Paris : Meeting with the Prime Minister at Matignon
President of the Socialist, Ecologist and Republican group in the French Senate Patrick Kanner speak with the press after a meeting with the French Prime Minister at the Hotel Matignon in Paris on November 27, 2024.//ACCORSINIJEANNE_MATIGNON.0039/Credit:JEANNE ACCORSINI/SIPA/2411272102

Retraite à 64 ans : le PS prêt à renégocier pendant « 6 mois », à condition d’une « suspension » de la réforme par François Bayrou

Alors que le premier ministre voulait reprendre les discussions sur les retraites pendant 9 mois, « François Bayrou a ramené hier la durée à 6 mois, le temps de la négociation. En 6 mois, on est capable de trouver un accord », selon Patrick Kanner. Les socialistes acceptent l’idée d’une négociation globale, à condition de suspendre la réforme.
François Vignal

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« On est dans le dur ». Si une certaine discrétion a prévalu depuis le début des négociations entre la gauche (hors LFI) et le gouvernement, en vue d’un éventuel accord de non-censure, Patrick Kanner relate maintenant, ce vendredi, l’état des discussions. Et jusqu’ici, tout va à peu près bien.

« Objectivement, on sent une volonté »

« Objectivement, on sent une volonté », salue le président du groupe PS du Sénat. Mais prudence, « pour l’instant, on n’a topé sur rien ». Mais « il est clair que la négociation, c’est d’abord avec nous », et non plus le RN. Des discussions autour de « réunions officielles et des rencontres officieuses, privées. Il y a une vraie volonté, on le sent chez les ministres » Eric Lombard, à l’Economie, et Amélie de Montchalin, aux Comptes publics, relate le sénateur. Et pour cause : le gouvernement joue sa survie sur l’obtention d’un accord de non-censure avec une partie de l’hémicycle de l’Assemblée.

Sur la pile des demandes, « on a cinq grands chantiers : retraites, pouvoir d’achat, services publics et collectivités territoriales, car les deux sont liés, bifurcation écologique et justice fiscale », rappelle le sénateur PS du Nord.

Pour suspendre, « ils travaillent sur d’autres formules, à caractère réglementaire, pour décaler dans le temps »

Au-delà de la question du budget ou du budget de la Sécu, c’est sur la réforme des retraites de 2023 que beaucoup se joue. « Nous, on a toujours demandé la suspension pendant le temps de la négociation », rappelle-t-il. Ce qui n’était d’abord pas possible de la part du gouvernement semble aujourd’hui ouvert. « François Bayrou (qui proposait des discussions pendant 9 mois, ndlr) a ramené hier la durée à 6 mois, le temps de la négociation. En 6 mois, on est capables de trouver un accord », affirme Patrick Kanner, confirmant ce qu’il a expliqué ce matin sur France Info. « Aujourd’hui, nous disons oui à Monsieur Bayrou sur sa proposition de revenir dans une négociation globale, avec les formations politiques, les syndicats, le patronat et aboutir. Il a ramené le délai à 6 mois. Une négociation de 6 mois qui pourrait commencer très vite s’il n’y a pas de censure. Pendant ce temps-là, nous demandons une suspension, ou l’équivalent d’une suspension, en tout cas un signe fort », a affirmé l’ancien ministre socialiste sur la radio publique.

Mais une suspension proprement dit nécessiterait sûrement un projet de loi. « Ils travaillent sur d’autres formules, à caractère réglementaire, pour décaler dans le temps peut-être les trimestres pour les personnes concernées », nous précise Patrick Kanner, qui veut « rentrer dans la négociation sans avoir l’épée de Damoclès de la mise en œuvre de la réforme. On veut un premier geste qui accompagne la négociation, qui peut améliorer le dispositif sur les carrières longues, les carrières hachées, les métiers pénibles. Et on souhaite une remise en cause sur la mesure d’âge ».

Mais pas sûr que toute la gauche suive. Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, a réagi sur X (ex-Twitter), en mettant en garde sur les déclarations de Patrick Kanner…

« Les ministres montrent que la justice fiscale est une de leur préoccupation »

Pour le reste, « la justice fiscale doit être incarnée par des mesures. Et Eric Lombard comme Amélie de Montchalin n’ont pas envie de nous faire plaisir, mais ils montrent que la justice fiscale est une de leur préoccupation ». Ainsi, « la question de la taxation des superdividendes et les rachats d’action, c’est sûr que ça se reproposera », lance Patrick Kanner, qui attend de voir cependant : « La question, c’est est-ce que ça sera des clopinettes ou pas ? Est-ce qu’on touche à la politique de l’offre ? »

Quant à la taxation des plus riches, selon L’Opinion, « en lieu et place de la contribution différentielle sur les hauts revenus, Eric Lombard et Amélie de Montchalin ont mis sur la table une proposition de taxation du patrimoine des plus fortunés, une petite « taxe Zucman » », écrit le quotidien. Sur ce point, Patrick Kanner est beaucoup moins affirmatif. « Je ne sais pas si ce sera jusque-là », « c’est une surinterprétation. On n’est pas rentrés dans le détail comme ça », tempère le patron du groupe PS, qui ajoute que « le gouvernement recherche, il travaille à un nouveau dispositif fiscal. Il y a une volonté ».

« Je pense que les arbitrages seront donnés le plus vite possible »

Espère-t-il un retour du premier ministre ce week-end, soit avant son discours de politique générale du 14 janvier ? « J’espère le plus vite possible. Je pense que les arbitrages seront donnés le plus vite possible. On ne souhaite pas découvrir les conditions dans le discours de politique générale ». Et de rappeler : « C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses… » En tout état de cause, le président du groupe PS demande à voir François Bayrou. « Il est utile de le rencontrer avant son discours de politique générale. Un contact officiel ou officieux est nécessaire », pense le sénateur du Nord. « On sait bien qu’on n’aura pas tout », conclut Patrick Kanner, « mais il faut que chacun se fasse confiance ». Un nouveau monde.

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