Retraites : les 10 sénateurs qu’il va falloir suivre lors des débats parlementaires

Retraites : les 10 sénateurs qu’il va falloir suivre lors des débats parlementaires

Le Sénat s’apprête à examiner la réforme des retraites pendant près de 11 jours et autant de nuits. Moins médiatiques que les députés, quels sont les sénateurs à suivre lors des débats ?
Simon Barbarit

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Le 2 mars, c’est le top départ de l’examen en séance publique de la réforme des retraites au Sénat. Après l’Assemblée, les projecteurs vont donc être braqués sur la chambre haute. Les élus y sont moins médiatiques qu’au Palais Bourbon mais certains pourraient faire parler d’eux. Pour mémoire, en 2018, l’affaire Benalla avait apporté une notoriété subite à certains membres de la commission d’enquête, comme Philippe Bas ou Jean-Pierre Sueur.

Dans chaque groupe politique de la Haute assemblée, les élus sont tous d’accord sur au moins un point. Ils ne veulent pas imiter leurs collègues députés par des invectives ou de coups d’éclat et promettent un débat de fond sur l’ensemble des articles.

Au Sénat, la droite, avec l’appui du groupe centriste, est majoritaire. Ils sont favorables à la réforme des retraites mais entendent enrichir le texte et ont déjà posé leurs conditions.

Bruno Retailleau

C’est le président du groupe LR. Candidat malheureux à la présidence de son parti, le sénateur de Vendée, proche de François Fillon, est élu à la Haute-assemblée depuis 2004. Généralement en première ligne sur les textes traitant de l’immigration, de la laïcité ou encore de sécurité, Bruno Retailleau fera entendre sa voix dans l’hémicycle.

« Cette réforme, c’est notre réforme », a-t-il souligné au mois de janvier en rappelant que le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans a été adopté depuis déjà plusieurs années au Sénat, via un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Toutefois, dans un entretien au Parisien, le patron de la droite sénatoriale a posé une ligne rouge pour sa famille politique : « le gouvernement n’aura pas l’aval du Sénat sans mesures fortes pour les mères de famille ».

Hervé Marseille

Hervé Marseille est l’autre pilier de la majorité sénatoriale. A la tête d’un groupe centriste de 57 sénateurs, l’ancien maire de Meudon a un poste stratégique au Sénat. C’est de sa bonne entente avec les Républicains que dépend l’adoption des textes. L’été dernier, lors de l’examen du projet de loi pouvoir d’achat, Hervé Marseille s’était démarqué de Bruno Retailleau en défendant des amendements en faveur d’une taxation des superprofits.

Sur la réforme des retraites, les centristes aussi veulent faire entendre et adopter leurs propositions, pas forcément les mêmes que les LR. Les centristes plaident pour un index des seniors dans les entreprises de moins de 300 salariés. Ils défendent également « un bonus/malus » pour sanctionner les entreprises qui n’agissent pas suffisamment en faveur de l’emploi des seniors. Deux points qui, à l’origine, n’avaient pas les faveurs des LR.

René-Paul Savary

C’est le Monsieur Retraites des Républicains au Sénat. René-Paul Savary est président de la mission d’évaluation et de contrôle de la Sécurité Sociale. Il sera le rapporteur du texte. Depuis 2017, il est le rapporteur de la mission retraites du budget de la Sécu où chaque année il fait adopter un amendement reportant l’âge légal de départ à 64 ans. Il fait également partie des sénateurs siégeant au Conseil d’orientation des retraites (COR).

Le sénateur de la Marne, qui entend bien poser sa patte sur le projet de loi, s’est déjà montré critique sur les propositions du gouvernement concernant les carrières longues. Un geste du gouvernement pourtant fait en direction de sa famille politique. Mais, selon René-Paul Savary, c’est « un système très peu lisible, et pénalisant pour certains, comme les personnes en longue maladie ».

Catherine Deroche

C’est la présidente LR de la commission des affaires sociales du Sénat. Comme ses collègues du groupe, la sénatrice du Maine-et-Loire n’entend pas donner un blanc-seing au gouvernement. « Ce n’est pas parce que l’inspiration de la réforme emprunte au désormais fameux amendement Savary que nos exigences s’en trouvent amoindries ! », avait-elle prévenu lors d’une audition récente du ministre du Travail, Olivier Dussopt. Catherine Deroche n’en est pas moins convaincue de la nécessité d’une réforme des retraites repoussant l’âge de départ. « Les syndicats se bloquent sur l’âge, et seront, je pense, toujours opposés à une réforme des retraites ». Face à des représentants syndicaux auditionnés par la commission, la présidente avait peu apprécié les propos d’un syndicaliste de la CGT qui avait déclaré que les citoyens regarderaient « attentivement le vote de chaque parlementaire ».

