Retraites : le Medef soutient la nouvelle réforme de Macron
Invité d’Extralocal, Geoffroy Roux de Bézieux est revenu sur les annonces d’Emmanuel Macron sur la réforme des retraites. Le chef de l’Etat a précisé ce mercredi que celle-ci était bien repoussée mais a tout de même détaillé les modifications par rapport à la réforme de 2019. Une nouvelle version qui plaît au président du Medef, tant sur le calendrier que sur le fond.

Retraites : le Medef soutient la nouvelle réforme de Macron

Invité d’Extralocal, Geoffroy Roux de Bézieux est revenu sur les annonces d’Emmanuel Macron sur la réforme des retraites. Le chef de l’Etat a précisé ce mercredi que celle-ci était bien repoussée mais a tout de même détaillé les modifications par rapport à la réforme de 2019. Une nouvelle version qui plaît au président du Medef, tant sur le calendrier que sur le fond.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Mercredi soir, le Président de la République confirmait l’abandon de la réforme des retraites, mais pour ce quinquennat simplement, puisqu’il a esquissé les contours d’une réforme future, qu’il devrait donc apparemment mener s’il venait à être réélu à la magistrature suprême. Le Medef n’avait jamais été l’opposition la plus virulente à la réforme des retraites menée par l’exécutif à l’hiver 2019-2020, mais il subsistait quelques points de désaccords.

« Il faut travailler plus longtemps »

Sur les hésitations autour de la fameuse « mesure d’âge » notamment, où Édouard Philippe poussait pour un report de l’âge légal de la retraite tandis qu’Emmanuel Macron rechignait, une réforme paramétrique étant explicitement écartée dans son programme pour la présidentielle de 2017. Là-dessus Geoffroy Roux de Bézieux se montre clair : « Il faut travailler plus longtemps, ce n’est pas une nouvelle agréable, je comprends. Tous les pays autour de nous travaillent plus longtemps pour des raisons de démographie et comme on a choisi un système par répartition, [il faut travailler plus longtemps.] » Le patron des patrons français a donc dû se réjouir d’entendre le Président de la République dire mercredi soir qu’il était « maintenant clair qu’il fallait travailler plus longtemps. »

Le président du Medef semble aussi partager son goût du « en même temps » avec le Président de la République, puisque, d’après lui, la seule autre solution serait de « créer des millions d’emplois » comme le propose… Jean-Luc Mélenchon : « Jean-Luc Mélenchon dit qu’il n’y a qu’à créer des emplois et on a réglé le problème. Techniquement il a raison. » On n’entend pas ça tous les jours dans la bouche du président du Medef. « Sauf que la probabilité pour qu’on ait suffisamment d’emplois, donc de cotisants… » Nous voilà rassurés, les probabilités évitent à Geoffroy Roux de Bézieux de tomber trop à gauche.

« Le régime universel, ça marche sur Power Point »

Reste la question de l’unification des fameux 42 régimes. Là encore, le président du Medef semble rassuré, si besoin était, puisqu’Emmanuel Macron « a renoncé à son régime universel, et c’est une bonne chose. » Geoffroy Roux de Bézieux poursuit : « 3 régimes c’est ce que l’on proposait. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que la réforme serait entrée en vigueur, même sans la pandémie. Le régime universel, ça marche sur Power Point. Mais on a accumulé des complexités et vouloir tout transformer d’un coup ce n’est pas possible, c’est trop compliqué. Donc déjà cette réforme des trois régimes, c’est un gros boulot et c’est largement suffisant. » Le président du Medef rejoint aussi le chef de l’Etat dans la volonté de prendre en compte la pénibilité, mais « sans l’usine à gaz de M. Hollande. » Emmanuel Macron ne devrait pas être trop en désaccord, puisqu’à peine arrivé au pouvoir en octobre 2017, il avait « simplifié » le compte pénibilité mis en place sous François Hollande en retirant 4 facteurs de pénibilité sur 10.

Enfin, sur le calendrier, le président du Medef confirme ce qu’Emmanuel Macron disait mercredi : « J’ai vu tous les représentants des salariés, comme des dirigeants d’entreprises ou les indépendants. Ils m’ont tous dit : ‘surtout pas, on est fatigués. Ce n’est pas une urgence, ça ne changera pas les 6 prochains mois’. » En effet, le Medef « s’est retrouvé aligné avec les syndicats de salariés pour dire ‘pas maintenant’ », notamment parce que la mesure d’âge ne figurait pas dans le programme 2017 du candidat Macron. Ainsi Geoffroy Roux de Bézieux voit dans l’élection présidentielle prochaine une bonne opportunité de profiter de « l’onction du suffrage universel » afin de faire passer cette mesure d’âge dans l’opinion. Le Medef fera passer un oral aux principaux candidats à la présidentielle, nul doute que celui d’Emmanuel Macron ne sera pas un moment trop difficile à passer.

Partager cet article

Dans la même thématique

Vote de confiance : LR toujours en réflexion sur l’après 8 septembre
4min

Politique

Vote de confiance : LR toujours en réflexion sur l’après 8 septembre

Un bureau politique des Républicains s’est réuni ce 27 août sous l’égide de Bruno Retailleau. Le parti maintient la position édictée par son président, à savoir le refus de la chute du gouvernement, mais temporise toujours sur l’attitude à adopter en cas de changement d’équipe à Matignon.

Le

Paris: French Pm Press conference
10min

Politique

Arrière-pensées pour 2027 ou alerte sur la dette : que vise vraiment François Bayrou avec le vote de confiance ?

L’annonce surprise par François Bayrou d’un vote de confiance à l’issue quasi impossible interroge. Certains, comme le sénateur LR Max Brisson, y voient « un coup théâtral » pour assurer sa sortie et une éventuelle candidature à la présidentielle. « Spéculation », balaie d’un revers de main un proche du premier ministre, pour qui « ce n’est aujourd’hui pas d’actualité ».

Le

SIPA_01036602_000013
5min

Politique

Paris : les dessous du deal entre Dati et Barnier

Il ne devrait pas y avoir de guerre des droites à Paris, en tout cas pas pour le moment. La commission nationale d’investiture de LR s’apprête à soutenir officiellement la candidature de Rachida Dati aux municipales à Paris en mars prochain. En échange, la ministre de la Culture laisserait le champ libre à Michel Barnier, investi par le parti à la législative partielle dans la 2e circonscription de Paris.

Le