La maire socialiste de Lille Martine Aubry a fustigé jeudi des "réformes qui cassent le pacte social", estimant que les manifestants savent que la réforme des retraites voulue par le gouvernement "ne sera pas une réforme de justice".
"C'est pas l'outil technique qui est important. C'est qu’est-ce qu'on veut: est-ce qu'on veut encore faire des économies sur le dos des gens, est-ce qu'on veut garder voire accroître les inégalités ou est-ce qu'on veut une réforme de justice?", a déclaré à la presse Mme Aubry, candidate à sa succession et présente parmi les milliers de manifestants dans les rues de Lille.
"Le vrai sujet, c'est la justice dans le système de retraite. Le système par points, par la façon dont l'utilise le gouvernement, on ne sait pas qui va calculer la valeur du point, on ne sait pas quel sera le point lui-même. (Le gouvernement) est en train de casser cela", a ajouté l'emblématique numéro deux (1997-2000) du gouvernement de gauche plurielle dirigé par Lionel Jospin.
Selon l'ancienne ministre du Travail, "tous ceux qui sont là craignent l'entourloupe, mais ils savent déjà que cette réforme ne sera pas une réforme de justice".
"Tout ce qu'on nous dit est contesté le lendemain et rien n'est sûr dans ce qui pourrait être positif. En revanche, dans ce qui est négatif, là, on le voit bien", a-t-elle encore jugé. "Aujourd’hui, on a peur des réformes qui cassent le pacte social".
"Il y a un gouvernement, il y a un président de la République, c'est à eux de prendre leurs responsabilités. Ils mettent la France dans la rue au moment où les gens sont inquiets", a ajouté celle qui est maire de Lille depuis 2001. Et de s’interroger: "jusqu’où va-t-on aller pour casser, finalement, tout ce qui a fait le lien entre les Français ?"
Plusieurs milliers de personnes (13.000, selon la préfecture du Nord) se sont élancées à 14h00 dans les rues lilloises. Des heurts ont éclaté entre les pompiers et les forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"J'espère que ces manifestations vont être amples, mais surtout qu'elles vont être calmes, parce qu'il faut que le gouvernement ne joue pas ensuite des violences pour qu'un certain nombre de Français aient peur", a dit Mme Aubry.