Retraites : la gauche sénatoriale appelle « le Sénat à ne pas être le relais du gouvernement »
Unis contre la réforme des retraites, les sénateurs socialistes, communistes et écologistes entendent mener la bataille pendant les 11 jours de débats au Sénat. S’ils veulent examiner l’article 7 sur les 64 ans, l’objectif théorique est de ne pas aller au bout du texte, tout en débattant de l’ensemble des sujets. Ils défendront ensemble une motion référendaire et veulent « mettre sur la table » le régime de retraite des sénateurs.
S’opposer pied à pied, tout en débattant des sujets phares. Après la stratégie d’obstruction menée par les députés de la Nupes, surtout du côté de LFI, la bataille contre la réforme des retraites va prendre une autre tournure au Sénat. Déjà examiné en commission mardi, le texte arrive en séance ce jeudi.
« Nous voulons faire front », prévient le socialiste Patrick Kanner
Première différence : au Sénat, il n’y a pas de Nupes, mais trois groupes de gauche – socialiste, le plus important, communiste et écologiste – et pas un seul sénateur LFI. L’opposition n’en sera pas moins franche. C’est côte à côte, que les trois présidents de groupe, Patrick Kanner (PS), Elianne Assassi (PCF) et Guillaume Gontard (écologiste) ont présenté, lors d’une conférence de presse ce mercredi, leur stratégie commune, peaufinée depuis plusieurs jours. « Nous voulons faire front » face « à une réforme de régression sociale. Nous allons nous battre », prévient le président du groupe PS. Symbole de cette gauche unie, une motion référendaire commune sera débattue vendredi matin dans l’hémicycle. Regardez :
Comme nous l’expliquions, l’objectif affiché de la gauche est d’empêcher d’aller au bout du texte… tout en voulant examiner « les 20 articles », explique Patrick Kanner. Un jeu subtil, peut-être lié à la volonté affichée chez certains sénateurs de son groupe, comme le socialiste Rachid Temal, d’« aller au bout » et de voter contre. Mais la stratégie arrêtée avec les autres groupes est bien d’utiliser les armes des motions de procédures et les amendements pour faire traîner, ou plutôt faire durer les débats, juste ce qu’il faut. Et « si le gong tombe, ce sera la responsabilité du gouvernement », ajoute le sénateur PS du Nord, qui sait bien que la majorité sénatoriale pourrait de son côté accélérer les débats pour contrer la gauche, grâce notamment à l’article 38 du règlement. « Peut-être qu’il y aura une obstruction de la droite sénatoriale », lance Patrick Kanner, qui lui renvoie la balle, « la première obstruction, c’est la sienne ».
« C’est une gauche responsable », défend la communiste Eliane Assassi
Les sénateurs de gauche ont déposé des centaines d’amendements. Rien que les sénateurs socialistes, fort de leurs 64 membres, en ont déposé des dizaines, par grappe, essentiellement des amendements de suppression. En comptant ceux de la droite, la gauche mise sur environ 3.000 amendements au total. C’est beaucoup. « A 3.000, ça commence à devenir compliqué », lâche quelques minutes plus tard, salle des conférences, le sénateur René-Paul Savary, rapporteur LR du texte. Reste qu’on est loin des sommets de l’Assemblée, avec 20.000 amendements. « C’est une gauche responsable », lance Eliane Assassi, présidente du groupe CRCE (communiste).
A l’image de ses collègues de gauche, la sénatrice PCF de Seine-Saint-Denis n’a pas de mots assez durs contre le recours à l’article 47-1 de la Constitution par le gouvernement, afin d’écourter les débats. « C’est un coup de force démocratique contre le Parlement », dénonce Eliane Assassi, qui prévient de sa « détermination sans faille ». Elle ajoute : « L’examen de ce texte ne sera pas ici une formalité ».
Au passage, la présidente du groupe communiste « avertit aimablement le président du Sénat et les présidents des groupes LR et UC qu’il faut qu’ils sachent que leur électorat est contre cette réforme », évoquant des maires qui se retrouvent dans les cortèges.
