Les représentants des 70.000 avocats de France ont adressé mardi une lettre ouverte à Nicole Belloubet lui enjoignant de retirer le "projet de désintégration de (leur) régime autonome de retraite", attaquant point par point les "engagements" de l'exécutif.
Répondant directement à la garde des Sceaux Nicole Belloubet qui les a appelés à suspendre leur mobilisation, ils affirment que le gouvernement "porte seul la responsabilité de ce mouvement de grève": "C'est donc à lui de trouver les solutions pour en sortir aujourd'hui, en suspendant, ou mieux, en retirant son projet de désintégration de notre régime autonome de retraite".
"Grève ou pas grève, la justice est au bord de l'implosion", affirment les représentants du Conseil national des barreaux (CNB), de la Conférence des bâtonniers et du barreau de Paris, dans cette lettre ouverte à la ministre et au secrétaire d'Etat chargé des retraites Laurent Pietraszewski.
"Vos récentes réformes ne sont pas étrangères à cet état historiquement alarmant", écrivent-ils à l'adresse de la garde des Sceaux. "Notre système judiciaire tient aujourd'hui grâce au dévouement et à la conscience citoyenne et professionnelle des magistrats, des greffiers et des avocats, trois professions à bout de souffle".
Depuis plus d'un mois, les avocats ont lancé une grève dure (défense massive, demande de renvois etc.) qui asphyxie les juridictions. Alors qu'ils cotisent à une caisse autonome, ils sont vent debout contre le projet de réforme qui prévoit de doubler les cotisations retraite (de 14 à 28%) pour les avocats gagnant moins de 40.000 euros par an.
Lundi, les députés de la commission spéciale retraites ont voté en faveur d'un abattement de 30% sur l'assiette des cotisations sociales des professions indépendantes: un amendement gouvernemental qui vise à compenser l'augmentation des taux de cotisations retraite.
Les avocats relèvent que cet amendement "supprime l'indexation des pensions sur les salaires" pendant une période transitoire et "la remplace par un +indice du revenu d'activité+ qui n'est pas défini à ce jour".
"Comment pouvez-vous donc affirmer que les avocats qui gagnent 32.000 euros auront une pension supérieure de 13% alors que vous ne disposez pas de l'indice permettant de calculer ces pensions pendant la durée (longue) de transition?", demandent-ils.
Ils relèvent également que l'abattement de 30% "serait temporaire" et que le "lissage de la hausse des cotisations" reviendra à "imposer aux avocats de financer sur leurs propres deniers leur intégration dans le régime universel".
Depuis lundi, tous les barreaux ayant tenu leur assemblée générale ont voté pour la reconduction du mouvement pour une semaine.