Retraites: Macron devrait maintenir le cap malgré un conflit qui se prolonge
Emmanuel Macron devrait, sauf surprise, défendre mardi lors de ses vœux son projet de système de retraite universel, alors que la grève entre...
Par Laurence BENHAMOU
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Emmanuel Macron devrait, sauf surprise, défendre mardi lors de ses vœux son projet de système de retraite universel, alors que la grève entre dans son 27e jour et que les questions se multiplient sur une réforme contestée et toujours mal comprise.
A la veille du Nouvel An, le conflit semble toujours sans issue, alors que la concertation entre Édouard Philippe et les syndicats ne reprendra que le 7 janvier.
Le trafic restera mercredi perturbé à la SNCF avec un TGV sur trois, quatre TER sur dix, un Transilien sur cinq et un Intercité sur dix. L'amélioration sera perceptible jeudi, et surtout le weekend de retour des vacances, où la SNCF a indiqué qu'elle comptait faire rouler 2 TGV sur 3. L'entreprise a par ailleurs annoncé pour mardi un taux de grévistes de 7,7% et plus d'un tiers chez les conducteurs.
La RATP table sur un trafic toujours "très perturbé" mercredi avec 8 lignes de métro totalement fermées. Pour la nuit de la Saint-Sylvestre, les lignes automatiques 1 et 14 circuleront jusqu'à 02H15 du matin (derniers départs à 01H45) et les lignes de bus Noctilien seront "fortement renforcées" (+50%). Comme tous les ans, les transports sont gratuits toute la nuit en Ile-de-France.
Côté raffineries, la Fédération CGT de la Chimie a appelé à un blocage de toutes les installations pétrolières - raffineries, terminaux pétroliers, dépôts - pendant 96 heures, du 7 au 10 janvier, a annoncé à l'AFP Thierry Defresne, délégué syndical central chez Total.
"Ce gouvernement n'entend rien, il faut mettre davantage de pression", a-t-il expliqué, tout en précisant qu'il s'agit de bloquer la sortie des produits pétroliers et non d'arrêter la production à ce stade.
L'allocution du chef de l'État suscite de fortes attentes des syndicats comme de l'opposition qui espèrent clarifications ou concessions alors que le mouvement reste soutenu par une majorité de Français (51%).
Manifestation à Paris le 28 décembre 2019 contre la réforme des retraites
AFP/Archives
Lors de sa courte allocution enregistrée, il devrait réaffirmer son "ambition forte" pour une réforme des retraites qui "corrige de nombreuses inégalités", a affirmé l'Élysée lundi à l'AFP.
Il devrait aussi se "redire ouvert au dialogue" mais "sans entrer dans le détail". Pas question apparemment de modifier ou moduler l'âge-pivot, une mesure qui a fait basculer la CFDT dans le camp des opposants.
Plus globalement, le président de la République devrait rappeler sa volonté de poursuivre les réformes en "invitant les Français à résister à la tentation de l'immobilisme", tout en appelant à "l'apaisement, pas l'affrontement".
- Concessions discrètes -
Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, devant la gare de l'Est, le 29 décembre 2019
AFP
Les joutes verbales gouvernement/CGT ont continué dimanche: le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a accusé le syndicat de pratiquer un syndicalisme "de blocage", voire "d'intimidation" envers les non-grévistes, le numéro un de la CGT Philippe Martinez accusant lui le gouvernement d'organiser "le bordel" et de jouer "le pourrissement" du conflit.
Depuis la présentation du projet de réforme par Jean-Paul Delevoye cet été, les questions se multiplient sur une réforme dont l'impact pour chacun est incertain, faute notamment de connaître comment sera fixée la valeur du point qui régentera le futur système.
Entre les simulateurs succincts et optimistes du gouvernement et ceux de la gauche qui prédisent de nombreux perdants ou un boulevard ouvert aux fonds de pension, difficile d'y voir clair.
Autre source d'interrogations: les concessions accordées ces derniers jours à une dizaine de catégories, allant des policiers aux pilotes de ligne en passant par les marins et les danseurs de l'opéra qui conserveront pour longtemps des régimes spéciaux. De quoi faire dire à la droite que la réforme, vidée de son contenu, redevient catégorielle.
Le gouvernement, qui veut négocier sur la pénibilité, admet lui-même désormais la nécessité de prendre en compte les cas individuels.
"Il y a eu des avancées très claires le 19 décembre, montrant que le système universel peut être dans une certaine mesure individualisé. C'est notamment le cas pour la prise en compte de la pénibilité ou le départ en retraite progressif. C'est de tout cela qu'on discutera en janvier. Le gouvernement a bien compris qu'on reprochait au système de points d'être trop mécanique", résume un conseiller ministériel.
La grève dans les transports pourrait se poursuivre jusqu'à la reprise des négociations. En ce cas, elle atteindra jeudi, avec 29 jours, le record de la plus longue grève à la SNCF depuis 30 ans.
L'an dernier à la même époque, Emmanuel Macron avait déjà dû faire face à la colère sociale avec les "gilets jaunes". Il avait alors lâché 10 milliards d'euros d'aides et renoncé à la taxe contestée sur le carburant.
Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.