Retraites : « La colère est là, ça ne s’arrêtera pas », prévient Fabien Gay (PCF)
Invité de Parlement Hebdo, Fabien Gay est revenu sur la situation sociale explosive dans lequel se trouve le pays. Le sénateur communiste met en cause le « changement du maintien de l’ordre » opéré depuis l’utilisation du 49.3 et prévient : quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, la colère « ne s’éteindra pas. »

Retraites : « La colère est là, ça ne s’arrêtera pas », prévient Fabien Gay (PCF)

Invité de Parlement Hebdo, Fabien Gay est revenu sur la situation sociale explosive dans lequel se trouve le pays. Le sénateur communiste met en cause le « changement du maintien de l’ordre » opéré depuis l’utilisation du 49.3 et prévient : quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, la colère « ne s’éteindra pas. »
Louis Mollier-Sabet

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Dans une semaine, le Conseil constitutionnel rendra l’un de ses avis les plus attendus de son histoire. Si les sages venaient à valider la réforme des retraites de l’exécutif, la contestation viendrait-elle à s’essouffler ? Pas pour le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay. « Non, la colère est là. 93 % des actifs, 7 Français sur 10, 11 manifestations, 3 mois de mobilisation… On parle beaucoup de Paris, mais on se mobilise aussi dans des préfectures, des sous-préfectures. Ça ne s’arrêtera pas. On nous avait dit qu’avec le 49.3, le débat était plié. Et pourtant depuis, une marée humaine continue à déferler, les gens ne veulent pas payer deux ans de leur vie pour satisfaire les marchés financiers. »

« Lorsqu’une AESH perd un pouce, lorsqu’un cheminot perd un œil, c’est inadmissible »

Le sénateur communiste appelle à une « issue politique », soit un retrait du projet de loi, soit un référendum, et pas « l’issue par la répression policière », comme cela semble se dessiner d’après lui. « J’ai toujours condamné les casseurs parce qu’ils font dévier les questions politiques et sociales sur les questions de violence, donc il faut condamner cette ultraminorité et ne pas dévoyer le mouvement social », explique-t-il. Pour autant, Fabien Gay estime que, depuis l’utilisation du 49-3, il y a eu « un changement du maintien de l’ordre » : « La police a commencé à nasser des manifestants. Nasses qui sont interdites. Elle utilise des armes offensives. On peut avoir un débat sur les casseurs, mais lorsqu’une AESH perd un pouce, lorsqu’un cheminot de chez moi perd un œil, je ne trouve pas ça admissible. »

Dans ce dispositif, la BRAV-M occupe une place particulière dans ces « violences policières », analyse-t-il : « Ce sont des ex-voltigeurs, qui ont été dissous après la mort de Malik Oussekine, et on a recréé ça. Oui, il faut dissoudre la BRAV-M parce qu’il faut une désescalade. » Une pétition sur le site de l’Assemblée nationale demandant cette dissolution a d’ailleurs été « classée » par la commission des Lois. « 265 000 personnes font une pétition sur un site de l’Assemblée nationale, ça veut dire quelque chose. Et là, on la classe et il n’y a plus rien à voir », regrette Fabien Gay. « On doit avoir un débat, une commission d’enquête sur le désordre organisé depuis l’utilisation du 49.3, c’est tout ça qu’il faut revoir », conclut-il, alors que diverses propositions de résolution et proposition de loi seront présentées par la gauche au Sénat.

LDH : « Remettre en cause les subventions de ce genre d’association, c’est ce que fait l’extrême droite partout où elle arrive au pouvoir »

Concernant la mise en cause des subventions publiques de la Ligue des Droits de l’Homme mercredi au Sénat par Gérald Darmanin, Fabien Gay dénonce une faute politique du ministre de l’Intérieur : « La Ligue des Droits de l’Homme est la vigie de nos libertés publiques depuis plus de 120 ans. Elle a été créée en 1898 par un sénateur de Gironde, Ludovic Trarieux au moment de l’Affaire Dreyfus et elle a été attaquée par les antidreyfusards et tout au long de son histoire, parce qu’elle défend les libertés publiques chevillées au corps, par l’extrême droite. Je suis extrêmement déboussolé qu’un ministre de l’Intérieur puisse mêler sa voix à ceux qui critiquent la LDH depuis 120 ans. Il y a des faits qui rendent déshonneur. Attaquer la LDH c’est attaquer cette vigie des libertés publiques : quand elle nous alerte collectivement, il faut l’écouter. Remettre en cause les subventions de ce genre d’association, c’est ce que fait l’extrême droite partout où elle arrive au pouvoir. Ce n’est pas tolérable. »

>> Lire aussi : « Ligue des droits de l’Homme : « Le ministre de l’Intérieur est englouti par ses excès », estime Henri Leclerc

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