Élisabeth Doineau

Elle est la rapporteure générale de la commission des affaires sociales. La sénatrice centriste sera elle aussi en vue lors des débats parlementaires. Comme Catherine Deroche, Élisabeth Doineau est spécialiste des questions de santé. Lors du dernier quinquennat, à la demande du gouvernement, elle avait remis un rapport sur les déserts médicaux. Le gouvernement pourra compter sur elle pour trouver des compromis. Lors de la dernière présidentielle, elle avait d’ailleurs parrainé la candidature d’Emmanuel Macron. La sénatrice de Mayenne s’est montrée attentive à l’équilibre financier de la réforme.

Patrick Kanner

Ancien ministre des Sports, le président du groupe PS du Sénat est l’un des farouches opposants à la réforme des retraites. Avec les élus écologistes et communistes, il est déterminé à « utiliser tous les moyens de procédure », pour que le 12 mars au soir, date limite des débats, le texte ne soit pas adopté. Pour autant, le sénateur du Nord appelle de ses vœux un débat sur l’ensemble des articles, y compris l’article 7 sur le report de l’âge légal, « afin de clarifier la position des uns et des autres ». Il a récemment interpellé la Première ministre, lors des questions d’actualité au gouvernement. « Vous êtes la Première ministre des plus riches manifestement […] Ayez un peu de bienveillance vis-à-vis de nos concitoyens, retirer votre réforme », l’a-t-il enjoint.

Éliane Assassi

La présidente du groupe CRCE (à majorité communiste) sort d’une année riche d’un point de vue politique. Elle fut la rapporteure de la retentissante commission d’enquête sur les cabinets de conseil. Des travaux qui ont débouché sur une proposition de loi. Et qui lui ont permis de recevoir 2 prix : celui de l’association anti-corruption Anticor, et le prix du trombinoscope. Elue depuis 2004, Éliane Assassi n’en est pas à sa première opposition à la réforme des retraites. En 2010, son groupe politique avait multiplié les actions en dedans et au dehors de l’hémicycle pour s’opposer à la réforme Woerth.

Guillaume Gontard

Le président du groupe écologiste du Sénat est comme ses collègues des groupes de gauche largement opposé à la réforme. Le sénateur de l’Isère a indiqué que son groupe sera force de propositions, et ne fera pas d’obstruction. « On aurait pu se dire qu’on dépose 40 000 amendements. Ce n’est pas du tout cette stratégie qui a été choisie. On a cette responsabilité au Sénat de montrer autre chose et qu’on est en capacité de débattre correctement », a-t-il affirmé. Opposé à la fin des régimes spéciaux, Guillaume Gontard réfléchit à ouvrir le débat sur la retraite des sénateurs. Néanmoins des amendements visant le régime de retraite des sénateurs ne seraient pas recevables dans ce projet de loi.

Monique Lubin

C’est la Madame Retraite du groupe socialiste du Sénat. La sénatrice des Landes est aussi membre du Conseil d’orientation des retraites (COR). Elle estime, à ce titre, que « le gouvernement ne se sert du COR que sur le solde du régime, alors qu’il faut regarder tout le travail qui est fait sur l’évolution démographique, l’évolution du nombre de retraités en bonne ou en mauvaise santé, s’ils prennent leur retraite à taux plein ou non. ».

Monique Lubin qualifie la réforme du gouvernement « d’idéologique », portée « par ceux qui travaillent depuis longtemps déjà et qui ont les métiers les plus difficiles et les moins rémunérés et par les précaires », sans « aucune contrepartie aux employeurs.

François Patriat

Le président du groupe RDPI (Renaissance) à majorité présidentielle est un fidèle parmi les fidèles du chef de l’Etat. Il a récemment regretté que les avancées contenues dans le projet de loi soient aussi difficiles à expliquer aux Français. Le sénateur de Côte-d’Or insiste sur « la prise en compte des carrières hachées pour les femmes, en intégrant les congés parentaux, la pénibilité, l’emploi de séniors ». « Tout peut se passer dans un conflit social, mais je ne suis pas inquiet, ni tétanisé par un blocage de la France », déclarait-il en janvier dernier. Rendez-vous le 7 mars, date de la prochaine mobilisation sociale, en plein débat au Sénat.

 

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