Le bras de fer est en train de virer à la guerre de tranchées. L’échec des discussions entre la Première ministre, Élisabeth Borne, et l’intersyndicale mobilisée contre la réforme des retraites, ce mercredi matin, ne laisse guère envisager de sortie de crise, un peu plus de deux semaines après l’adoption du projet de loi sur le report de l’âge légal de départ à la retraite, à l’origine d’une vive contestation sociale. « La situation est toujours aussi bloquée, socialement, politiquement, institutionnellement », constate au micro de Public Sénat Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste au Sénat. « Nous attendons un geste du gouvernement ou du président pour débloquer la situation. Si vous avez des idées, dites-nous ! On transmettra à Matignon », ironise l’élu des Hauts-de-Seine.
Le sénateur acte la « fin de non-recevoir » de la cheffe du gouvernement aux syndicats. Mercredi, les représentants de l’intersyndicale ont quitté Matignon une heure après leur arrivée, refusant de participer à toute consultation sur les réformes à venir tant que le gouvernement ne renonce pas au texte sur les retraites. Hervé Marseille a lui-même été reçu la semaine dernière par la cheffe du gouvernement. « Nous avons dit qu’il manquait un angle social à la politique du gouvernement : sur le logement, la dépendance et le partage de la valeur », rapporte-t-il. « La Première ministre a annoncé un texte sur le partage de la valeur et une loi travail. Mais si l’on veut pouvoir parler travail, il faut les syndicats », relève-t-il.
« Il va y avoir un problème d’agenda »
L’exécutif espère présenter avant le début de l’été un projet de loi « plein-emploi », qui devrait comporter différentes mesures sur l’emploi des seniors, la transformation de Pôle emploi en « France Travail » et la mise en place d’un système de « droits et devoirs » autour du RSA. « Il va y avoir un problème d’agenda. Le Conseil constitutionnel délibère le 14 avril [sur la réforme des retraites, ndlr], on nous annonce cette loi travail courant mai. Et le travail parlementaire s’arrête au Sénat à la mi-juillet. Il faudra donc que ce projet de loi commence par été examiné par le Séant, sinon il n’y aura pas de réponse avant le mois d’octobre », observe Hervé Marseille.
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Ce mercredi, Laurent Berger, le patron de la CFDT, a estimé en quittant Matignon que le pays était en train de traverser « une grave crise démocratique ». « En partie, oui », acquiesce Hervé Marseille. « Tout cela tourne autour de la représentation des Françaises et des Français. Une partie de ceux qui descendent dans la rue estiment les représenter, mais il n’y a pas 46 millions d’électeurs qui manifestent. Pour autant, il faut reprendre le dialogue avec les syndicats, le patronat et les forces politiques », estime l’élu pour qui la balle, désormais, se trouve dans le camp de l’Elysée. « La Première ministre a reçu les forces politiques. Il faut peut-être que le président, à son tour, les reçoive. »