Retraites: la réforme en Conseil des ministres, les opposants dans la rue

Retraites: la réforme en Conseil des ministres, les opposants dans la rue

Les opposants à la réforme des retraites ont à nouveau battu le pavé vendredi dans toute la France, pendant que le gouvernement adoptait un...
Public Sénat

Par Cyril TOUAUX, Déborah CLAUDE, avec les bureaux de l'AFP en régions

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Les opposants à la réforme des retraites ont à nouveau battu le pavé vendredi dans toute la France, pendant que le gouvernement adoptait un projet de loi en Conseil des ministres, dont le Conseil d'Etat n'a pas eu le temps de "garantir au mieux la sécurité juridique".

Ils étaient plus d'1,3 million dans toute la France, selon la CGT, 249.000, selon le ministère de l'Intérieur, dont 31.000 à Paris.

Selon la comptabilisation du cabinet Occurrence pour un collectif de médias dont l'AFP, 39.000 personnes ont défilé à Paris, entre 350.000 à 400.000 selon la CGT.

Le cortège a rallié dans le calme la place de la République à celle de la Concorde peu après 16H00. Ailleurs en France, plus de 127.000 manifestants étaient recensés dans l'après-midi par l'AFP dans une soixantaine de villes, selon un décompte effectué à partir des chiffres de la police et des préfectures.

Après plusieurs actions coup de poing dans les jours précédents, Emmanuel Macron a dénoncé "les actes de violence et la radicalité de certains blocages", appelant "à la plus grande fermeté à l'égard de leurs auteurs", selon des propos rapportés par Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, à l'issue du Conseil des ministres.

"On pourrait dénoncer la violence de certains de ses propos", a réagi le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, à propos des déclarations présidentielles.

Ce mouvement, entamé le 5 décembre, "reste massif, on a des taux de grève importants, il s'inscrit dans la durée", a affirmé Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, majoritaire dans l'Éducation.

Le taux de grévistes était de 7,98% dans la fonction publique d'État et de 11% dans l'Education nationale, selon le gouvernement, 40% selon les syndicats enseignants.

"La démocratie sociale et politique ne s'est pas exercée. Espérons que, dans les mois qui viennent, à l'occasion du débat parlementaire et des amendements, la démocratie reprenne un peu ses droits", a insisté le président de la CFE-CGC François Hommeril.

- Actions les 30 et 31 janvier -

Retraites : les journées de mobilisation
Graphique sur les journées de mobilisation, le nombre de jours de grève et le taux de grévistes
AFP

Une nouvelle journée interprofessionnelle a été décidée pour le 29 janvier après une réunion de l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse) vendredi. La CFE-CGC, qui souhaitait faire une "pause", ne s'y est pas associée. Des actions devraient également être organisées les 30 et 31.

En régions, un policier a été blessé à Metz où plus de 2.500 personnes défilaient dans un nuage de fumigènes. En fin de cortège, il a reçu une pierre sur la tête et a été pris en charge par les secours.

Dans cette ville, une pancarte proclamait "Grandes soldes en Macronie, liquidation totale des droits sociaux, tout doit disparaître".

A Lille (2.800 manifestants selon la préfecture, 20.000 selon la CGT) Nadine Dryburgh, fonctionnaire au Conseil régional a "le sentiment que le gouvernement se radicalise (...) si on laisse tomber maintenant, l'étape suivante ça va être la sécurité sociale, puis la 5e semaine de congés payés, ce sera la fin!".

12.000 personnes ont manifesté à Saint-Étienne selon la CGT, 2.300 d'après la police qui a relevé des tags et jets de peinture sur la permanence électorale du maire LR Gaël Perdriau et celle d'Hervé Revelli (SE, soutenu par LREM), ainsi que sur la façade de l'Atelier Google.

Quelque 200 avocats du barreau de Bordeaux se sont réunis sur les marches du tribunal, en robe et portant tous des masques blancs, symbolisant selon l'un d'eux "la mort promise à 30% des avocats à cause de la réforme des retraites". Le Conseil national des barreaux (CNB), qui a rencontré jeudi le Premier ministre Édouard Philippe, a déploré qu'il n'y ait eu "aucune nouvelle proposition". Il décidera samedi de la suite du mouvement de grève.

- 'Projections financières lacunaires' -

Une nouvelle coupure de courant a affecté 34.000 foyers à Périgueux (Dordogne) pendant une heure, selon la CGT Énergie et le réseau RTE. En Corse, la CGT a affirmé avoir basculé les compteurs en heures creuses.

A Paris, la Tour Eiffel était fermée. Les transports étaient de nouveau affectés par la grève, avec 13,9% de grévistes à la SNCF vendredi matin.

Pour samedi, la SNCF prévoit "un trafic normal, avec peut-être quelques adaptations" et la RATP un trafic "quasi normal", sauf sur la ligne 13 qui restera "perturbée".

Manifestaion à Marseille contre la réforme des retraites le 24 janvier 2020
Manifestaion à Marseille contre la réforme des retraites le 24 janvier 2020
AFP

L'exécutif s'en tient à son calendrier. Adoptés en Conseil des ministres, les deux projets de loi - l'un organique, l'autre ordinaire - visant à créer un "système universel" de retraite par points vont être transmis à l'Assemblée nationale pour un débat en séance publique à partir du 17 février en vue d'un premier vote début mars.

Clé de voûte financière de la réforme des retraites, "l'âge d'équilibre reste dans la loi", même si le gouvernement a renoncé à l'appliquer dès 2022, a indiqué vendredi la ministre des Solidarités Agnès Buzyn.

Les discussions se poursuivent entre gouvernement, syndicats et patronat sur des points-clés comme la pénibilité, le minimum de pension, les fins de carrière et l'emploi des seniors.

Autant de sujets qui rendent incertain le coût final de la réforme, dont "l'équilibre d'ici 2027" est renvoyé à une "conférence des financeurs" qui sera lancée le 30 janvier et doit proposer une solution avant la fin avril. La CGT et FO n'ont pas encore dit si elles y participeraient.

De son côté, le Conseil d'État a indiqué en fin de journée qu'il n'a pas eu le temps de "garantir au mieux la sécurité juridique" de la réforme, déplorant aussi les "projections financières lacunaires" du gouvernement et un recours aux ordonnances qui "fait perdre la visibilité d'ensemble".

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