Retraites: les partenaires sociaux reçus à Matignon pour l’acte II de la concertation
Le deuxième cycle de concertation sur le futur "système universel" de retraites a débuté jeudi à Matignon, où les premiers syndicats reçus ont...
Par Aurélie CARABIN, Gabriel BOUROVITCH
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Le deuxième cycle de concertation sur le futur "système universel" de retraites a débuté jeudi à Matignon, où les premiers syndicats reçus ont rappelé leurs positions en attendant que le gouvernement précise le calendrier et la méthode de cette réforme hautement inflammable.
Déjà consultées pendant 18 mois par le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, dix organisations syndicales et patronales sont reçues jeudi et vendredi par le Premier ministre, Édouard Philippe.
"C'est la traduction de la volonté du président (Emmanuel Macron) de pouvoir approfondir le dialogue avec les partenaires sociaux et les citoyens", a expliqué à la mi-journée M. Delevoye, entré mardi au gouvernement et présent durant ces entretiens, tout comme la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn.
"Une discussion de méthode plutôt que de fond", a résumé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui s'attend à une négociation "longue" et "compliquée".
"Il faut que cette réforme ait lieu dans la première partie de l'année 2020", a au contraire souhaité le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Du côté de Force ouvrière, "nous n'avons pas eu de précision sur le type de concertation" souhaité par l'exécutif, mais "nous avons bien l'intention d'aller expliquer les raisons pour lesquelles nous sommes opposés" à cette réforme, a indiqué Yves Veyrier.
"Le problème de départ, c'est le choix (...) d'un régime unique par points" qui sera "de facto entre les mains des gouvernements" successifs, a-t-il expliqué.
"On retrouve quand même des choses qui sont positives" dans le rapport remis par le haut commissaire mi-juillet, a nuancé Philippe Louis, numéro un de la CFTC, jugeant toutefois qu'"il y a énormément de travail à faire" pour "passer au concret".
"Nous allons travailler d'arrache-pied pour poser les curseurs au bon endroit" et "améliorer la situation" des futurs retraités du secteur agricole, a abondé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, "favorable" au projet et dernière reçue à Matignon jeudi.
Vendredi, ce sera au tour de l'U2P, l'Unsa, la CGT, la CFE-CGC et enfin la CPME.
Yves Veyrier, numéro 1 de FO, arrive à Matignon le 5 septembre 2019
AFP
Le Premier ministre avait prévenu mercredi que "la méthode et le calendrier de la réforme" ne seraient précisés que la semaine prochaine.
Un projet de loi sera "présenté dans le courant de l'année 2020", s'est contentée d'indiquer la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France Inter.
Les principaux changements proposés dans le rapport Delevoye pour le futur "système universel" de retraites promis par Emmanuel Macron
AFP/Archives
Les discussions s'appuieront sur le rapport de M. Delevoye, qui préconise un "système universel" par points remplaçant les 42 régimes existants et un âge de départ de 64 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
Mais Emmanuel Macron a annoncé fin août sa préférence pour une modulation de la durée de cotisation plutôt que de l'âge de départ.
- Équilibre financier -
Une main tendue à la CFDT, seul syndicat favorable à un "système universel" mais opposé à la mise en place d'une borne d'âge collective et à l'objectif de ramener le système à l'équilibre financier à l'horizon 2025.
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, avait souhaité que la prime de fin d'année accordée par les entreprises soit "obligatoire", et non sur une base volontaire, le 10 décembre 2018 à Paris
AFP
"Il va falloir qu'on discute un moment de la notion d'équilibre", a estimé Laurent Berger, pour qui "il n'y a pas de nécessité budgétaire urgente".
Afin de réaliser des économies, le gouvernement a envisagé d'accélérer dès 2020, via le budget de la Sécu, l'augmentation de la durée de cotisation, qui atteindra 43 ans en 2035 en vertu de la loi Touraine. Il y a renoncé pour ne pas parasiter la réforme.
Mercredi, Agnès Buzyn a précisé que "s'il devait y avoir la moindre mesure pour le retour à l'équilibre", elle figurerait "dans la loi qui concerne le nouveau système".
"Ça passe par une mesure sur l'âge", a jugé M. Roux de Bézieux, qui "soutient la proposition d'un âge pivot" à 64 ans.
Opposé au projet, Philippe Martinez (CGT) estime dans Libération qu'il vaudrait mieux faire "évoluer" le système actuel, "le plus juste au monde, basé sur la solidarité".
En attendant, la fronde prend forme: FO a prévu de mobiliser le 21 septembre, la CGT le 24. Les agents de la RATP sont appelés à la grève le 13, tandis que certains avocats, médecins et infirmières libérales défendront leurs régimes spécifiques dans la rue le 16.
Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.