Retraites : la commission des finances du Sénat doute que l’équilibre financier soit atteint en 2030
Dans son rapport pour avis sur le projet de réforme des retraites, la sénatrice centriste Sylvie Vermeillet évalue à 800 millions d’euros le coût des amendements déposés par le gouvernement à l’Assemblée nationale sur le texte initial.

Retraites : la commission des finances du Sénat doute que l’équilibre financier soit atteint en 2030

Dans son rapport pour avis sur le projet de réforme des retraites, la sénatrice centriste Sylvie Vermeillet évalue à 800 millions d’euros le coût des amendements déposés par le gouvernement à l’Assemblée nationale sur le texte initial.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le gouvernement va probablement être contraint de revoir le cadre budgétaire de sa réforme des retraites. En présentant pour la première fois son projet de loi le 10 janvier, le ministère de l’Économie et des Finances assurait que « l’équilibre financier des retraites sera garanti en 2030 ». Mais les concessions et compensations qu’il comptait défendre à l’Assemblée nationale, et qui pourraient faire leur retour dans le cadre de l’examen au Sénat à partir du 2 mars, vont « fragiliser » cet équilibre budgétaire, selon la sénatrice Sylvie Vermeillet (Union centriste).

La rapporteure de la commission des finances sur le projet de loi évalue l’incidence de l’ensemble des gestes ou engagements du gouvernement à 800 millions d’euros. Il y a notamment l’extension aux professionnels libéraux de la majoration de pension pour les parents d’au moins trois enfants, une meilleure prise en compte des périodes d’apprentissage pour la retraite.

Il faut surtout ajouter les engagements successifs en faveur des carrières longues. Le gouvernement veut ouvrir les départs anticipés aux cotisants ayant travaillé entre 20 et 21 ans. Il veut désormais aussi plafonner à 43 annuités la durée de cotisation pour les personnes ayant commencé à travailler avant 21 ans. Ce dernier point n’a toutefois pas les faveurs de la majorité sénatoriale qui veut être garante de l’équilibre budgétaire de la réforme. Ces deux dernières mesures pèsent à elles seules 700 millions d’euros.

« Doutes » sur le scénario macroéconomique

À ce stade, et sous réserve de ce que le gouvernement présentera effectivement en séance, la trajectoire du régime des retraites à l’horizon 2030 est compromise. « L’équilibre du système paraît ne pas pouvoir être atteint en 2030 », considère Sylvie Vermeillet. La rapporteure émet d’ailleurs « des doutes » sur le scénario macroéconomique du gouvernement des prochaines années.

Cette année 2030 n’a d’ailleurs rien d’abstrait, car elle doit coïncider avec le maximum des économies réalisées par le projet de réforme. Quant à l’après-2030, l’étude d’impact demeure silencieuse sur l’évolution de la trajectoire budgétaire du système de retraites.

Là n’est pas la seule réserve la commission des finances. Sylvie Vermeillet « s’étonne » que les conséquences de la diminution du nombre de cotisants pour les régimes spéciaux ne soient pas prévues « et que le gouvernement reporte aux textes financiers de 2024 la mise en place de dispositifs adaptés ».

À lire aussi » Retraite à 1 200 euros : le gouvernement revoit à la baisse le nombre de bénéficiaires

Partager cet article

Dans la même thématique

« Déni démocratique », « inqualifiable » : la nomination de Michel Barnier fait l’unanimité contre elle dans la gauche du Sénat
5min

Politique

Budget 2026 : la gauche dénonce un budget qui fait payer « à tous les Français les avantages de quelques-uns »

Après les annonces de François Bayrou, la gauche sénatoriale dénonce un budget « profondément inégalitaire », qui fait payer à tous les « largesses fiscales » du gouvernement à l’égard des grandes fortunes ces dernières années. Alors que le spectre de la censure plane sur le gouvernement Bayrou, les socialistes semblent miser sur la contribution de solidarité mais préviennent : si le dispositif n’est pas à la hauteur, « ça ne sera pas possible. »

Le

France Budget
6min

Politique

Budget de François Bayrou : « Ce n’est pas d’une violence inouïe, par rapport à ce qu’on risque si on ne fait pas d’efforts », selon François Patriat

Après le plan d’économies de près de 44 milliards d’euros annoncé par le premier ministre, le socle commun est à peu près satisfait au Sénat, d’autant que les propositions de la Haute assemblée ont été en partie reprises. Mais sur la question des collectivités, ça grince chez les LR.

Le

Conclusion of the Summit for the Future of New Caledonia at the ÉlysÃ’e Palace
6min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Cet accord offre une solution pérenne »

C’est une signature « historique ». Un an après les violences insurrectionnelles en Nouvelle-Calédonie qui ont fait 14 morts, un accord a été trouvé entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Principale mesure : la création d’un Etat calédonien dans la Constitution française assortie d’une nationalité calédonienne. Le sénateur non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel pointe un texte qui va « améliorer la qualité de vie des citoyens ».

Le

Budget 2026 : suivez en direct les annonces de François Bayrou
12min

Politique

Budget 2026 : suppression de 2 jours fériés, année blanche, contribution des hauts revenus... Ce qu'il faut retenir des annonces de François Bayrou sur le budget

C'était un moment attendu. Le Premier ministre a présenté à partir de 16 heures ses grandes orientations budgétaires. Pour tenir la trajectoire de réduction de déficit, le gouvernement prévoit finalement 43,8 milliards d’euros d’effort budgétaire. Pour ce faire, le premier ministre propose notamment une année blanche, la suppression de 2 jours fériés. Retrouvez ici l'ensemble des annonces de François Bayrou.

Le