Retraites : oui, les débats d’une commission mixte paritaire sont publics, mais pas en direct
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a refusé la demande des députés de gauche d’une retransmission en direct des travaux de la commission mixte paritaire sur la réforme des retraites. Quelle est la règle ?

Retraites : oui, les débats d’une commission mixte paritaire sont publics, mais pas en direct

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a refusé la demande des députés de gauche d’une retransmission en direct des travaux de la commission mixte paritaire sur la réforme des retraites. Quelle est la règle ?
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est en commission mixte paritaire (CMP) que devrait se dessiner un compromis entre les deux chambres sur le projet de réforme des retraites. Pour mémoire, une commission mixte paritaire qui rassemble quatorze parlementaires, sept pour chacune des deux chambres est une étape clé du processus législatif. Elle intervient dans le cas où le Sénat et l’Assemblée nationale ne votent pas un texte dans les mêmes termes (voir notre article).

Mercredi 15 février, la commission mixte paritaire se tiendra à l’Assemblée nationale et au vu de l’équilibre politique des membres qui la composent (10 parlementaires favorables à la réforme, 4 y sont opposés), elle devrait être conclusive (voir notre article).

Précisons à ce stade que les commissions mixtes paritaires se déroulent alternativement à l’Assemblée nationale et au Sénat. La CMP sur le projet de loi retraites se tiendra au Palais Bourbon, c’est donc le règlement de l’Assemblée nationale qui s’applique.

Quelle est la règle à l’Assemblée nationale ?

Le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud a officiellement demandé à la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet une retransmission vidéo des négociations entre députés et sénateurs, « au nom de l’exigence de clarté, de sincérité et de transparence des débats parlementaires » ? Il a demandé à la conférence des présidents de l’Assemblée de décider de la publicité des travaux de la CMP mercredi.

Yaël Braun-Pivet a refusé la demande des élus de gauche en rappelant que « la publicité des travaux de la commission est assurée seulement par un compte rendu écrit qui fait état des travaux et des votes de la commission, ainsi que des interventions prononcées devant elle, à l’exclusion de tout autre procédé ». Elle fait ici référence à l’article 112 alinéa 3 du règlement de l’Assemblée. Le compte rendu des échanges de la CMP est publié sur le site de l’Assemblée plusieurs heures voire quelques jours de décalage. Là est l’imbroglio, si les travaux de la CMP sont publics, ils ne sont pas retransmis en direct.

Et si l’ensemble des travaux des commissions permanentes de l’Assemblée peuvent être retransmis en direct, cette règle ne s’applique pas aux commissions mixtes paritaires comme le précise l’article 112 du règlement. Si la retransmission en direct d’une commission mixte paritaire n’est pas précisément interdite par le règlement, elle n’est en tout cas pas prévue.

Malgré le rappel de cette règle par la présidente de l’Assemblée nationale, le député, LFI Hadrien Clouet, membre suppléant de cette CMP, a indiqué sur Twitter qu’il allait se charger « du compte rendu écrit ». « RDV demain sur nos réseaux », a-t-il promis. Même intention du côté de députés socialistes : « Nous réfléchissons sérieusement à rendre publics les échanges en commission mixte paritaire », a indiqué Arthur Delaporte. La présidente du groupe La France insoumise, Mathilde Panot, membre de la CMP, a elle aussi menacé, lundi soir sur notre antenne, de faire « fuiter » les échanges.

Comme le rappelle le constitutionnaliste, Jean-Philippe Derosier, « les commissions mixtes paritaires sont des comités de conciliation. Quand on négocie, il est préférable de ne pas être exposé à la pression populaire ».

Quelle est la règle au Sénat ?

L’article 70 du règlement du Sénat indique que « les conclusions des travaux des commissions mixtes paritaires font l’objet de rapports publiés dans chacune des deux assemblées et communiqués officiellement, par les soins de leurs Présidents, au Premier ministre ». A la différence de l’Assemblée nationale, les travaux législatifs des commissions ne sont par principe pas publics. Mais ils peuvent faire l’objet d’une publicité à la demande du président de la commission saisie au fond. Là encore, rien n’interdit dans le règlement à la Conférence des présidents de choisir une retransmission en direct des travaux d’une commission mixte paritaire. Mais ce cas de figure n’est pas prévu dans le règlement.

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le