Retraites : les groupes de gauche du Sénat saisiront le Conseil constitutionnel dans les prochaines heures
Socialistes, communistes et écologistes devraient déferrer officiellement la réforme des retraites devant le Conseil constitutionnel d’ici jeudi au plus tard. L’annonce d’une saisine par la Première ministre a également inquiété à gauche, certains y voyant le moyen de contrecarrer le projet de référendum d’initiative partagée (RIP).

Retraites : les groupes de gauche du Sénat saisiront le Conseil constitutionnel dans les prochaines heures

Socialistes, communistes et écologistes devraient déferrer officiellement la réforme des retraites devant le Conseil constitutionnel d’ici jeudi au plus tard. L’annonce d’une saisine par la Première ministre a également inquiété à gauche, certains y voyant le moyen de contrecarrer le projet de référendum d’initiative partagée (RIP).
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le coup d’après. Au lendemain de l’échec de la motion de censure et de l’adoption de la réforme des retraites, les parlementaires de gauche continuent d’actionner tous les leviers à leur disposition pour obtenir le retrait du projet de loi. Hier, le Conseil constitutionnel a enregistré le dépôt d’une proposition de loi pour organiser en faveur d’un référendum d’initiative partagée (RIP) sur la limitation de l’âge légal de départ à 62 ans. Si le texte est jugé recevable, ils auront alors neuf mois pour réunir 4,87 millions de signatures sur une plateforme.

Le Conseil constitutionnel sera également saisi dans les prochaines heures à la fois par la gauche, pour vérifier la conformité du projet de loi vis-à-vis de la Constitution. Le recours des députés devrait intervenir ce mardi, celui des sénateurs pas avant ce mercredi, voire jeudi. Les opposants contestent notamment l’utilisation par le gouvernement d’un projet rectificatif du budget de la Sécurité sociale comme véhicule législatif.

Hier, le gouvernement a pris de court les oppositions, en annonçant à son tour une saisine du Conseil constitutionnel. La Première ministre Élisabeth Borne a fait savoir qu’elle saisira « directement le Conseil constitutionnel » pour un examen « dans les meilleurs délais ».

Craintes sur le référendum d’initiative partagée après l’annonce d’une saisine gouvernementale

Cette annonce surprise d’un recours gouvernemental a provoqué quelques sueurs froides à gauche. Toute la question était de savoir si l’exécutif exigeait de la part des Sages un examen du texte en urgence, c’est-à-dire en huit jours, contre un mois dans le cadre d’une procédure classique. « Le recours en urgence, ça aurait pu être pour nous emmerder sur le RIP », nous expliquait ce matin un sénateur socialiste de premier plan. Un mauvais pressentiment partagé également sur Twitter par le sénateur PS Rémi Cardon. « Est-ce qu’il n’y a pas une volonté du gouvernement de bloquer le RIP ? »

Sauf hypothèse d’une censure globale, une validation rapide – même partielle – aurait ouvert la porte vers la promulgation, et aurait donc rendu caduque la demande d’un référendum d’initiative partagée, puisque ce denier ne peut s’appliquer à une loi promulguée il y a moins d’un an.

Invité ce matin de RTL, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a semble-t-il éloigné les craintes d’une saisine en urgence. « Dans un délai d’un mois maximum, le Conseil constitutionnel nous dira si oui ou non l’ensemble du texte ou tout ou partie du texte est conforme aux règles constitutionnelles », a-t-il détaillé.

« Il y a eu un peu d’affolement et d’interrogations hier. Si ça reste bien dans l’ordre prévu, et ça a l’air d’être le cas, il n’y a pas de danger sur la proposition de loi du RIP », commente-t-on au groupe communiste du Sénat.

Si beaucoup de socialistes voient dans le RIP un moyen de « poursuivre la mobilisation » et d’en faire une sortie de crise en accordant la parole aux électeurs, d’autres doutent des chances de succès de l’opération. À commencer par sa recevabilité. « Je ne suis pas sûr que le Conseil constitutionnel accepte », considère un membre du groupe socialiste au Sénat. Ces deux dernières années, les Sages ont retoqué deux projets de RIP, l’un pour « garantir un accès universel à un service public hospitalier de qualité », un autre en faveur d’une création d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels des grandes entreprises.

Les groupes de gauche devraient s’exprimer ce 21 mars, à 17 heures, pour une conférence de presse commune à l’Assemblée nationale.

Partager cet article

Dans la même thématique

Documentaire Paris le mystère du palais disparu de Stéphane Jacques
5min

Politique

Paris, le mystère d’un palais disparu

Les promeneurs, touristes ou Parisiens qui déambulent sur le parvis de Notre-Dame, s’imaginent-ils qu’à quelques pas de là se dressait au Moyen Âge, l’une des plus somptueuses résidences d’Europe ? Et surtout, comment, six siècles plus tard, le tout premier palais de nos rois, bâti sur l’île de la Cité, au beau milieu de la capitale, a-t-il pu devenir ce fantôme de l’Histoire ? Dans son documentaire Le mystère du palais disparu, Stéphane Jacques retrace l’enquête menée par un trio de scientifiques spécialistes de la reconstitution numérique.

Le

Mericourt: Emmanuel Macron meets with  readers of the Ebra group,
11min

Politique

Face aux fake news, comment l’Elysée a opéré un « virage » dans sa communication

Suite aux « fausses informations » relayées sur le sujet de la « labellisation » des médias, l’Elysée a décidé de vite les démentir, via une vidéo sur X. Une nouvelle stratégie de communication, à l’œuvre depuis quelques mois, déjà observée lors d’une prétendue prise de cocaïne par Emmanuel Macron. Lui-même « victime » des affres des réseaux avec l’infox Jean-Michel Trogneux, il est d’autant plus sensibilisé à cet enjeu démocratique.

Le