les plus de 2000 amendements qui restent à examiner ne diminuent pas rapidement, le président du Sénat, Gérard Larcher pourrait opter pour l’article 38 du règlement intérieur du Sénat qui permettrait d’accélérer les débats en réduisant le temps de parole des sénateurs. La menace est brandie, mais René-Paul Savary, également co-rapporteur du projet de loi de réforme des retraites, explique que « tout dépendra de la volonté de l’opposition, si elle retire suffisamment d’amendements identiques de façon à ce qu’on garde les amendements qui amènent un débat. Sinon, c’est un monologue. » Le président du groupe LR au Sénat, lui, va droit au but : « Je souhaite une accélération des débats. On observe depuis le début que les collègues de gauche font de l’obstruction et ne veulent pas aller au bout. C’est la négation du Parlement. C’est comme si on appliquait un article 49.3 au Sénat ! »

 

Pour le sénateur de la Vendée, voter est nécessaire « sinon beaucoup de Français considéreront qu’à discuter de façon infinie, à ne pas faire notre job qui est de voter, le Parlement ne sert à rien », dénonce-t-il. S’il reconnaît à la gauche son rôle d’opposition, il précise qu’il est du devoir de la majorité sénatoriale « d’aller au bout du texte pour les Français. » Au-delà de l’article 7 sur le report de l’âge légal, Bruno Retailleau veut amender tous les articles suivants : « L’article 8 sur les travailleurs handicapés, l’article 9 sur l’usure professionnelle, l’article 10 sur les petites retraites, l’article 13 qui crée une nouvelle assurance vieillesse pour les aidants, ce n’est pas important ça ? » Il faut donc comprendre que toutes les dispositions seront prises par la majorité sénatoriale pour étudier le texte avant dimanche soir. « Le Sénat doit assumer son rôle constitutionnel de voter la loi », conclut Bruno Retailleau, prêt à aller au bout.

 

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