Politique
Invité de la matinale de Public Sénat, le porte-parole du PS et président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel appelle à la démission du Premier ministre s’il a une forme d’omerta autour de Notre-Dame de Bétharram.
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Par Simon Barbarit
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Depuis le début de l’examen des articles de la réforme des retraites, la gauche du Sénat s’échine à défendre amendements visant à trouver de nouvelles recettes afin d’éviter le report de l’âge légal de 62 à 64 ans, soit le cœur du texte présenté par le gouvernement. A la veille de la journée nationale de mobilisation contre la réforme, la soirée du 6 mars n’a pas dépareillé. La gauche a défendu, en vain, une série d’amendements, visant à taxer les plus riches afin d’équilibrer le régime des retraites.
Le sénateur communiste, Pierre Laurent a résumé sa perception des débats de la soirée. « Les revenus financiers des entreprises, faut pas y toucher. Les revenus du patrimoine, faut pas y toucher. L’argent des milliardaires, faut pas y toucher. Les dividendes, faut pas y toucher. Les superprofits, faut pas y toucher. La flat tax qui protège les revenus des grands actionnaires, faut pas y toucher. Les fonds de pension, faut pas y toucher […] En gros, vous dites aux Français, travaillez deux ans de plus […] parce qu’il faut protéger les revenus des milliardaires. Alors moi je dis aux Français, vous avez raison de manifester demain parce qu’il y a beaucoup d’argent pour financer vos retraites », a-t-il énuméré sous les applaudissements de ses collègues de gauche.
En effet, les amendements défendus lundi soir par les groupes écologistes, communistes et socialistes visaient à mettre à contribution les plus riches pour financer le système de retraites à répartition.
On pourra citer des amendements visant à créer une contribution exceptionnelle de 2 % sur le patrimoine à partir de 1 milliard d’euros. D’autres préconisaient une contribution additionnelle sur les bénéfices des sociétés qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 750 000 000 euros, sans oublier des contributions exceptionnelles sur les dividendes ou encore sur les fonds de pensions.
La droite sénatoriale très discrète ces derniers jours afin de ne pas retarder l’examen du texte et ainsi parvenir à une adoption du texte d’ici le 12 mars, a laissé le ministre des Comptes Publics, Gabriel Attal le soin de battre le fer avec les élus de gauche. « Abolir les milliardaires, ça peut être un projet pour certains mais ce n’est pas ce qu’on cherche à régler sur ce texte de loi. La France n’est pas un paradis fiscal pour qui que ce soit, ni pour les plus fortunés, ni pour les moins fortunés. On est le deuxième pays qui taxe le plus dans l’OCDE », a-t-il exposé.
« Il y a l’impôt facial et l’impôt réel », a objecté la sénatrice communiste Marie-Noëlle Lienemann. « Le taux effectif d’impôts des 370 Français les plus riches, c’est 2 %. Vous trouvez ça juste ? », s’est agacé le sénateur socialiste, Éric Kerrouche.
Les arguments du ministre ne portent décidément pas au sein de l’opposition et la sénatrice écologiste, Raymonde Poncet-Monge cite alors « l’apologue du lampadaire, bien connu des chercheurs ». « Quelqu’un a perdu ses clés et ne les cherche que sous un lampadaire. On lui dit mais pourquoi tu cherches là ? Il répond, c’est le seul endroit où il y a de la lumière. Vous, vous avez allumé le lampadaire du paramètre de l’âge légal. Nous, on ne fait que vous demander d’allumer d’autres lampadaires. Allumez toute la place, le déficit de la Sécu peut-être comblé ailleurs », a-t-elle demandé récoltant une salve d’applaudissements dans ses rangs.
« Vous, vous ne cherchez pas les clés, vous cherchez à taxer le lampadaire. C’est ça la différence », a rétorqué Gabriel Attal.
Le sénateur, David Assouline prend à son tour la parole pour faire un constat. « J’ai rarement vu cette situation. Il y a eu un millier d’amendements proposés par l’opposition de gauche. Pas un seul n’a été voté. Sur toutes les autres lois, quand il y a un désaccord, il y a des amendements de la gauche qui viennent ajouter ou de préciser quelque chose », a-t-il souligné, regrettant cette absence « de bonne pratique démocratique ».
Le sénateur écologiste, Thomas Dossus abonde et va même plus loin dans ses attaques. « Même sur la loi nucléaire, nous écolos, on était parvenu à faire adopter un amendement. Cette fois-ci, on n’y arrive pas. Mais c’est l’union de la droite et des macronistes qui nous a fait basculer dans une autre chambre. On parlait des députés Playmobil dans le précédent quinquennat. On a maintenant des sénateurs Playmobil », vilipende-t-il s’attirant des protestations plutôt mesurées à la droite de l’hémicycle.
Chacun ses références, et dans les rangs de la majorité sénatoriale, c’est le sénateur centriste, Olivier Henno qui y va de la sienne. « Depuis tout à l’heure, je me demande où est ce que vous allez chercher toute cette créativité en matière fiscale et j’ai pensé au sketch des inconnus, les frères Rap-tout […] Je pense qu’il y a une forme de flibusterie parlementaire parce que si on adoptait toutes les taxes que vous proposez, l’économie du pays serait bien mise à bas ».
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