Jean-Luc Mélenchon est passé à un peu plus de 400 000 voix de se qualifier au 2ème tour, mais son équipe ne compte pas laisser passer l’occasion que ce score leur permet de mettre sur Emmanuel Macron. Ce mardi matin, Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, fait monter les enchères : « Si les deux candidats veulent s’adresser à notre électorat, qui ne nous appartient pas, qu’ils le fassent, la responsabilité est dans leurs mains. L’enjeu de la question sociale doit être un enjeu de cette campagne de 2ème tour. » Derrière la volonté de capitaliser politiquement sur le score de Jean-Luc Mélenchon, un enjeu concret émerge très vite dans la discussion après les prises de parole d’Emmanuel Macron à Denain hier : « Qu’il dise clairement les choses sur les retraites », demande tout de suite Manuel Bompard. « Je ne suis pas là pour négocier avec Emmanuel Macron, qu’il prenne un engagement sur un référendum sur les retraites, sans doute que cela pourra intéresser les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Il ne faut pas faire de choses pas claires, les gens n’ont pas confiance. Moi je n’ai pas compris ce qu’il a dit hier. »
« Pour l’emporter, Emmanuel Macron doit avoir des électeurs qui se portent sur lui alors qu’ils n’adhèrent pas à son projet »
Pour le moment, on comprend bien que les évocations d’un décalage à 64 ans du report de l’âge légal de départ ne convainc pas la France insoumise : « Qu’il leur parle clairement. Il va falloir qu’il comprenne que quand on a voté pour le retour à la retraite à 60 ans, il ne peut pas être question de 63, 64 ou 65 ans. » D’après l’eurodéputé LFI, « si Emmanuel Macron veut tenir compte de la configuration particulière de ce 2ème tour, c’est-à-dire que pour l’emporter il doit avoir des électeurs qui se portent sur lui alors qu’ils n’adhèrent pas à son projet, il va falloir accepter l’idée qu’il devra s’en remettre aux Français sur un certain nombre de sujets. »
La France Insoumise semble donc sauter sur l’occasion de cette porte entrouverte par le chef de l’Etat pour renoncer – de fait – à une des mesures phares de son programme pour 2022, ou en tous cas à tenter de la soumettre à un référendum plus qu’incertain. « Si Emmanuel Macron veut parler aux électeurs et électrices de Jean-Luc Mélenchon, il me semble que ce serait plus malin, logique, de sa part de s’engager clairement sur un référendum », conclut Manuel Bompard, qui « se méfie des grandes phrases d’Emmanuel Macron », auxquelles « plus grand monde ne croit dans ce pays », et lui demande « d’être concret », sur le sujet des retraites, notamment.