Pas de retour à l’équilibre financier en 2030 pour le système des retraites. En dépit de la réforme adoptée en mars, à l’origine d’une crise sociale et politique d’ampleur, et du recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, le déficit ne devrait pas être totalement épongé d’ici une dizaine d’années comme espéré par le gouvernement, selon un nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) largement éventé par la presse, et qui doit être rendu public ce jeudi. « Cela aurait pu être pire si l’on n’avait pas fait la réforme, à l’évidence il est clair qu’il y avait besoin d’une réforme, a voulu défendre au micro de la matinale de Public Sénat Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste au Sénat, qui a voté le texte avec la droite et le camp présidentiel.
Il veut toutefois se montrer prudent face aux analyses du COR : « Il faut regarder de près ce que disent ces gens-là. On a l’impression qu’ils lisent dans le marc de café, il y a encore beaucoup d’incertitudes et des paramètres qui leur échappent », pointe-t-il. Mais notre invité fustige aussi les discours « des partis de gauche et des syndicats qui dénonçaient l’idée même d’une réforme ».
« Même avec ses effets, on n’atteint pas l’objectif », observe le sénateur, qui rappelle que la réforme intègre une « clause de revoyure », destinée à réévaluer la situation. « Elle intervient en 2027, or il se passe quelque chose en 2027 », sourit Hervé Marseille. « À l’évidence, tous les candidats à l’élection présidentielle devront dire ce qu’ils pensent de ce dossier et ce qu’ils proposent pour apporter une réponse ».
« Nous avons toujours été favorables à une retraite à points »
« On voit bien que les effets de la réforme apportent quelque chose mais qu’il faut aller encore plus loin », explique Hervé Marseille qui évoque la nécessité d’une « réforme structurelle », c’est-à-dire d’une réforme qui ne toucherait pas à certains paramétrages – comme l’âge de départ – mais à la nature même du système.
« Je pense qu’il faut revenir aux fondamentaux. Pour ce qui nous concerne, nous avons toujours été favorables à une retraite à points, comme celle qui avait été prévue à l’époque d’Edouard Philippe et qui était assez consensuelle », rappelle l’élu des Hauts-de-Seine. « Le principe même était porté par la CFDT. Ce qui a mis de la difficulté, c’est l’âge pivot ».
Promesse de la campagne électorale de 2017 d’Emmanuel Macron, la retraite par points a été adoptée par l’Assemblée nationale au début de l’année 2020, mais l’examen au Sénat, à peine entamé, a été suspendu face à la crise sanitaire déclenchée par le Covid-19. Les travaux sur ce texte n’ont jamais repris et cette piste de réforme a été définitivement abandonné par l’exécutif après la présidentielle.