Au 20 heures de TF1 et France 2, Michel Barnier dont le gouvernement est en sursis, dans l’attente du vote d’une motion de censure demain à l’Assemblée nationale, en a appelé à la « responsabilité » des députés. Il a considéré que les élus RN devront « rendre des comptes » à leurs électeurs s’ils votaient une motion rédigée « par l’extrême gauche ».
Retraites: la CFDT voit rouge ? Le gouvernement change de ton
Par Déborah CLAUDE, Eric LAGNEAU
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Affichant un ton résolument conciliant, le gouvernement multiplie les appels du pied jeudi pour tenter de faire revenir à la table la CFDT, dont la réaction hostile à "l'âge d'équilibre" a ébranlé une partie de la majorité.
Dès l'aube, plusieurs ministres et ténors de la majorité sont montés au front dans les matinales radio et télé pour faire les yeux doux au patron de la CFDT, avec l'objectif de fissurer le tout nouveau front uni syndical. Edouard Philippe a ensuite annoncé qu'il appellerait les partenaires sociaux "dès cet après-midi" afin de "voir avec eux comment reprendre rapidement le dialogue" sur la réforme. "Ma porte est ouverte et ma main est tendue", a insisté le Premier ministre sur Twitter.
Mercredi midi, le chef du gouvernement avait fâché tout rouge Laurent Berger, pourtant partisan de longue date d'un système universel par points, en annonçant un âge d'équilibre à 64 ans.
L'hostilité affichée du premier syndicat de France inquiète de nombreux députés marcheurs et ils l'ont fait savoir mercredi soir à Edouard Philippe, en première ligne sur ce dossier. "Je ne ferai aucun commentaire. Il y a un gouvernement qui travaille et qui continue la concertation", a déclaré jeudi Emmanuel Macron à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen. L'Elysée dit "assumer pleinement cette discrétion" du président.
Depuis le discours du Premier ministre mercredi, le ton s'est ostensiblement adouci, le patron des députés LREM Gilles Le Gendre allant même jusqu'à promettre "solennellement" que "la question de l'âge d'équilibre n'est pas décidée", évoquant "des sources infinies de recherche d'accords et de solutions".
Bruno Le Maire n'a pas dit autre chose. "Il peut y avoir de meilleures solutions, c'est (aux syndicats) de les apporter", a estimé le ministre de l'Economie. "Je prends", avait dit Edouard Philippe dès mercredi.
Quant au président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, il a lui aussi tendu la main au secrétaire général de la CFDT, "un homme qui incarne un peu la démocratie sociale à la française, qui sait prendre ses responsabilités".
Ces prises de parole convergentes visent à rectifier le tir après une introduction de l'âge d'équilibre dans la réforme qui a fait bondir les syndicats réformistes, même si l'Elysée assure que "la CFDT a abondement été consultée de bout en bout du processus", et ébranlé certains marcheurs.
- "Une balle dans le pied" -
Edouard Philippe a fait "un très beau discours, très pédagogique, mais il s'est tiré une balle dans le pied à la fin avec l'âge pivot et le paramétrique", estime un député de l'aile gauche de LREM, Jean-François Cesarini.
"C'est peut-être une erreur idéologique en voulant envoyer un marqueur à un certain électorat de droite et au Medef pour dire +regardez: moi je suis sérieux face à une bande de gueulards+", critique-t-il.
"On a tous eu une inquiétude sur la CFDT qui lâche, c'est évident", reconnaît un autre député Modem, qui admet que "Berger était furax", mais qui ne "pense pas qu'on ait perdu la CFDT", qu'on peut raccrocher "avec le dialogue".
Laurent Berger paraît en tout cas disposé à saisir la main tendue. Il a souligné jeudi qu'il était "prêt à discuter", suggérant au gouvernement de réunir les syndicats favorables à un régime universel de retraite.
Celui qui était l'interlocuteur privilégié du quinquennat précédent a précisé que mardi prochain, il "ne sera pas dans le carré de tête derrière une banderole qui dit +pas de réforme systémique+", aux côtés de Philippe Martinez (CGT) ou d'Yves Veyrier (FO) qui eux demandent le retrait pur et simple de la réforme.
Mais Laurent Berger a aussi prévenu: "vouloir être constructif, ça ne veut pas dire se laisser marcher dessus". "On ne nous le fera pas deux fois" le coup de l'assurance chômage". C'est-à-dire faire semblant de donner "les manettes" aux syndicats, pour ensuite reprendre la main et imposer une réforme sévère sur laquelle tous les syndicats sont unanimement en désaccord.
Reste aussi à savoir jusqu'à quel point la porte est vraiment ouverte sur la question stratégique de l'âge d'équilibre? Selon la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur LCI, la discussion concerne en réalité "les modalités d'arrivée à l'âge pivot", pas cet âge en soi.