La réforme des retraites est mal engagée, de l’avis d’Éric Woerth, qui avait conduit celle de 2010, et qui avait progressivement relevé l’âge de départ de 60 à 62 ans. Invité de Public Sénat, le député Les Républicains estime que seules trois questions vont compter. « À quel âge je pars ? C’est la première des questions que vont se poser les Français. Avec quelle pension ? Et est-ce que ces revenus sont garantis ? »
Plusieurs vents contraires ont soufflé sur la réforme ces derniers jours au sein du gouvernement. La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, s’était déclarée favorable à titre personnel à un allongement de la durée de travail, une proposition qualifiée de « courageuse » par son collègue Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics. Mais jeudi, lors d’un colloque organisé au Sénat, le haut-commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye, a réaffirmé qu’il fallait conserver l’âge de 62 ans.
« Je vois que M. Delevoye, son équipe, a bien du mal à répondre à cette question parce qu’il ne se pose pas les bonnes questions. Depuis le début. Et c’est d’ailleurs ce qui crée les couacs, la cacophonie au gouvernement », considère Éric Woerth.
« La vraie injustice, ce sont les régimes spéciaux »
Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale continue de plaider pour une remontée progressive de l’âge légal de départ à la retraite. « On voit bien que l'espérance de vie augmente et qu'il faut augmenter au fur et à mesure du temps l'âge auquel on peut partir en retraite (...) Il faut peut-être monter d’un trimestre par an jusque dans les années 2030 ou 2032. Il faut remonter de trois ans l'âge de départ pour assurer le financement des régimes. »
Affirmant que seule la droite a osé mener les réformes des retraites importantes, le député redoute aujourd’hui que la montagne accouche d’une souris. Le gouvernement est capable de faire une réforme a minima », considère-t-il. Au-delà de l’âge, Éric Woerth appelle également à revenir sur les régimes spéciaux, qui représentent selon lui « la vraie injustice » entre les salariés.