Eliane Assassi

Retraites : les sénateurs communistes ont déposé une proposition de loi pour abroger la réforme

Alors que le Président de la République souhaite « accélérer » et conclure définitivement la séquence des retraites, les sénateurs communistes ont déposé une proposition de loi visant l’abrogation de la réforme des retraites.
Caroline Deschamps

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Après la censure partielle du texte par le Conseil constitutionnel et la promulgation dans la foulée, l’exécutif souhaitait passer rapidement à une nouvelle séquence politique, c’était sans compter sur le dépôt d’une proposition de loi visant l’abrogation de la réforme des retraites. Une volonté d’occuper le terrain alors même que le Conseil constitutionnel doit encore se prononcer sur la recevabilité du deuxième référendum d’initiative partagée (RIP), bien que les chances de succès soient faibles.

En début de semaine, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait déjà émis l’idée que le PS pourrait, prochainement, déposer une proposition de loi visant l’abrogation de la réforme des retraites. « Sur le principe, nous sommes évidemment d’accord mais il faut laisser du temps au temps. Il y a la manifestation du 1er mai, puis la décision du Conseil constitutionnel sur le RIP. Et si le RIP peut être lancé ou ne peut pas, la PPL prend une dimension nouvelle », affirmait le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, lundi 17 avril. A l’Assemblée nationale, le groupe LIOT réfléchit également à une proposition de loi visant l’abrogation de l’âge de départ à 64 ans. Pour les sénateurs communistes, il faut continuer de mobiliser les outils à disposition des parlementaires pour relayer la colère qui continue de s’exprimer en France.

« On est en faveur de l’utilisation de tous les leviers possibles pour abroger la réforme des retraites »

Et c’est bien parce que cette colère ne retombe pas que les sénateurs communistes ont décidé de déposer cette proposition de loi. « On est en faveur de l’utilisation de tous les leviers possibles pour abroger la réforme des retraites, on annonce une mobilisation énorme pour le 1er mai », explique Éliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, pour qui l’opposition à la réforme de retraite ne s’arrête pas à la promulgation de la loi. Il en va de la responsabilité même des élus selon Éliane Assassi, « on est parlementaires, on a des leviers à notre disposition, et donc on va évidemment les utiliser.

Une façon de soutenir le mouvement social aussi puisque des rassemblements spontanés et des actions de contestation continuent d’être organisés à travers le pays. « Il y a un alignement des planètes qui montre qu’il faut continuer de pousser, ce n’est pas un baroud d’honneur, ce n’est pas une manœuvre politique, c’est prendre en compte le réel on est dans les mobilisations, nous sommes le relais et le prolongement de cette colère », analyse Éliane Assassi. Car après plus de trois mois de mobilisation, force est de constater que l’opposition au report de l’âge légal à 64 ans reste très forte. Une persistance liée à la stratégie du gouvernement ? « Il y a une grande majorité des Français qui reste opposée à la réforme, le mécontentement continue de grandir après l’intervention de lundi soir. Il y a une forme d’entêtement qui crée une colère puissante dans le peuple, ce n’est pas un épiphénomène, il y a des mobilisations depuis le 10 janvier », observe la présidente du groupe communiste au Sénat.

« Stratégiquement ils se sont trompés et ils ont mis la charrue avant les bœufs »

Surtout, le président de la République peine à convaincre les parlementaires de sa capacité à passer à autre chose. Pas question donc, pour le groupe communiste, de tourner si facilement la page. D’autant que le « menu » prévu pour la suite, semble extrêmement flou. « Il y a des coups de communication, des sujets jetés en l’air mais on ne sait pas ce qu’il va en sortir, depuis un mois le gouvernement n’est pas du tout impliqué dans le débat parlementaire », rappelle Éliane Assassi. Cette dernière considère que « stratégiquement ils se sont trompés et qu’ils ont mis la charrue avant les bœufs » et que cette erreur va continuer de se payer sur le long terme en affectant durablement le dialogue social mais aussi la relation avec les parlementaires.

« Je pense que c’est bien aussi à un moment donné que chacun dépose la sienne »

Néanmoins, la proposition de loi communiste ne devrait pas être inscrite prochainement à l’ordre du jour puisque le groupe a épuisé sa niche parlementaire qui permet aux groupes d’inscrire des textes à l’ordre du jour. Rien d’alarmant pour Éliane Assassi qui considère d’ailleurs que le dépôt de plusieurs propositions de loi sur le sujet, par les différents groupes de gauche peut être une opportunité. « Je pense que c’est bien aussi à un moment donné que chacun dépose la sienne, c’est bien d’être signataire d’un même texte mais ça peut donner de la force de déposer plusieurs propositions », estime la présidente du groupe communiste. Une initiative qui s’explique surtout par la cohérence du groupe communiste selon Éliane Assassi et donc sa capacité à présenter rapidement une proposition.

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