La présidente du Conseil national des barreaux (CNB), Christiane Feral-Schuhl, a salué mercredi la "détermination intacte" des avocats, entrés dans leur troisième semaine d'une grève dure contre la réforme des retraites, faisant le constat d'un dialogue de sourds avec le gouvernement.
"Le gouvernement passe en force. Il n'y a actuellement pas de marge de négociation: le régime universel sera imposé à l'avocat et il sera préjudiciable à notre modèle économique et à l'accès au droit", a déclaré Mme Féral-Schuhl dans ses voeux à la presse.
Le projet de réforme prévoit notamment de doubler les cotisations retraite (de 14 à 28%) pour les avocats gagnant moins de 40.000 euros par an, et les pensions, actuellement au minimum de 1.400 euros net, passeraient à 1.000 euros, selon le CNB.
Seule concession envisagée, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a proposé "une diminution des cotisations hors retraite" pour compenser la hausse des prélèvements retraite.
Un leurre pour les robes noires. Le CNB estime n'avoir aucune garantie valable car "tout aménagement du régime universel peut être contraire à la Constitution: c'est ce que dit le Conseil d'Etat", selon Mme Féral-Schuhl.
Manifestation d'avocats contre la réforme des retraites à Lyon, le 24 janvier 2020
AFP
"Je suis éberluée par la capacité de l'Etat à vouloir détruire ce qui fonctionne et à créer des usines à gaz", a-t-elle dit, défendant un régime autonome "solidaire" et qui "ne coûte pas un euro" d'argent public.
Une nouvelle fois, elle a dénoncé les simulations présentées par le gouvernement, fondées sur un "avocat imaginaire" qui débuterait sa carrière à 23 ans avec 43.000 euros net de revenus annuels alors qu'un avocat prête serment en moyenne à 27/28 ans et qu'un tiers de la profession gagne moins de 30.000 euros net par an, selon le CNB.
"Cette profession n'a jamais été aussi proche de la rupture avec le gouvernement", a-t-elle déploré.
Le CNB, qui représente les 70.000 avocats français, a voté samedi à l'unanimité la poursuite du mouvement de grève, reconduit dans certains barreaux de manière illimitée.
La mobilisation des avocats, partout dans le pays, a conduit à l'embolie des juridictions, avec jusqu'à 80 à 90% des audiences pénales renvoyées à Nantes, Grenoble ou Nice. Une situation qui commence à susciter des critiques chez les magistrats qui déplorent un allongement des délais de jugement et une surcharge de travail qui sera difficile à résorber.
Les avocats de Seine-Saint-Denis manifestent devant le tribunal de Bobigny près de Paris, le 22 janvier 2020
AFP/Archives
"Nous attendons des propositions", ont indiqué les représentants des avocats, avant une nouvelle rencontre "à confirmer" dimanche avec le Premier ministre.
Le CNB appelle profession à participer à une manifestation nationale à Paris lundi 3 février avec le collectif SOS retraites, qui regroupe une grande majorité de professions libérales.
Selon notre baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, seulement 17 % des Français se disent « optimistes » concernant l’avenir du pays. Ainsi, 28 % des sondés affirment être « très pessimistes » et 55 % « assez pessimistes ».
Selon notre baromètre Odoxa/ Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, l’impopularité du président de la République a atteint un nouveau record avec seulement 22 % d’opinions favorables. La cote de popularité de Sébastien Lecornu est nettement supérieure (32 %) même si le Premier ministre est très fragilisé.
D’après notre baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, Jordan Bardella et Marine Le Pen sont les deux personnalités politiques qui recueillent le plus de soutien ou de sympathie de la part des Français. Les deux figures du RN devancent Edouard Philippe tandis que le reste de la classe politique recule.
Le premier ministre joue peut-être son avenir cette semaine. Après avoir de nouveau déjeuné avec les cadres du socle commun, il sera confronté jeudi à une nouvelle mobilisation puis recevra des socialistes très déçus après son interview. « Au moment où je vous parle, on est plutôt sur la dynamique de la censure », prévient Patrick Kanner, patron des sénateurs socialistes. Mais le PS ne ferme pas encore la porte.
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