Interrogé quelques minutes avant l’utilisation du 49.3 par Michel Barnier, le président du groupe centriste au Sénat a pesté contre la volonté de Marine Le Pen de censurer le gouvernement s’il n’évolue pas sur la désindexation des retraites sur l’inflation.
Retraites: Macron défend une réforme “historique”, aucune éclaircie en vue ce week-end
Par Riwan MARHIC, Arnaud BOUVIER
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L'exécutif s'est montré déterminé vendredi à poursuivre sa réforme des retraites, "historique" selon Emmanuel Macron, tout en ménageant une ouverture vers les syndicats les plus modérés, à la veille du dixième jour d'une grève des transports qui ne montre pas de signe d'essoufflement.
"C'est une réforme de refondation avant toute chose", a déclaré le président de la République, évoquant un projet "historique pour le pays", en réponse à des questions insistantes lors d'une conférence de presse à Bruxelles. Le chef de l'État était resté très discret depuis le début du mouvement le 5 décembre.
Réponse cinglante d'un des leaders de la contestation, Yves Veyrier, numéro un de FO, sur BFMTV: "Le président a tendance à faire l'Histoire avant qu'elle ne se soit déroulée. Moi je pense qu'il faut éviter une erreur historique".
Lors de sa brève prise de parole, Emmanuel Macron a assuré ne pas mener une réforme "avant tout budgétaire".
C'est pourtant là que le bât blesse. Depuis l'annonce par le Premier ministre Édouard Philippe d'un "âge d'équilibre" à 64 ans, en dessous duquel on ne touchera pas sa retraite pleine, le premier syndicat français, la CFDT, mais aussi la CFTC et l'Unsa, sont furieux.
Ils ont appelé à manifester mardi prochain en même temps que l'intersyndicale CGT/FO/CFE-CGC/Solidaires/FSU et quatre organisations de jeunesse, qui réclament le retrait pur et simple du projet.
Interrogé vendredi soir lors d'un débat avec des enseignants, près de Nancy, Edouard Philippe a assuré qu'il n'avait "absolument pas peur de (mener) cette réforme", "ni des réactions", malgré les manifestations et les grèves.
Néanmoins, la discussion est encore possible. Les syndicats "réformistes" (CFDT, CFTC, Unsa et les étudiants de la Fage), favorables au principe d'un système de retraite universel par points, ont été conviés à des discussions à Matignon, "le plus tôt possible la semaine prochaine", pour évoquer "la mise en place du minimum de pension, la pénibilité, la retraite progressive et l'accompagnement des transitions vers le système universel".
Jean-Paul Delevoye, le "Monsieur retraites" du gouvernement, prendra-t-il part à cette énième concertation? Fragilisé par les accusations de conflit d'intérêts avec le monde des assurances et un cumul de fonctions interdit par la Constitution, le haut-commissaire n'a pas exclu de démissionner pour préserver la réforme.
- "Avancées" pour les policiers -
Les syndicats enseignants ont par ailleurs été reçus par le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui a participé vendredi soir à Nancy, avec Édouard Philippe, à un débat sur les retraites avec des profs. "C'était une réunion dense et franche", mais "il nous manque encore des précisions", a expliqué à l'AFP Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, à la sortie du ministère.
Les enseignants craignent de perdre une grosse partie de leur pension de retraite avec la réforme.
Les policiers, en revanche, ont reçu la confirmation vendredi du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner qu'ils pourraient partir plus tôt à la retraite grâce à la prise en compte de la "dangerosité" de leur métier.
En s'étalant en longueur, la grève a un impact sur de nombreux secteurs, en particulier en Ile-de-France.
A l'approche des fêtes de fin d'année, les commerçants parisiens - encore marqués par la crise des "gilets jaunes" l'an dernier - sont particulièrement inquiets devant la désaffection des clients. Et les hôpitaux publics de Paris ont annoncé qu'ils pourraient déprogrammer des interventions non urgentes, "afin d'éviter l'épuisement des personnels".
Car les difficultés continuent pour les usagers franciliens: le trafic RATP sera une nouvelle fois "très perturbé" samedi, avec neuf lignes de métro fermées, et s'annonce même "extrêmement réduit" dimanche.
Du côté de la SNCF également, le trafic devrait encore rester très perturbé tout le weekend, avec un TGV sur quatre, un Transilien sur six, et trois TER sur dix (assurés "essentiellement" par autocars).
A moyen terme, la perspective de voir les trains circuler normalement pour les congés de Noël s'éloigne de plus en plus.
"La question n'est pas de savoir s'il y aura des trains à Noël, mais combien", selon un responsable au siège de la SNCF. Pour donner aux voyageurs un minimum de visibilité, la direction a en tout cas prévu d'afficher le 19 décembre les "trains garantis" qui circuleront du 23 au 26.
Cette question préoccupe le gouvernement: le Premier ministre devait réunir dès son retour de Nancy vendredi à Matignon la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne, son secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari et les patrons de la SNCF et de la RATP pour "faire un point sur l'organisation optimale qui pourrait être adoptée durant les fêtes".
Pour la CGT, "c'est le gouvernement qui, par son obstination, veut compromettre les congés et les fêtes de fin d'année".
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