Les députés de la majorité ont reproché mardi à LFI un blocage "antidémocratique" sur la réforme des retraites avec des amendements à la chaîne, le corapporteur MoDem Nicolas Turquois jugeant "très probable" que la commission spéciale ne parvienne pas à aller au bout du texte.
"C'est une manière pour nous de prolonger la résistance populaire", a répliqué le chef de file des insoumis Jean-Luc Mélenchon. "Ca va chauffer tout le long, jusqu'à la dernière minute, jusqu'à la dernière seconde. On recommencera (dans l'hémicycle) et croyez-moi, on a sans doute donné des idées à d'autres".
Les députés LFI ont déposé plus de 19.000 amendements sur le texte examiné en commission spéciale depuis lundi, avant son arrivée dans l'hémicycle le 17 février. Si la commission ne parvient pas à balayer l'ensemble des amendements, le texte arriverait alors en séance publique dans la version initiale déposée par le gouvernement.
"La méthode assez stérile" de LFI, qui veut supprimer chaque "alinéa, ligne par ligne", c'est "un dévoiement total du fonctionnement du Parlement, une remise en cause du fonctionnement démocratique", a estimé Nicolas Turquois (MoDem). "Ce qui est dommage, c'est qu'il y avait d'autres oppositions, LR, socialistes, communistes, qui amènent des vrais questionnements. Mais ce mode de fonctionnement (de LFI) noie tout le reste", selon l'élu centriste.
Il faudrait "100 jours" et il "est très probable" que la commission n'achève pas l'examen des 65 articles du projet de loi ordinaire et les cinq du projet de loi organique, a-t-il estimé.
"Nos oppositions peuvent être touchées par la grâce et renoncer à leurs amendements, et se dire qu'il vaut mieux avoir un débat démocratique sur le fond", a lâché devant la presse Gilles Le Gendre, patron du groupe LREM.
Le chef de file des UDI-Agir Jean-Christophe Lagarde a déploré lui aussi une "obstruction pas digne d'un parlementaire": "Ce n'est pas parce que vous avez le droit de faire une bêtise qu'il faut la faire".
Selon le président des députés LR Damien Abad, opposé à la réforme présentée par l'exécutif, les insoumis "sont un peu les idiots utiles du système qui sert le gouvernement".
La vice-présidente du groupe LREM Marie Lebec a indiqué que la commission espérait "purger l'intégralité des amendements". Son groupe examine actuellement jusqu'à quelle date la commission peut siéger, ce qui relève d'un "enjeu constitutionnel".
Le socialiste Boris Vallaud ne "s'inquiète pas" pour les délais: "La démocratie, ça peut être long, ça peut être fastidieux parfois, mais ca ne m'inquiète pas, ca me rassure. Ce qui m'inquiète, c'est le côté forcené de ce gouvernement à appliquer une réforme qui n’est plus que la sienne".
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