Retraites : Olivier Dussopt dit « merci aux sénateurs de la droite et du centre », après le vote sur le report de l’âge à 64 ans

Retraites : Olivier Dussopt dit « merci aux sénateurs de la droite et du centre », après le vote sur le report de l’âge à 64 ans

« On a été très patients pendant 5 jours et 5 nuits », réagit le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, « très heureux » du vote sur le report de l’âge à 64 ans. « C’est une étape de franchie, une étape importante », a salué le ministre Olivier Dussopt. « LR a finalement servi la soupe au Président Macron. Dont acte. Au moins, les masques sont tombés », dénonce Patrick Kanner, président du groupe socialiste.
François Vignal

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Les débats furent parfois chaotiques, tendus, mais après deux nuits et un après-midi d’examen, les sénateurs ont adopté l’article 7 de la réforme des retraites qui reporte de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite. Une première victoire pour le gouvernement, comme pour la majorité sénatoriale de la droite et du centre, qui soutient la réforme.

« Je suis très heureux, ce soir, qu’il y ait très largement une majorité pour voter l’article 7 qui permettra de sauver le régime de retraite par répartition », a réagi quelques minutes après le vote Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat, au micro de Public Sénat. Face aux centaines d’amendements déposés par la gauche, « on s’est battu, car la gauche a multiplié les manœuvres dilatoires, les manœuvres d’obstruction », dénonce le sénateur LR de Vendée. « La gauche avait souhaité que l’article 7 ne soit pas voté avant la mobilisation du 7 mars. On a été très patients pendant 5 jours et 5 nuits. On a écouté patiemment. Mais le contrat n’a pas été honoré, […] car on s’est aperçu qu’il ne voulait ne rien voter du tout », avance le patron des sénateurs LR.

Bruno Retailleau « ne doute pas qu’on trouvera un compromis » lors de la commission mixte paritaire

Alors que la gauche dénonce l’entente cordiale sur ce texte entre l’exécutif et la droite, Bruno Retailleau balaie d’un revers de main l’accusation : « Je m’en fiche. La réforme est née ici. On la vote depuis quatre ans. Ma boussole, ce n’est pas Madame Borne, ce sont les Français. Je veux qu’on sache qu’en 2030, quand la réforme s’appliquera, la France sera le seul pays d’Europe où on partira à 64 ans ». Regardez :

Si l’ensemble du texte n’est pas encore adopté – il reste encore 13 articles – la commission mixte paritaire, où 7 députés et 7 sénateurs tenteront de trouver un texte commun le 15 mars, est déjà dans les esprits. Et la droite sénatoriale semble disposée à faire sortir la fumée blanche. « Il faudra trouver un compromis. Je ne doute pas qu’on trouve un compromis », s’avance le président du groupe LR.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, ne cache pas pour sa part être « satisfait », après le vote du Sénat. « C’est une étape de franchie, une étape importante avec un article majeur. Car c’est l’article qui relève l’âge de départ, progressivement, en tenant compte de la pénibilité et des carrières longues », a-t-il réagi, « il permet de garantir l’équilibre du système et le financement de nouvelles mesures ». « Je crois que nous sommes allés au fond » du sujet, continue le ministre, qui souligne « la grande différence » avec l’Assemblée, « où seuls les deux premiers articles ont été examinés ». Sans en faire trop, il n’oublie pas de « dire merci à tous les sénateurs qui ont participé au débat, et qui ont soutenu cette réforme, de la droite et du centre, du RDSE, des Indépendants, de la majorité présidentielle et de la majorité sénatoriale » (voir la première vidéo).

« La grande coalition de droite autour d’Emmanuel Macron est en train de se constituer », selon Patrick Kanner

A gauche, comme ces derniers jours dans l’hémicycle, on dénonce avec force les rapprochements entre la majorité présidentielle et la droite. « La grande coalition de droite, LR/libérale, autour d’Emmanuel Macron, est en train de se constituer. LR ici a finalement servi la soupe au Président Macron. Dont acte. A moins, les masques sont tombés », lance le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner. Il ajoute :

Le grand intérêt de l’article 7, c’est de voir qu’il y a eu une collusion manifeste, une coalition de fait. Peut-être que Bruno Retailleau sera nommé premier ministre dans les jours à venir.

Si « la droite a gagné une victoire, ce n’est pas encore la guerre. C’est une bataille. Nous sommes toujours en train de lutter », assure le sénateur PS du Nord, « même si on nous oppose des éléments de règlement qui nous empêchent de parler autant que nous le voudrions ». Car pour Patrick Kanner, « il y aura un avant et un après article 7 de cette loi scélérate ». « C’est la première fois que la majorité sénatoriale, autour de Monsieur Brut.. Retailleau. J’allais dire Brutailleau. On a été plutôt brutalisé », lance l’ancien ministre des Sports, qui se console au moins sur un point : « On s’est bien battu ». Regardez :

« On va se battre d’arrache-pied jusqu’à dimanche minuit » assure Guillaume Gontard

« L’obstruction systématique, des amendements quasi ridicules sur des dates, des heures, ce n’est pas la tradition du Sénat », rétorque le centriste Olivier Henno, qui y voit, comme Bruno Retailleau, « une mélenchonisation des esprits ». Pour le sénateur UDI du Nord, « la démocratie représentative, ce n’est pas d’être toujours de l’avis de la rue. Autrement, c’est la démocratie participative et c’est même une forme d’anarchie, à mes yeux ».

Si la bataille de l’article 7 est perdue au Sénat, la gauche entend mener le combat jusqu’à la fin de l’examen, prévue dimanche 12 mars. « On va se battre d’arrache-pied sur l’ensemble des articles qui vont venir jusqu’à dimanche minuit », assure Guillaume Gontard, président du groupe écologiste. Car pour lui, « c’est une terrible régression sociale. Deux ans de plus dans la vie des gens, ce n’est pas rien. Pointant aussi une « corédaction de l’article 7 par la majorité sénatoriale et le gouvernement », le communiste Pascal Savoldelli, sénateur du Val-de-Marne, dénonce le fait qu’« il n’y ait aucun effort demandé au capital, aux dividendes. L’argent ne va qu’à l’argent ». « Cette réforme ne passera pas », croit toujours Guillaume Gontard, « on se battra jusqu’au bout et on va gagner ».

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