Retraites: l’Assemblée inscrit “le niveau de vie digne” dans le texte

Retraites: l’Assemblée inscrit “le niveau de vie digne” dans le texte

Dans un rare moment de concorde sur la réforme des retraites, l'Assemblée nationale a adopté dimanche un amendement...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Dans un rare moment de concorde sur la réforme des retraites, l'Assemblée nationale a adopté dimanche un amendement gouvernemental inscrivant dans le texte un objectif de "niveau de vie digne" pour les retraités, après des propositions similaires émanant de plusieurs bords politiques.

Il s'agit d'inscrire symboliquement cet "objectif de garantie d'un niveau de vie satisfaisant et digne aux retraités" dans les principes généraux du système universel des retraites, objet de l'article 1 que les députés sont toujours en train d'examiner.

Le communiste Stéphane Peu avait plaidé pour l'inscription du terme "digne" dans ces objectifs, arguant que la dignité figurait dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'amendement visait à remplacer ainsi le terme de "satisfaisant" avancé par le gouvernement, qu'il a qualifié de "concept gazeux".

Il a été soutenu notamment par l'Insoumis Eric Coquerel. Un amendement similaire avait été déposé par la marcheuse de l'aile gauche Martine Wonner.

L'UDI Thierry Benoît s'était prononcé pour l'adoption de l'amendement communiste, une "belle proposition".

Dans une "volonté de compromis et d'accélération de nos travaux", le secrétaire d'Etat Laurent Pietraszewski a proposé d'allier "satisfaisant" et "digne" dans la formulation de l'amendement gouvernemental.

Le communiste Pierre Dharréville a salué "la créativité du gouvernement", indiquant que les communistes, "pas jaloux", étaient prêts à voter la proposition gouvernementale. "Une retraite digne, ça a quand même une autre figure qu'une retraite simplement satisfaisante", s'est-il félicité.

Le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau a salué "l'évolution du débat", loin du "concours de synonymes auquel on se livrait" samedi. Il a appelé à avancer dans le texte, pour "donner du sens aux mots".

"M. Fesneau, votre intervention, sauf à remettre de l'huile sur le feu ne me paraît pas judicieuse", a regretté le LR Thibault Bazin, demandant au ministre d'arrêter "de mettre en valeur l'obstruction".

En fin d'après-midi, les députés ont adopté deux autres amendements, présentés par les rapporteurs du texte (LREM et MoDem) au nom de la commission spéciale. Le premier, à valeur symbolique, souligne le caractère "solidaire" des cotisations et contributions retraites. Le second, soutenu par la gauche, insiste sur la prise en compte "des gains de productivité" dans le pilotage du système des retraites.

Des moments de tension ont par ailleurs émaillé l'après-midi. La majorité a encore reproché aux insoumis et aux communistes de "bloquer" l'Assemblée avec leurs milliers d'amendements, "une logorrhée antiparlementaire", selon le rapporteur Nicolas Turquois (MoDem).

"Vous voulez une opposition qui ne s'oppose pas ? (...) Buvez un bon coup, respirez un bon coup, ca ira mieux après", a réagi Jean-Luc Mélenchon (LFI), en critiquant la tentation "autoritaire", voire "totalitaire" des LREM, pendant que le communiste Fabien Roussel accusait la majorité de vouloir "raser l'Assemblée".

Dans toutes les têtes, après une semaine de piétinement, les spéculations sur un possible recours du gouvernement au 49-3, cet arme de la constitution qui permet de faire passer un texte sans vote à l'Assemblée.

Le Premier ministre Edouard Philippe dînait par ailleurs dimanche soir à l'Assemblée avec le groupe LREM pour évoquer ce difficile débat parlementaire.

Dans la même thématique

Retraites: l’Assemblée inscrit “le niveau de vie digne” dans le texte
3min

Politique

Européennes 2024 : Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche »

Alors que la Nupes s’est décomposée durant les dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a acté, samedi 2 décembre, la fin de la Nupes. Cet été, l’idée d’une liste commune entre les partis de la Nupes pour les élections européennes de juin 2024 avait déjà commencé à fracturer l’alliance, en particulier chez les écologistes. En juillet 2023, le parti de Marine Tondelier, habitué aux bons résultats lors des scrutins européens, désigne Marie Toussaint tête de liste pour les élections européennes.  « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense » Si les écologistes rejettent l’idée d’une liste commune à gauche, la députée européenne Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche ». Pour rappel, une liste ne peut élire des députés au Parlement européen uniquement si elle dépasse un seuil de 5 %. « Je pense que l’on a des combats essentiels à mener, c’est ce qui doit concentrer toute notre attention », juge Marie Toussaint qui estime que le combat doit être mené contre les partis nationalistes qui continuent de progresser au sein de l’Union européenne. En proposant ce pacte de non-agression, Marie Toussaint rappelle qu’elle souhaite orienter sa campagne autour de « la douceur ». Une approche qui suscite l’étonnement, ou l’incompréhension, notamment après le meeting de lancement de la campagne. Ce 2 décembre, la tête de liste écologiste avait convié un groupe de danseuses pratiquant la « booty-therapy », une danse permettant de « s’assumer ». « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense », justifie Marie Toussaint qui assume vouloir mener une campagne « sensible ». « La douceur, dans un monde meurtri par la violence politique et sociale, est un horizon de sauvegarde, c’est un objet de combativité », développe Marie Toussaint pour laquelle cette approche peut être payante.  « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes » Alors que les négociations de la COP 28 se déroulent actuellement à Dubaï avec un nombre record de lobbyistes présents. Selon Marie Toussaint, que cela soit durant les négociations internationales ou au sein des institutions européennes, les lobbys, notamment pétroliers, doivent être écartés des espaces de discussions. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes », développe Marie Toussaint alors que les groupes d’intérêts occupent une place importante dans le processus législatif européen. Outre le lobby des énergies fossiles, la tête de liste écologiste prend également pour cible la fédération des chasseurs et son président Willy Schraen qui mènera une liste aux élections européennes. Accusée par ce dernier de prôner une écologie déconnectée, Marie Toussaint a, de nouveau, proposé d’organiser un débat avec Willy Schraen afin de « vérifier qui est du côté de l’agro-industrie et qui est du côté des paysans ». Marie Toussaint fustige notamment l’hypocrisie du patron des chasseurs considérant que ce dernier défend « une vision de l’agriculture sans paysans ».

Le

L’hémicycle du Sénat
7min

Politique

Aide médicale d’Etat : la majorité sénatoriale divisée sur les conclusions du rapport Stefanini Evin

Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.

Le