La réforme des retraites ne doit pas comporter "immédiatement" de volet budgétaire, tel un allongement du temps de travail, a déclaré jeudi soir le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, au premier soir d'une mouvement social massif.
"Il ne faut pas être bêtement budgétaire, pas tout de suite", a déclaré M. Darmanin sur France 2.
Au moins 800.000 personnes sont descendues dans la rue au cours de la journée et des secteurs entiers d'activité ont tourné au ralenti dans le cadre d'une mobilisation massive contre le projet de réforme des retraites, sur lequel l'exécutif réfléchit à d'ultimes arbitrages avant de le détailler d'ici quelques jours.
L'une des grandes incertitudes concerne la mise en place, à côté de la réforme structurelle, de mesures budgétaires destinées à résorber le déficit à venir du système, estimé à une dizaine de milliards d'euros en 2025.
Parmi les options possibles, l'exécutif ne veut ni augmenter les cotisations, ni baisser les pensions, ni relever l'âge légal de départ. Reste un allongement de la durée de cotisation, mais la CFDT, principal syndicat à ne pas s'opposer frontalement à la réforme, y est opposée.
"Notre proposition, c'est pas de baisser les pensions, c'est pas d'augmenter les cotisations, mais c'est de travailler plus longtemps puisqu'on vit plus longtemps", a confirmé M. Darmanin.
Mais "est-ce qu'on est pressé au point qu'il faut le faire (...) dès l'année prochaine ?", s'est interrogé le ministre. "Il ne faut pas casser la réforme sociale que nous voulons porter (...) en faisant effectivement une réforme budgétaire immédiatement."
"C'est une discussion qu'il faut avoir ensemble", a conclu M. Darmanin, renvoyant aux annonces que doit faire le Premier ministre, Edouard Philippe, la semaine prochaine.
Jusqu'à maintenant, l'entourage du Premier ministre a toutefois plutôt défendu la mise en place d'un volet budgétaire, estimant qu'il fallait s'attaquer au déficit en même temps qu'au système de retraites dans son ensemble.
Un report à 2021 des mesures d'économies, notamment, "n'est pas arbitré" à ce stade, assurait-on jeudi soir autour de M. Philippe.