La majorité sénatoriale n’a pas réussi à accorder ses violons avant l’examen en séance publique de la réforme des retraites, jeudi après-midi au Palais du Luxembourg. Si les LR et les centristes soutiennent le principe de la réforme, dans le détail, plusieurs points de divergences entre les deux groupes ont fait leur apparition ces dernières semaines, notamment sur l’élargissement du dispositif pour les carrières longues ou encore sur l’instauration d’un bonus-malus autour de l’index senior. Mais la principale fracture se situe sur la fin des régimes spéciaux, la droite souhaitant inscrire un agenda dans le texte pour aller plus vite, quand les centristes appellent à la mesure sur ce volet de la réforme.
« On avait peut-être des propositions qui n’étaient pas les mêmes sur la réforme des retraites, mais nous nous sommes mis d’accord parce que l’objectif était le même : améliorer la situation des femmes, aider les seniors. Nous avons approché et convergé », a expliqué Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste, ce lundi matin sur Public Sénat. « Mais il y a un point où nous ne sommes pas encore totalement d’accord, c’est sur les régimes spéciaux. »
« On est prêt à parler, mais il faut regarder ça avec prudence »
Les LR veulent toucher à la « clause du grand-père », qui protège les salariés déjà employés sous un régime spécial, afin de mettre en place une convergence des régimes à partir de 2025 : « C’est un peu rude », estime Hervé Marseille. « Que les LR veulent avoir des marqueurs de droite pour leurs électeurs de droite, je n’y vois pas d’inconvénient, mais au centre nous avons d’autres préoccupations. Il faudra discuter, Je ne dis pas que tout est idyllique. […] On est prêt à parler, mais il faut regarder ça avec prudence. »
La principale crainte du sénateur des Hauts-de-Seine : crisper davantage une opinion déjà très majoritairement hostile au texte. « Le sujet est explosif, il se passe des choses le 7 mars [prochaine journée de mobilisation, pour laquelle l’intersyndicale appelle à une grève reconductible, ndlr]. On voit bien qu’il y a un front syndical, une fracture sociale. Reconnaissons la situation telle qu’elle est », relève l’élu. « À chaque réforme des retraites il y a une difficulté forte, cette fois-ci c’est assez puissant. Cela n’est pas pour autant qu’il ne faut pas faire la réforme, mais il faut aborder certains sujets avec précaution », insiste-t-il. »
Pour autant, Hervé Marseille ne doute pas qu’il puisse trouver un terrain d’entente avec Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR. « Je n’aime pas parler de ligne rouge. Il ne s’agit pas de bloquer, nous sommes ouverts au dialogue », indique celui qui fut maire de Meudon. « Nous n’avons pas d’accord, mais je ne désespère pas que de trouver un point de compromis dans les jours à venir. » La Première ministre Élisabeth Borne doit encore s’entretenir ce mercredi avec les représentants de la majorité sénatoriale, indique Le Monde, l’occasion de faire un dernier point sur les consensus et les blocages.