« On est dans une guerre de tranchée, on l’assume », martèle Éric Coquerel. Le député (La France insoumise) de Seine-Saint-Denis, invité de « Parlement Hebdo » sur Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, annonce ce vendredi que son groupe va « recommencer » son combat à l’Assemblée nationale contre la réforme des retraites à partir du 17 février, début de l’examen en séance publique du texte. « On va déposer plus de 20 000 amendements, on ne sera pas les seuls », précise-t-il. « Le calendrier pour la suite ne va pas tenir. Car nous allons recommencer, et très vraisemblablement, le 3 mars, il n’y aura pas de vote de cette loi. »
Ces derniers jours, en commission spéciale, le groupe La France insoumise était à l’origine de plus de 19.000 amendements déposés sur un total de quelque 22.000. Dans le calendrier contraint, la présidente, Brigitte Bourguignon (La République en marche), a constaté que sa commission ne pouvait pas présenter un texte amendé à l’hémicycle : en 75 heures de discussion, 5566 amendements ont été examinés.
La clôture du dépôt des amendements sur le projet de loi en séance est prévue ce vendredi à 17h00. À cinq heures de l’échéance, le compteur affichait plus de 25.000 amendements, tous groupes confondus.
« Ils déclarent la guerre »
Cette obstruction parlementaire, « la gravité de cette loi nous y contraint », a expliqué Éric Coquerel. « Ils déclarent la guerre à un des deux piliers du patrimoine social français, la question des retraites. Notre travail, c’est de les ralentir autant que possible de façon à ce que le mouvement social reprenne un second souffle et aussi de s’en servir pour argumenter. »
Cette stratégie a payé, selon le député, qui note que l’opposition à la réforme n’a pas diminué dans la population. « Très souvent on les a poussés dans leurs retranchements et se sont révélés des aspects de cette loi qui jusque-là n’étaient pas dans l’actualité. » C’est par exemple le cas du mécanisme d’indexation des points au cours d’une carrière, qui est pour l’heure inconnu.
Éric Coquerel rappelle également qu’une motion référendaire, à l’initiative des groupes de gauche, sera examinée lundi. Adopté, un tel texte proposerait au président de la République de soumettre au référendum le projet de loi. « Quand on a une situation bloquée de ce type, ça peut être aussi l’issue par le haut de revenir aux urnes. »
Quant à l’hypothèse du dépôt d’une motion de censure (qui doit réunir le soutien d’un dixième de l’hémicycle, soit 58 députés), les socialistes ne semblent pas disposés à la cosigner pour le moment. « C’est maintenant que le combat doit s’engager », les a encouragés Éric Coquerel.