« On voit bien qu’il n’y a qu’une seule majorité ici, entre la majorité sénatoriale et la droite présidentielle » pointe l’écologiste Guillaume Gontard
Guillaume Gontard pointe lui « le jeu de poker menteur » du gouvernement sur le texte, que ce soit sur les 1.200 euros pour les retraites minimales, la pénibilité, l’égalité hommes/femmes. Surtout, il dénonce la responsabilité de la majorité sénatoriale, qui a négocié la réforme avec le gouvernement ces derniers jours, quasiment dans une forme de coconstruction parfois. Ce midi, Gérard Larcher, Bruno Retailleau et Elisabeth Borne étaient d’ailleurs reçus par Elisabeth Borne. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, prend lui l’apéro ce mercredi soir avec les centristes.
« Je mets en garde la majorité sénatoriale qui pourrait être tentée d’être le relais du gouvernement. On voit bien qu’il n’y a qu’une seule majorité ici, entre la majorité sénatoriale et la droite présidentielle. Mais je mets en garde le président du Sénat. Je pense que le Sénat ne doit pas être ce relais du gouvernement. On doit avoir le temps de débattre », soutient le sénateur écologiste de l’Isère, prêt à « renvoyer le Sénat à sa propre responsabilité ». Et de demander :
Est-ce que le Sénat veut s’autocensurer ?
« Gentlemen’s agreement » avec la droite sur l’avancée des débats ?
La gauche sénatoriale espère au moins que Gérard Larcher et la majorité sénatoriale n’appuieront pas sur l’accélérateur avant l’article 7, celui sur le report de l’âge, que la gauche entend examiner. Tous les présidents de groupe en ont « discuté ce matin avec le président du Sénat », explique le président du groupe écologiste.
Les groupes de gauche disent avoir eu l’assurance que la majorité laissera le temps aux débats avant l’article 7, qui serait par conséquent examiné après la journée de mobilisation du 7 mars. Les sénateurs parlent même de « gentlemen’s agreement » avec la droite et Gérard Larcher. Comprendre, pas de recours à l’article 38, qui limite à un pour, et un contre, les prises de parole, jusqu’à cet article fatidique. Mais interrogé quelques minutes après Salle des Conférences, le président du groupe centriste, Hervé Marseille, ne semblait pas avoir compris la même chose…
« Il faut de la transparence » sur le régime de retraite des sénateurs
Les écologistes, encore eux, entendent bousculer la droite sénatoriale et la pousser dans ses retranchements sur un autre point, sensible à la Haute assemblée : le régime de retraite des sénateurs. Ils ont convaincu les autres groupes de gauche de déposer une proposition de résolution pour « mettre sur la table » le régime automne des sénateurs, lors d’un futur bureau du Sénat. « On ne peut pas passer ce régime sous le tapis », « il faut de la transparence, en lien avec le statut de l’élu », avance Guillaume Gontard. La droite sénatoriale, qui a déjà peu apprécié que certains députés LR dénoncent leur régime de retraite, n’en demandait pas tant. La bataille des retraites se joue à tous les niveaux.
En avançant l’idée d’une « contribution modeste » pour recréer le lien entre communes et citoyens, le ministre François Rebsamen a relancé ce débat sensible de la fiscalité locale. Au Sénat, tous les sénateurs dénoncent la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron. A la place, le sénateur Bernard Delcros, président de la délégation aux collectivités, soutient l’idée d’une « contribution » qui serait « différentiée, en fonction des revenus des habitants », via « une remise à plat » des impôts locaux.
Selon Valeurs Actuelles, l’animateur star, Cyril Hanouna songe à se présenter à la prochaine élection présidentielle. La réalité peut-elle dépasser la fiction ? Interview du communicant, Philippe Moreau-Chevrolet co-auteur de la bande dessinée « Le Président » (ed Les Arènes 2020) dans laquelle il avait imaginé la candidature de Cyril Hanouna à la Présidentielle de 2022.
La sénatrice socialiste, Corinne Narassiguin présentait, ce mardi, sa proposition de loi visant à encadrer et réduire le nombre de contrôles d’identité. L’objectif est de mettre fin aux contrôles « au faciès ». Un premier pas, selon elle, pour retrouver des rapports apaisés entre la police et la population dans certains quartiers.
Défenseur de ce mode de scrutin de longue date, le premier ministre consulte mercredi le RN, favorable aussi à la proportionnelle. Manière d’envoyer un gage au parti qui le menace encore d’une censure. La gauche est pour, mais ses alliés LR sont clairement opposés. A moins que le retour du cumul des mandats entre aussi dans les discussions.