L'opposition a dénoncé jeudi la Légion d'honneur de Jean-François Cirelli, président du gestionnaire d'actifs BlackRock France, y voyant le choix du "camp des fonds de capitalisation" alors que le gouvernement assure que BlackRock n'a "pas grand chose à gagner" dans la réforme des retraites.
Jean-François Cirelli, ancien dirigeant de GDF-SUEZ, puis d'Engie, et actuel président de la branche française du plus important gestionnaire d'actifs du monde, a été nommé officier de la Légion d'honneur dans le contingent du Premier ministre dans la promotion du Nouvel an, une nouvelle abondamment commentée depuis mercredi sur les réseaux sociaux.
"C'est tout sauf anecdotique, BlackRock, c'est tout simplement le côté obscur de la réforme des retraites", a dénoncé Olivier Faure, premier secrétaire du PS, sur France 2.
"Je vois le Canard Enchaîné qui révèle à quel point BlackRock a été depuis l'élection du président Macron l'invité permanent de ce pouvoir-là, et qui aujourd'hui est décoré, donc c'est tout sauf une anecdote, c'est effectivement le choix d'un camp, celui des fonds de capitalisation", a-t-il encore accusé.
"La remise de la légion d'honneur à Jean-François Cirelli est une provocation. Elle révèle les liens étroits qui existent entre Macron et le monde de la finance", a commenté sur Twitter Fabien Roussel, le patron du PCF.
La députée LFI Danièle Obono a employé sur Sud Radio le même terme de "provocation", rappelant que "depuis des semaines" LFI "explique que, en vérité, cette réforme a pour but de réduire à la portion congrue la retraite par répartition".
"Jean-François Cirelli a démantelé Gaz de France dont il était PDG. Désormais patron de BlackRock, il va enrichir un fonds de pensions américain en profitant de la destruction de notre système de retraites", s'est indigné sur Twitter le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan.
La secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, a justifié sur BFMTV la légion d'honneur de Jean-François Cirelli, un "monsieur (...) qui parle en termes positifs de la France comme d'un endroit où on peut investir, où on peut créer des activités, (...), il rend service à notre pays". Concernant BlackRock, elle a assuré qu'"ils n'ont pas grand chose à y gagner" dans cette réforme des retraites car "c'est une boîte de Smarties, le marché français", "ça ne représente rien par rapport à leur gestion d'actifs".
"C'est pas une boîte de Smarties, la question des retraites en France, ça fait partie d'une logique d'expansion de ce type de fonds d'actifs", lui a répondu sur LCI le candidat EELV pour la mairie de Paris David Belliard, pour qui "il y a une porosité entre les lobbies et le gouvernement".
Fondé en 1988 aux Etats-Unis, BlackRock a indiqué à l'occasion de la publication de ses derniers résultats financiers gérer un portefeuille d'actifs de quelque 7.000 milliards de dollars.
"En aucune manière, nous n'avons cherché à exercer une influence sur la réforme du système de retraite par répartition en cours auprès des pouvoirs publics ou de tout autre acteur du secteur", assurait récemment dans un communiqué la filiale française de BlackRock.